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11/02/2013
«Neeme Järvi conducts Wagner. Overtures and Preludes»
Richard Wagner : Die Feen: Ouverture [2] – Columbus: Ouverture [3] – Das Liebesverbot: Ouverture [2] – Rienzi, der Letzte der Tribunen: Ouverture [4] – Eine Faust-Ouvertüre [3] – Der fliegende Holländer: Ouverture [4] – Lohengrin: Prélude de l’acte III [1] – Tristan und Isolde: Prélude de l’acte I [2] – Die Meistersinger von Nürnberg: Prélude de l’acte I [3]

Royal Scottish National Orchestra, Neeme Järvi (direction)
Enregistré au Royal Concert Hall, Glasgow (18 et 19 août 2009 [1], 16 et 17 février 2010 [2], 17-19 août 2010 [3], 21 et 22 mars 2011 [4]) – 80’00
SACD hybride Chandos CHSA 5126 – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Comme ceux d’Armin Jordan (1935-2006) ou d’Evgueni Svetlanov (1928-2002), les derniers enregistrements de Neeme Järvi (né en 1937) – qui ose Kurt Atterberg comme Joachim Raff – épatent par leur mélange de liberté et de rigueur, d’audace et d’évidence.


Après avoir salué l’excellence d’un disque paru l’an dernier (consacré notamment à la Symphonie en ut et à la Symphonie en mi), ce nouvel album Wagner par Neeme Järvi et le National d’Ecosse confirme quel chef généreux et gourmand est le vieux lion estonien, tellement pressé de diriger Wagner qu’il lui imprime des tempos ultrarapides. Pas étonnant, du coup, que le généreux programme de ce disque tienne en 80 minutes tout juste (... l’éditeur ayant dû rogner sur les transitions entre les plages, qui, du coup, s’enchaînent trop vite les unes aux autres). On déchante aussi en découvrant dans la notice que ce florilège d’œuvres rares – probablement destiné à occuper une case dans le calendrier de l’année du bicentenaire de la naissance de Richard Wagner (1813-1883) – est un repiquage de disques précédents diffusés par Chandos. Seul l’extrait du Vaisseau fantôme n’avait jamais été publié.


On retrouve ainsi l’extrait de Rienzi (1840) dont ConcertoNet louait l’absence de pesanteur et de vulgarité, baigné d’une joie qui inonde également l’Ouverture des Fées (1834). Si l’on aurait trouvé plus cohérent de donner le Prélude du premier acte de Lohengrin (1848) plutôt que celui du troisième et si l’extrait du Vaisseau fantôme (1841) vient comme un cheveu sur la soupe, le Tristan (1865) défrise par son tempo supersonique (6 minutes et 43 secondes – un record?) qui lui donne une souplesse inédite. Souplesse qui ne compense toutefois pas la brièveté de l’émotion qui s’en dégage. Plus convaincante dans le Prélude des Maîtres Chanteurs de Nuremberg (1868), cette approche pressée (moins de 9 minutes) rehausse la lisibilité et la précision des lignes musicales. Elle empêche néanmoins de s’attacher au cœur mélodique d’une partition entraînée dans un tourbillon de notes peut-être trop exposé aux vents.


Mais si l’on tient d’abord et avant tout à recommander ce disque, c’est en raison de l’Ouverture de La Défense d’aimer (1836)... dont il est difficile de ne pas tomber amoureux. Au-delà du paradoxe lexical de cette déclaration d’amour platonique se love une baguette passionnée qui fait frissonner le thème de cet opéra de jeunesse – un frisson qui manquait tant à la récente version Weigle. Partout les cuivres se couvrent de gloire. Et les cordes répondent comme un seul homme à la direction de Neeme Järvi... qui ne parvient quand même pas à animer l’Ouverture de «Faust» (1840) – presque informe par sa longueur (malgré la révision de 1855) et la succession désordonnée des épisodes, truffée de temps morts –, ni à donner beaucoup d’épaisseur au matériau fort pauvre du Christophe Colomb (1835) – malgré l’exemplarité tonitruante de la battue. Une réédition certes, mais plus rafraîchissante que bien des nouveautés...


Le site de Neeme Järvi


Gilles d’Heyres

 

 

 

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