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08/09/2013
Ludwig van Beethoven : Sonate pour violon et piano n° 2 en la majeur, opus 12 n°2
Johannes Brahms : Sonate pour violon et piano n° 2 en ré mineur, opus 108
Claude Debussy : Sonate n° 3 pour violon et piano en sol mineur
Albert Roussel : Sonate pour violon et piano n° 2 en la majeur, opus 28
Maurice Ravel : Sonate pour violon et piano n° 2 en sol majeur
Darius Milhaud : Sonate pour violon et piano n° 2, opus 40
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, opus 35 (*)

Devy Erlih (violon), Jacques Février (piano), Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire de Paris, Georges Tzipine (direction)
Lieu d’enregistrement non précisé (respectivement les 5 janvier 1962, 16 février 1960, 13 juillet 1961, 16 février 1961, 21 février 1961, 27 avril 1962 et 27 juin 1955) – 139’05
Double album INA, collection «Mémoire Vive» IMV091 – Notice en français et en anglais de Christian Merlin





La maigre discographie de Devy Erlih (1928-2012) est inversement proportionnelle à l’estime dont il jouissait auprès de ses confrères et des mélomanes sa vie durant, d’où l’intérêt de cette récente parution dans la collection «Mémoire Vive». En éditant ces enregistrements radiophoniques, l’INA rend hommage non seulement à ce grand artiste, tragiquement disparu l’an dernier, mais au duo qu’il formait avec son aîné Jacques Février (1900-1979). Le programme souligne la profonde entente qui existait entre ces deux artistes, interprètes non seulement du répertoire classique mais aussi d’œuvres de leur siècle. Erlih en particulier était un audacieux défenseur de compositions alors actuelles, (de Jolivet, Martinů, Milhaud, Scelsi ou Maderna, entre autres), comme le rappelle Christian Merlin qui dresse dans la notice un portrait très vivant de ce violoniste au parcours atypique, un rien insoumis, qui «a toujours su faire passer le message humain avant l’abstraction des formes».


L’enregistrement des six sonates destinées à la radiodiffusion a été effectué à six occasions différentes entre 1960 et 1962. Malgré une restitution qui est par conséquent de qualité inégale mais toujours d’une acoustique un peu courte, l’agilité digitale et la constance expressive des deux interprètes prédominent, la prestation d’Erlih d’une intériorité pénétrante et chaleureuse, celle de Février d’une poésie fluide. Ces qualités sont tout à l’avantage de la Deuxième Sonate (1796-1798) de Beethoven, la plus desservie par la relative sècheresse sonore. Apparent dès leur interprétation sans affectation de la magnifique Troisième Sonate (1888) de Brahms – le violon d’une respiration ample et épanouie, dans le deuxième mouvement en particulier, et incandescent dans le quatrième – le fin équilibre entre les deux instruments atteint des sommets dans la Sonate (1917) de Debussy, leur musicalité ailée et absolue partant d’un même libre élan virtuose. Malgré une mise en place parfois délicate lors des passages plus animés de la Seconde Sonate (1924) de Roussel, le duo convainc, Février sensible aux rythmes fantasques sur lesquels se pose la ligne du violon, urgente, expressive, qu’Erlih assume avec ferveur et grâce. La même grâce illumine la Deuxième Sonate (1917) de Milhaud, les rythmes toujours marqués à bon escient.


On peut penser que la Seconde Sonate (1923-1927) de Ravel permet à la complicité du duo de s’épanouir pleinement tant leur interprétation intrépide et pourtant rigoureuse semble couler de source. On n’oublie pas que Jacques Février grandit dans le proche entourage du compositeur et, premier interprète français du Concerto pour la main gauche, en connaissait sans doute intimement les intentions stylistiques: lyriques, rythmiques ou caractérisées. Le tempérament et l’esprit libre d’Erlih s’adaptent à toutes les humeurs de la partition, marquées par la clarté tendre et lyrique du premier mouvement, l’allure spontanée, quasi-improvisée du «Blues» et le caractère délicatement endiablé du «Perpetuum mobile». Le piano percussif et syncopé à souhait, le violon passant d’effets de banjo à un délicieux portamento dans un même essor, rarement ont sonné de manière si naturelle les accents jazziques du «Blues».


L’INA propose un «bonus» étonnant. Peu importe la perfection ou l'imperfection de la prise de son, la captation du Concerto de Tchaïkovski lors de la finale du Concours Long-Thibaud 1955 reste un précieux document. Devy Erlih emporta le premier grand prix cette année-là. Au-delà d'un certain manque de relief et d’un son orchestral un peu mat, un peu court, à l'auditeur d’entendre les grandes qualités d'une interprétation finement expressive (dont la belle musicalité a moins souffert de la prise de son), qui enflamma l'orchestre et convainquit un jury qui comptait parmi ses membres Francescatti, Oïstrakh et Szeryng. La cadence en particulier est d’un envol finement et intensément gracieux, atteignant des harmoniques exquis.


Les mélomanes convaincus passeront au-dessus des imperfections de la qualité sonore et ne manqueront pas de profiter de l’occasion offerte de télécharger sans frais sur Qobuz la version numérisée de l’unique Concerto de Sibelius et des deux de Prokofiev interprétés par Devy Erlih avec le même orchestre, respectivement sous la direction de Pierre-Michel Le Conte, Pierre Dervaux et Jean Martinon.


Christine Labroche

 

 

 

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