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08/06/2013
«Ballets russes»
Serge Prokofiev : Roméo et Juliette, opus 75
Maurice Ravel : Daphnis et Chloé: «Pantomime» et «Danse générale» (transcription Rabinovich)
Igor Stravinski : Trois mouvements de Pétrouchka

Roman Rabinovich (piano)
Enregistré à Drew University, Madison, New Jersey (16-18 avril 2012) – 61’53
Orchid Classics ORCH 100028 – Notice de présentation en français et en anglais





«Les Ballets russes»
Serge Prokofiev : Roméo et Juliette, opus 75
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Casse-Noisette, opus 71 (transcription Mikhaïl Pletnev)
Igor Stravinski : L’Oiseau de feu: «Danse infernale du roi Katscheï», «Berceuse» et «Final» (transcription Guido Agosti)

Elena Rozanova (piano)
Enregistré à la salle Colonne, Paris (date d’enregistrement non précisée) – 67’23
Continuo Classics CC 777.701 – Notice de présentation en français, anglais et japonais





«L’Esprit des Ballets russes»
Serge Prokofiev : Roméo et Juliette, opus 75: «Scène. Danse matinale», «La jeune Juliette», «Montaigus et Capulets (Danse des chevaliers)», «Frère Laurent», «Mercutio» et «Roméo et Juliette juste avant la séparation»Cendrillon, opus 102: «Valse. Cendrillon et le Prince», «Variation de Cendrillon» et «Amoroso»
Igor Stravinski : Trois mouvements de Pétrouchka
Nikolaï Rimski-Korsakov : Shéhérazade, opus 35: «La mer et le vaisseau de Sindbad» et «Le jeune prince et la jeune princesse» (transcription pour piano à quatre mains du compositeur, adaptation à deux mains Guilhon-Herbert)

Philippe Guilhon-Herbert (piano)
Enregistré au Temple Saint-Marcel, Paris (23 et 24 janvier 2012) – 73’08
Artalinna ALT-A002 – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Igor Stravinski : L’Oiseau de feu – Le Chant du Rossignol (transcription Jardon)
Lydia Jardon (piano)
Enregistré à La Batterie, Guyancourt (5, 6, 8 et 9 mars 2012) – 63’17
AR RE-SE 2012-1 – Notice de présentation en français et en anglais





Quatre pianistes entretiennent le feu des «Ballets russes», en livrant des adaptations pour piano de partitions de Stravinski bien sûr, mais également de Prokofiev, Tchaïkovski et même Rimski-Korsakov.


Roman Rabinovich (né en1985 en Ouzbékistan) est le seul à y associer un ballet français, offrant sa propre transcription de la fin de Daphnis et Chloé (Ravel) – un bel essai dont on peut écouter ici la «Danse générale». Habile et légère, l’exécution ne convainc pourtant qu’à moitié, butant sur trop de coups d’arrêt pour se mesurer à la grisante et vénéneuse fluidité de la partition originale. Est-ce la faute aux moyens du jeune pianiste israélien, qui n’égalent ainsi pas (pas encore?) ceux des interprètes les plus virtuoses des Trois mouvements de Pétrouchka? Rabinovich en propose une version enjouée mais bien heurtée et trop timide pour Stravinski. Quant à Roméo et Juliette (Prokofiev), on y relève de l’engagement, des dynamiques fières, une certaine fraîcheur aussi (dans un remarquablement espiègle «Jeu de masques» notamment). Mais l’interprète ne parvient pas véritablement à laisser d’empreinte sur l’œuvre ni à dessiner suffisamment d’arrière-plans.


La pianiste d’origine ukrainienne Elena Rozanova (née en 1969) n’imprime pas non plus sa marque sur Roméo et Juliette: un Prokofiev sensible et maîtrisé, mais une interprétation passe-partout qui ne réussit à intéresser que lorsque «Roméo dit adieu à Juliette»... c’est-à-dire trop tard. Ce sont à peu près les mêmes traits de caractère qui s’expriment dans le Casse-Noisette (Tchaïkovski) transcrit par Pletnev – un piano plein de finesse et de charme, léger comme l’air... et sitôt oublié? On aurait pu le craindre et ne porter à cette version qu’un attachement fugace... n’étaient la grâce splendide de l’«Intermezzo» et un «Grand pas de deux» passionné et toujours tenu, qui vaut à lui seul le détour. On regrette, du coup, qu’Elena Rozanova nous donne si peu à entendre de L’Oiseau de feu (Stravinski), retenant la douzaine de minutes transcrites par Guido Agosti – et non pas la version originale mise sur touches par le compositeur. L’ardeur de l’exécution emporte toutefois le respect, sinon l’adhésion. Mais l’on attendait plus d’audace et d’investissement de la part d’une pianiste qu’on avait apprécié en duo (avec Svetlin Roussev) davantage qu’en solo (dans Rachmaninov).


Philippe Guilhon-Herbert (né en 1973) intéresse de prime abord par son choix de mettre en valeur le modernisme des Trois mouvements de Pétrouchka, grâce à un toucher plus acéré que celui de Roman Rabinovich. Déjà en concert, on relevait «une approche analytique, riche en détails, d’une froideur plus géométrique que descriptive, comme un témoignage du cubisme en musique». On déplore vite, néanmoins, la raideur des lignes, trop d’agressivité parfois et beaucoup de chutes de tension. Surtout, pourquoi n’avoir complété le disque que par une sélection de trois des six pièces extraites de Cendrillon et de six des dix du Roméo et Juliette de Prokofiev? D’autant que le jeu – subtil mais trop en retrait – ne brosse qu’un portrait vague des personnages des deux ballets, les plongeant dans l’ennui, n’aidant pas à s’attacher à cette interprétation plutôt timide et molle. De même, s’agissant de la Shéhérazade de Rimski-Korsakov, Philippe Guilhon-Herbert n’a adapté à deux mains que deux extraits de la transcription pour piano à quatre mains du compositeur («La mer et le vaisseau de Sindbad» et «Le jeune prince et la jeune princesse»), qu’il sucre d’ailleurs à l’excès. Et le toucher ne s’y arrondit que trop rarement. Un résultat frustrant...


On goûte donc d’autant plus son plaisir à voir la pianiste française Lydia Jardon s’attaquer à aux transcriptions intégrales de L’Oiseau de feu et du Chant du Rossignol (Stravinski). Du premier, la pianiste propose, en réalité, davantage que la réduction pour le piano opérée par le compositeur dès 1910, ayant retravaillé le texte à partir de sa pratique d’exécutante comme de l’adaptation réalisée en 1973 par Soulima, le fils du compositeur (mais pas de celle d’Agosti utilisée par Elena Rozanova). Jouant ces trois quarts d’heure de musique sur un clinquant Shigeru de Kawai et avec des moyens qui ne sont pas ceux d’un Richter, Lydia Jardon peine toutefois à donner vie à ce qui n’est au départ qu’une partition destinée à faire répéter les danseurs – et qui ne saurait approcher la version pour grand orchestre. Le résultat n’en réserve pas moins quelques beaux moments, d’autant que «la réduction contient [...] des indications expressives qui n’apparaissent pas sur la partition d’orchestre: Passionato, Con tenerezza, Timidamente, Lamentoso, etc., qui la rattachent plus explicitement à la tradition postromantique, et précisément au pianisme postromantique» (comme le relève Nicolas Southon dans la notice). La pianiste grave, par ailleurs, ce qui semble être la première mondiale de la transcription du poème symphonique Le Chant du Rossignol, composé par le compositeur à partir de l’opéra Le Rossignol: vingt minutes d’envoûtement stravinskien qui font le véritable prix de cet album.


Le site de Roman Rabinovich
Le site d’Elena Rozanova
Le site de Philippe Guilhon-Herbert
Le site de Lydia Jardon


Gilles d’Heyres

 

 

 

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