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08/06/2013
Santa Caterina da Bologna: I Dodici Giardini: «J’ai pris Amours» – «Prologo» – «Anima Peregrina» – I Giardino: «Madre che festi», «Verbum caro» – II Giardino: «Misericordia dulcissimo Dio» – III Giardino: «Benedicamus Domino», «Deh dime se’l te piace» – IV Giardino: «L’Amor a mi venendo» – V Giardino: «Con desiderio vo cercando», «J’ai pris Amours» – VI Giardino: «O Yesu dolce» – VII Giardino: «O diletto Ihesu Christo» – VIII Giardino: «Anima benedecta» – IX Giardino: «Piangiti christiani» – X Giardino: «J’ai pris Amours» – XI Giardino: «Ciaschaduna amante» – XII Giardino: «Dulcedine di amorosa vite», «Et gloria ejus»

Ensembles La Reverdie et Adiastema
Enregistré au Couvent de Santa Maria del Bigorio, Suisse (29 septembre-1er octobre 2010) – 70’34
Arcana A 367 (distribué par Outhere) – Notice multilingue (italien, anglais, français et allemand) de Livia Caffagni et traduction des textes chantés





Sélectionné par la rédaction


Voilà un album exigeant! Exigeant d’ailleurs tant de la part des interprètes (qui ont déjà consacré plusieurs disques à cette époque, aussi bien à Hildegard von Bingen qu’à Guillaume Du Fay) que de l’auditeur...


Le point de départ et le mérite de cette aventure aussi bien musicale que spirituelle reviennent à Livia Caffagni qui, à la suite d’une thèse consacrée à la Musique dans l’expérience spirituelle de sainte Caterina da Bologna, a approfondi ses recherches et décidé, avec les deux ensembles La Reverdie et Adiastema, d’interpréter plusieurs «Laudes» (forme de prière vocale) qui trouvent chacun une correspondance littéraire parmi les poèmes qui figurent dans le recueil I Dodici Giardini, une des grandes œuvres de Sainte Catherine (1413-1463). Autant dire que l’on a ici à faire à un total défrichement de ce répertoire jamais interprété jusqu’alors! Autre mérite, et non des moindres de ce disque, la polyvalence de ses interprètes puisque chaque musicienne de l’ensemble La Reverdie joue de plusieurs instruments (psaltérion, flûte, vièle...) et même, pour quatre d’entre elles, chante magnifiquement. La notice de chacun des morceaux interprété nous détaille ainsi la composition de l’ensemble pour l’occasion, le «IX Giardino» étant ainsi chanté par Elisabetta de Mircovich, accompagnée par Claudia Caffagni au luth et Livia Caffagni à la vièle tandis que, autre exemple, le «XII Giardino» est récité (et non chanté) par Livia Caffagni, accompagnée par l’orgue portatif tenu par Cristina Calzolari.


Le premier air, un des trois «J’ai pris Amours» (celui-ci est d’un certain Johannes Martini, les deux autres étant respectivement de Jacob Obrecht et de Heinrich Isaac), nous donne immédiatement à entendre la superbe voix d’Elisabetta de Mircovich, d’une grande pureté, distillant à la fois mélancolie et sérénité, accompagnée par une harpe, une vièle et un luth. La voix de Cristina Calzolari est tout aussi belle dans «Anima Peregrina», mais, là, c’est surtout l’accompagnement instrumental qui mérite l’écoute, alliant cordes pincées et cordes frottées dans un délicieux mélange.


La musique témoigne d’une incroyable diversité dont l’époque pourrait, a priori, nous faire néanmoins douter. Ainsi, certaines sonorités orientales dans le «Benedicamus Domino» se doublent d’un sens aigu de l’improvisation, Livia Caffagni précisant à cet effet dans l’excellente notice d’accompagnement que les partitions de l’époque sont perdues et que le matériau musical a du être reconstitué vaille que vaille en prenant exemple sur des manuscrits franciscains ou bénédictins du XVe siècle heureusement préservés. On écoute également avec plaisir ce «J’ai pris Amours» d’Obrecht, morceau purement instrumental où la flûte soliste précède l’orgue au milieu d’un accompagnement de cordes pincées faisant naître un climat aux sonorités extrême-orientales. Dans le «O diletto Ihesu Christo» (tiré du «VII Giardino»), l’humeur est tout autre: c’est le plaisir, c’est la réjouissance, c’est la fête, comme l’illustre idéalement ce tambourin dansant, qui conclura ensuite le morceau «Ciaschaduna amante».


Côté voix, on est pareillement frappé par la diversité des atmosphères, un chœur a capella («Misericordia dulcissimo Dio» et, surtout, le magnifique «O Yesu dolce») distillant tout naturellement un climat beaucoup plus extatique que le chant entraînant d’Elisabetta de Mircovich dans le morceau «Deh dime se’l te piace» ou dans le tout aussi festif «O diletto Ihesu Christo».


Que l’auditeur ne se laisse donc pas impressionner ni par l’aridité de ce répertoire, ni par la peur du minimalisme qu’illustre pourtant le détail de cette peinture de Fra Angelico, sur la couverture du disque! Il s’agit là, bien au contraire, d’une très belle invitation à découvrir un répertoire très largement inconnu et qui ne demande, lorsqu’on a le talent de cette équipe, qu’à être davantage mis au goût du jour.


Le site de l’ensemble La Reverdie
Le site de l’ensemble Adiastema


Sébastien Gauthier

 

 

 

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