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05/08/2013
«Complete piano works 4»
Mieczyslaw Weinberg : Sonates n° 3, opus 31 [1], n° 5, opus 58 [2], et n° 6, opus 73 [3] – Deux Fugues pour Ludmila Berlinskaïa [4]

Allison Brewster Franzetti (piano)
Enregistré au Gene and Shelley Enlow Recital Hall, Kean University, Union, New Jersey (23-25 novembre 2009 [3, 4] et 25-26 juin 2010 [1, 2]) – 64’36
Grand Piano GP611 – Notice de présentation en anglais et allemand


Sélectionné par la rédaction





La remarquable série consacrée à l’édition intégrale de la musique pour piano de Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) par Allison Brewster Franzetti touche à sa fin avec ce disque qui réunit trois Sonates parmi les plus obsédantes et qui donne tout son sens à l’entreprise du label Grand Piano. On s’était enthousiasmé du premier volume – contenant notamment les sculpturales deux premières Sonates dans une exécution de référence. On avait été profondément troublé par l’angoisse sourde de la Partita illuminant le deuxième volume. Et avec le troisième volume, on avait été durablement marqué par l’étonnante vitrine de personnages liés à l’enfance – dans les Carnets de notes pour enfants comme dans les Vingt-et-une Pièces faciles. Ce quatrième volume vient confirmer la richesse et l’importance du legs pianistique de Weinberg.


Il s’ouvre par une interprétation concentrée et impassible de la Troisième Sonate (1946), respirant le drame de l’histoire (fantomatique Allegro tranquillo) et la désespérance de l’homme (l’Adagio – «one of Weinberg’s most stoical musical laments, combining as it does something of the tortuous chromaticism of the second movement of Shostakovich’s Second Piano Sonata with the variation form of that same work’s finale», pour reprendre les termes de David Fanning). Une œuvre qui semble mener jusqu’aux bords de la folie – au fil de la fugue à trois voix du Moderato con moto – et qui fut composée en sept jours seulement!


La Cinquième Sonate (1956), la plus longue des compositions pour le piano de Weinberg – après la Quatrième élaborée l’année d’avant –, est également l’une des plus marquantes. La passacaille initiale ne voile aucunement la densité du premier mouvement – Allegro au calme imperturbable mais faussement tranquille. L’Andante semble se faire le reflet d’un cadavre flottant, ses remous légers apparaissant comme des bulles à la surface de l’eau – dissimulant la noyade –, alors que l’Allegretto avance lestement de ses rythmes subtils, s’achevant dans un déconcertant accord parfait.


Bien qu’il s’agisse de leur tout premier enregistrement et qu’on apprécie le talent de sa dédicataire (alors encore étudiante), les Deux Fugues pour Ludmila Berlinskaïa (1983) présentent un intérêt moindre. Les deux mouvements de la Sixième Sonate (1960) fascinent, en revanche, par la multiplicité des transformations rythmiques et des obsessions thématiques (notamment dans l’Adagio).


Sur un superbe Fazioli de concert, Allison Brewster Franzetti – une spécialiste des partitions du XXe siècle – s’impose dans ce répertoire qu’elle magnifie par un investissement total comme par un toucher d’une franchise manifeste. La pianiste new-yorkaise trouve le ton juste entre objectivité et engagement, entre lisibilité et violence, entre opulence du son et acuité des contrastes. Son intégrale de la musique pour piano seul de Mieczyslaw Weinberg mérite à coup sûr une large diffusion et – on l’espère – une mise sous coffret. Car, en quatre disques d’un peu plus de quatre heures – intelligemment enrichis par les notices signées David Fanning, l’un des meilleurs connaisseurs de l’œuvre du compositeur –, on tient là l’occasion rare de chasser l’image d’un succédané de Chostakovitch (dont Weinberg fut l’ami) qui colle encore à la peau de cette musique brûlante dont Allison Brewster Franzetti offre aperçu de choix. Une sélection impérative au sein de la pléthorique production d’un artiste au destin tragique à l’image de son siècle – décédé dans le dénuement et l’indifférence, un jour d’hiver à Moscou.


Le site d’Allison Brewster Franzetti


Gilles d’Heyres

 

 

 

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