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03/22/2013
«B for Betsy»
Betsy Jolas : Quatre Duos – Pièce pour – Quoth the raven – Pièce pour Saint-Germain – Ruht wohl – Episode sixième – B for Sonata

Laurent Camatte (alto), Géraldine Dutroncy (piano)
Enregistré en l’espace Maurice Fleuret, Paris (15 au 18 avril 2012) – 66’50
Hortus 099 (distribué par Codaex) – Notice en français et en anglais de Gérard Condé





Sans doute en marge de la rupture prônée par certains compositeurs de sa génération, Betsy Jolas (née en 1926) participe à l’incandescente avant-garde tout en traçant une voie indépendante et innovatrice en plein épanouissement encore aujourd’hui. A l’occasion de son quatre-vingt-cinquième anniversaire, Laurent Camatte et Géraldine Dutroncy donnaient en 2011 un concert monographique en son hommage. Ils en reprennent le programme à l’identique pour cette récente parution chez Hortus qui comprend six œuvres composées entre 1974 et 1997 et une pièce toute récente qui leur est dédiée. Le récital révèle toute la force et la finesse poétique du style si personnel de la «femme-compositeur» française.


Deux pièces importantes des années 1970 viennent en début et en fin de récital. Les Quatre Duos de 1979 se présentent comme des pièces de caractère, leurs titres révélant l’intérêt que Jolas porte depuis toujours aux compositeurs de la Renaissance: «L’Ardente», «L’Interdite», «La Toute Vive», «La Grande Irénée», quatre évocations finement expressives, d’une qualité presque vocale, de quatre tempéraments complexes saisis au vif dans un empilement de traits et de cordes vibrants ou pointillistes. La compositrice abordait pour la première fois une pièce d’envergure pour son instrument quand en 1974 elle composait B for Sonata pour piano. D’un grand raffinement sonore, fluide ou affirmé, délicatement ou puissamment expressif, la Sonate est un festin de sonorités qui se déversent sous les doigts de Géraldine Dutroncy, manifestement sensible à cet univers poétique et fantasque. Le jeu sur la résonance et les instants percussifs révèlent une influence balinaise avouée. B for Bali...


Episode sixième pour alto seul la précède. D’une série de neuf Episodes pour instruments monodiques solo écrits entre 1964 et 1990, le Sixième (1984), commande destinée au concours Maurice Vieux, laisse chanter un alto élégant et virtuose. C’est un flux d’idées et de couleurs changeantes qui exige de l’interprète une grande souplesse et beaucoup d’agilité pour maîtriser le phrasé des extrêmes autant dans la nature des sentiments exprimés qu’en techniques de jeu avancées. Fidèle aux multiples indications de jeu, Laurent Camatte s’en acquitte avec beaucoup d’adresse. Pièce pour Saint-Germain et Pièce pour relèvent de commandes pour piano destinées respectivement au concours éponyme en 1981 et à l’examen final du CNSMDP en 1997. Le caractère capricieux de la première tire sa force et sa cohérence d’une architecture solide alors que la seconde tout aussi solidement bâti mais plus secrète, cache sous le motif sol-la-si (G-A-H) son destinataire réel et impose à l’interprète une certaine complicité et une expressivité tout sauf neutre. La prestation finement intelligente de Géraldine Dutroncy ne cesse de convaincre.


Deux brèves pages rassemblent de nouveau l’altiste et la pianiste. Les lancinants «Nevermore» du célèbre poème d’Edgar Allan Poe inspirent Quoth the raven (1993), l’alto (qui remplace avantageusement la clarinette d’origine) comme la touchante âme du poète, lyrique et désolée, alors que l’énergie contenue d’un piano intransigeant en souligne, tel le corbeau, l’irrémédiable de la condition humaine. Ruht wohl (2011) est une méditation sur le chœur final de la Passion selon saint Jean de Bach, qui file les commentaires plus vifs d’un piano ferme mais lumineusement expressif en prolongation des longues lignes douloureuses d’un alto lyrique. De nouveau, la composition, microtonale (alto) et aventureuse, cèle sa complexité sous une beauté limpide.


Petite fille, Betsy Jolas rêvait d’égaler Mozart. Curieusement, les mots qu’elle applique à Mozart décrivent tout aussi bien ses propres compositions si différentes, admirables: «pour ce flot d’idées aussi généreusement offertes, [...] aussitôt posées à leur juste place et articulées entre elles au sein d’un système parfaitement cohérent». Le récital en rend bien compte et, lui étant entièrement consacré, offre une occasion unique de se pénétrer de ses idées musicales si fermement structurées et si richement déployées.


Le site de Betsy Jolas
Le site de Laurent Camatte
La page de Géraldine Dutroncy sur le site du CNSMDP


Christine Labroche

 

 

 

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