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03/15/2013
Johannes Brahms : Symphonie n° 4, opus 98
Felix Mendelssohn : Symphonie n° 4 «Italienne», opus 90 (*)

BBC Symphony Orchestra, Royal Philharmonic Orchestra (*), Adrian Boult (direction)
Enregistré en public à Londres (29 juillet 1972 [*] et 8 août 1975) – 64’13
ICA Classics ICAC 5093





Johannes Brahms : Symphonie n° 1, opus 68
Bohuslav Martinů : Symphonie n° 4, H. 305 (*)

Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, Klaus Tennstedt (direction)
Enregistré en studio à Stuttgart (26 avril 1973 [*]) et en public à Göppingen (24 septembre 1976) – 76’54
ICA Classics ICAC 5090





Johannes Brahms : Les quatre Symphonies
Chamber Orchestra of Europe, Paavo Berglund (direction)
Enregistré en public à Baden-Baden (11-14 mai 2000) – 162’03
Coffret de trois disques Ondine ODE 1229-2T





Deux mois après une confrontation autour des Symphonies de Brahms (voir ici), l’actualité discographique de ces dernières semaines offre déjà l’occasion d’une nouvelle comparaison, cette fois-ci autour de témoignages saisis en public de trois chefs disparus.


Adrian Boult (1889-1983) a réalisé deux intégrales avec le Philharmonique de Londres au milieu des années 1950 (Naxos) puis au début des années 1970 (EMI), la seconde partagée avec le Symphonique, mais ICA Classics le présente avec le Symphonique de la BBC, un quart de siècle après que l’âge légal de la retraite (!) l’ait contraint, en 1950, à renoncer à la direction musicale de cette formation, fonction qu’il assumait depuis sa création, vingt ans plus tôt. Après une Première de 1976 et une Troisième de 1977, voici une Quatrième (1885) captée durant les Proms de 1975: la bande, de mauvaise qualité, souffre en outre d’une prise de son lointaine et réverbérée ainsi que d’un mauvais équilibre entre pupitres. Alors âgé de 86 ans, le chef anglais s’inscrit dans la grande tradition germanique, ce qui n’a pas lieu d’étonner de la part de celui qui au début du siècle dernier à Leipzig, comme le rappelle la notice (en anglais, français et allemand), étudia avec Reger au conservatoire et admira Nikisch au Gewandhaus. Souveraine, d’un goût irréprochable au risque de manquer de saveur, la direction cultive volontiers la grandeur, dans une conception qui, à force d’orthodoxie et de politesse british, paraît aujourd’hui quelque peu statique et académique. Dans le même esprit, l’Italienne (1833) de Mendelssohn, donnée trois ans plus tôt, toujours aux Proms, mais restituée dans de meilleures conditions sonores et bénéficiant d’un Royal Philharmonic en meilleure forme, délivre le même message confortable et rassurant, refusant tout grain de folie romantique et manquant un peu d’aspérités et d’élan, sinon d’énergie.


Toujours grâce à ICA Classics (et également en première publication au disque, hormis au Japon), aux trois versions existantes de Klaus Tennstedt (1926-1998) dans la Première (1876) – toutes trois avec son Philharmonique de Londres, en studio (EMI, 1983) ou en concert (BBC Legends, 1990, et London Philharmonic, 1992) – vient désormais s’ajouter un témoignage bien antérieur (1976), avec l’Orchestre radio-symphonique de la SWR de Stuttgart. Comme on pouvait s’y attendre, le chef allemand, qui venait de quitter l’Allemagne de l’Est pour s’établir à Kiel, s’y montre plus subjectif et engagé que Boult, même si la conception d’ensemble, assez différente, moins fouillée, nettement plus rapide (moins de 44 minutes) et globalement plus convaincante que l’ultime interprétation de 1992, ne frappe pas autant par son originalité. Elle souffre cependant d’une prise de son lointaine et d’un orchestre médiocre, à l’image d’un hautbois solo souvent en sérieuses difficultés. Trois ans et demi plus tôt, cette fois-ci en studio, la Quatrième Symphonie (1945) de Martinů est assez inattendue au vu de la discographie tant du chef que de l’orchestre, qui retrouve ici de bien plus belles couleurs. Si elle est devenue depuis lors la mieux servie au disque avec la Sixième, il n’en existait alors que l’enregistrement – toujours de référence – de Turnovský (1965, Supraphon réédité chez Apex). Tennstedt ne s’impose pas moins par une superbe qualité de détail, de transparence et de mise en place, un puissant dynamisme, parfois presque furieux, un sens de la couleur et une recherche incessante de l’expression – pas seulement dans le poignant Largo. Une Quatrième aussi magnifique que personnelle, qui peut rivaliser avec les grandes versions de l’œuvre – outre Turnovský, Belohlávek I (Chandos) et Weller II (Fuga libera).


Renommé pour sa familiarité avec l’univers de Sibelius, Paavo Berglund (1929-2012) avait choisi en 1997 l’Orchestre de chambre d’Europe pour sa troisième intégrale des Symphonies de son compatriote. En mai 2000, il a renoué cette collaboration, cette fois-ci dans Brahms, à l’occasion d’une tournée dans plusieurs pays européens. Douze ans après sa première parution, Ondine réédite le témoignage des concerts donnés à Baden-Baden. De passage quelques jours plus tôt à la Cité de la musique, le chef finlandais et ses musiciens avaient fait une forte impression qu’on peine cependant à retrouver dans ce coffret. La formation instrumentale revendique dans son nom même ses dimensions restreintes: trente-huit cordes, c’est peu et, à tout le moins, inhabituel dans ce répertoire, mais, bien entendu, l’option est dûment justifiée par la notice (en anglais seulement) – «il est prouvé qu’à l’époque de Brahms, la taille de l’orchestre n’était pas encore fixée et, de fait, son propre orchestre à Meiningen a interprété sa Quatrième Symphonie avec un effectif quasi identique à celui du présent enregistrement». Cependant, si le résultat n’est pas convaincant, ce n’est pas en raison de cette particularité: ce Brahms light, dépourvu d’ampleur et de profondeur, déroute certes quelque peu, mais cette transparence offre ici ou là des aperçus nouveaux sur les partitions. Cela étant, elle ne suffit pas à donner des ailes à ces interprétations techniquement méticuleuses: peu d’attendrissement, un enthousiasme ne s’imposant que rarement – il faut par exemple attendre la coda de l’Allegro con spirito de la Deuxième (1877). Tout au long de ces trois disques, Berglund déçoit par une probité esthétique confinant au prosaïsme et, malgré quelques fougueux sursauts, par une redoutable tendance à s’assoupir, particulièrement dans la Troisième (1883).


Simon Corley

 

 

 

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