About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

01/15/2013
Johannes Brahms : Symphonie n° 1, opus 68

Wiener Symphoniker, Sergiu Celibidache (direction)
Enregistré en public à Vienne (30 octobre 1952) – 46’01
Wiener Symphoniker WS 002





Johannes Brahms : Symphonies n° 1, opus 68, et n° 3, opus 90
London Philharmonic Orchestra, Klaus Tennstedt (direction)
Enregistré en public à Londres (7 avril 1983 [Troisième] et 14 octobre 1992 [Première]) – 84’30
Album de deux disques London Philharmonic Orchestra LPO-0068





Johannes Brahms : Symphonies n° 2, opus 73, et n° 3, opus 90
Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern, Stanislaw Skrowaczewski (direction)
Enregistré à Sarrebruck (10-13 [Troisième] et 17-19 [Deuxième] mars 2011) – 85’58
Album de deux disques OEHMS CLASSICS OC 409





L’actualité discographique de ces dernières semaines offre l’occasion de confronter dans plusieurs symphonies trois chefs qui ne sont pas particulièrement réputés comme d’éminents brahmsiens mais dont le fort tempérament est néanmoins prometteur dans ce répertoire.


L’Orchestre symphonique de Vienne, à la suite de bon nombre de ses homologues, se fait son propre éditeur. Après s’être lancé avec une Première de Mahler sous la baguette de Fabio Luisi, Chefdirigent depuis 2005 (et jusqu’en 2014, où il sera remplacé par Philippe Jordan), il montre d’emblée qu’il s’attachera également à mettre en valeur ses archives, puisque le deuxième album consiste en un enregistrement public remontant à plus de soixante ans, au demeurant d’excellente qualité sonore (et précédemment paru en édition pirate). En 1952, le directeur musical n’était autre que Karajan, mais c’est ici Sergiu Celibidache (1912-1996) qu’on retrouve, deux ans avant son départ de Berlin, où il partageait depuis 1946 la direction des Philharmoniker avec Furtwängler. Même si l’on relève ici ou là quelques lenteurs surprenantes, le style du chef roumain n’a rien à voir avec celui des témoignages plus tardifs (et diversement appréciés) de son art – ainsi, pour cette Première Symphonie, à la Radio de Stuttgart en 1976 (Deutsche Grammophon) et, plus encore, avec le Philharmonique de Munich en 1987 (EMI) – mais, fort logiquement, se rapproche de l’intégrale Brahms de la fin des années 1950 à Milan. A la tête d’une formation de bonne tenue malgré quelques imprécisions, c’est donc un Celibidache parfois d’une étonnante tendresse, plus intuitif et sensible que l’image de statue de commandeur métaphysique qu’il a ensuite voulu imposer, mais déjà caractéristique par le souffle qu’il parvient à conférer à certains passages.


Après ce grand brucknérien, un grand mahlérien, connu et apprécié lui aussi, quoique pour d’autres raisons, pour ses interprétations en concert, Klaus Tennstedt (1926-1998). Et c’est de nouveau ici une «production maison», puisque c’est le Philharmonique de Londres lui-même qui est l’éditeur de ces deux témoignages de sa longue relation avec le chef allemand, principal guest conductor (1980-1983) puis, succédant à Solti, principal conductor (1983-1987) et, lorsqu’il dut réduire ses activités en raison de ses problèmes cardiaques, honoré du titre de laureate conductor. Après un enregistrement en studio (EMI, 1983) et une publication de concert (BBC Legends, 1990), voici sa troisième version (1992) de la Première avec la phalange fondée par Beecham. Très subjectif comme à son habitude, Tennstedt fait étrangement alterner un Brahms titanesque, intimidant et sanguin, dans la descendance de Furtwängler, avec des phases de langueur et d’exténuation, dans une prise de son un peu déséquilibrée, grossissant certains détails... et certains défauts, notamment dans la précision des attaques. Moins intéressante mais d’une qualité sonore plus satisfaisante, bien qu’antérieure de plus de neuf ans (1983), la Troisième traduit davantage de recherche – en particulier la mise en valeur des voix secondaires, il est vrai si importantes dans chez Brahms – que d’affinités avec cet univers. En fin de compte, la relative neutralité de l’approche, qui réserve toutefois quelques beaux moments expressifs, ne peut que surprendre de la part d’une personnalité qui a laissé le souvenir d’un engagement total dans la musique.


Alors que le projet de fusion des deux orchestres de la SWR (Baden-Baden et Fribourg, d’une part, Stuttgart, d’autre part) soulève une légitime indignation à laquelle il est possible de s’associer en se joignant à une pétition dont les premiers signataires sont Jansons, Argerich, Quasthoff, les sœurs Labèque, Pahud, Lachenmann et Saariaho, deux formations radiophoniques allemandes, certes moins prestigieuses (l’Orchestre radio-symphonique de Sarrebruck et celui de la Radio de Kaiserslautern), ont été regroupées dès 2007 pour donner naissance à la «Philharmonie allemande de la Radio de Sarrebruck et Kaiserslautern», dont le Chefdirigent est actuellement Karel Mark Chichon. Mais c’est avec Stanislaw Skrowaczewski (né en 1923) – l’un de ceux qui font que contrairement à ce qu’on peut parfois lire ici ou là, Georges Prêtre n’est pas le «plus vieux chef en activité» – que l’orchestre a entrepris, après avoir mené à bien une intégrale Schumann, une intégrale Brahms, dont la Première est déjà parue. Premier chef invité à Sarrebruck depuis 1994, le Polonais a par ailleurs réalisé avec cet orchestre (et également chez Oehms) des intégrales remarquées des Symphonies de Beethoven et de Bruckner (cette dernière originellement chez Arte Nova). A la tête d’une formation de bonne facture dont les qualités individuelles ressortent cependant d’autant moins que la prise de son est un peu trop globalisante, Skrowaczewski, impeccablement méthodique, ne dévie pas de son chemin, offrant un travail très abouti, soignant la mise en place et ne cherchant pas à épater la galerie. Mais si la conception reste traditionnelle, la Deuxième n’en surprend pas moins par son caractère séraphique, son raffinement sans affectation et sa beauté calmement rayonnante. Si cette Deuxième mérite bien ainsi d’être considérée comme la «Pastorale» de Brahms, la Troisième, en revanche, d’une cohérence et d’une maîtrise tout aussi impeccables, n’est pas ici l’«Héroïque» que certains commentateurs ont pu y entendre non sans pertinence: nulle démesure mais, frôlant parfois l’asthénie, la tranquille assurance d’un travail artisanal et sincère, profondément respectueux des partitions.


Le site de l’Orchestre symphonique de Vienne
Le site de l’Orchestre philharmonique de Londres
Le site de Stanislaw Skrowaczewski
Le site de la Philharmonie allemande de la Radio de Sarrebruck et Kaiserslautern


Simon Corley

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com