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11/15/2012
Franz Schubert : Symphonies n° 1, D. 82, n° 2, D. 125, n° 3, D. 200, n° 4, D. 417, n° 5, D. 485, n° 6, D. 589, n° 8 «Inachevée», D. 759, et n° 9, D. 944
Anima Eterna Brugge, Jos van Immerseel (direction)
Enregistré à Bruxelles (29 et 30 septembre [Huitième], 1er et 2 octobre [Sixième] 1996) et à Tilburg (1er et 2 [Quatrième], 3 [Troisième], 4 [Cinquième] décembre 1996, 22 et 23 [Première], 25 à 27 [Neuvième], 29 et 30 [Deuxième] janvier 1997) – 252’54
Coffret de quatre disques Zig-Zag Territoires ZZT308 (distribué par Outhere)






Franz Schubert : Symphonies n° 6, D. 589, et n° 8 «Inachevée», D. 759
deFilharmonie, Philippe Herreweghe (direction)
Enregistré à Anvers (octobre 2011) – 56’26
PentaTone classics PTC 5186 446 (distribué par Codaex)


Sélectionné par la rédaction





Franz Schubert : Symphonies n° 1, D. 82, n° 2, D. 125, n° 3, D. 200, n° 4, D. 417, n° 5, D. 485, n° 6, D. 589, n° 8 «Inachevée», D. 759, et n° 9, D. 944
Les Musiciens du Louvre Grenoble, Marc Minkowski (direction)
Enregistré en public à Vienne (2, 3 et 5 mars 2012) – 247’27 (+ DVD bonus 57’04)
Coffret de quatre disques naïve V 5299 (+ un DVD bonus V 5318)





La parution d’une nouvelle intégrale des Symphonies de Schubert coïncide avec la réédition d’une autre et la deuxième étape d’un cycle qui semble lui aussi emprunter la voie d’une intégrale: l’occasion de confronter, dans ce répertoire, sinon les papes (Gardiner, Harnoncourt, Norrington, ...) du moins trois archevêques de l’interprétation «historiquement informée». Précisons d’emblée que par «intégrale», contrairement à d’autres, comme Marriner (Philips), il faut entendre huit symphonies, et pas dix ou même neuf: il ne sera en effet pas question ici d’orchestration de la Septième – du coup, chez l’un, la Huitième «Inachevée» prend ce numéro, tandis que la Neuvième, la «grande» ut majeur, rétrograde d’une unité, et, chez l’autre, ces deux ne sont pas numérotées – ni de reconstitution de la Dixième, ni d’achèvement de... l’Inachevée, ni de mouvements isolés destinés à des projets inaboutis, ni de fragments symphoniques divers abandonnés par le compositeur en cours d’écriture.


Autrefois publiée chez Sony, l’intégrale réalisée voici un peu plus de quinze ans par Jos van Immerseel à la tête de son orchestre Anima Eterna de Bruges ressort chez Zig-Zag Territoires. Elle avait en son temps fait forte impression et, fort heureusement, n’a pas pris une ride. Comme pour les Symphonies de Beethoven parues voici cinq ans chez le même éditeur, le chef et pianiste belge signe une notice très développée (en français, anglais et néerlandais) qui, plutôt que de décrire les œuvres, explique et justifie ses choix: éditions, diapason (440), instrumentarium, effectif, disposition des musiciens, tempi, phrasé, dynamiques et lieux d’enregistrement, rien n’est laissé au hasard. De fait, l’interprétation est fouillée et le retour aux sources du texte est nettement perceptible – le Scherzo de la Neuvième est même allongé de quelques mesures.


Dans son souci de remettre à l’honneur la «machine d’accompagnement» schubertienne et la «puissance rythmique primitive» de cette musique, van Immerseel en deviendrait presque motorique, mais l’énergie primesautière des six premières symphonies, traversées par des éclats turbulents, voire violents, lui convient parfaitement, en particulier dans les Première, Deuxième et Sixième, à un degré un peu moindre dans les Troisième et Quatrième. Point de précipitation pour autant, hormis dans une Cinquième dont les mouvements centraux paraissent un peu bousculés, et, si les frictions sont volontiers soulignées, ce n’est pas avec cette sécheresse ou cette raideur qu’on est trop souvent amené à déplorer dans les versions «sur instruments anciens»: il y a de l’esprit et du charme viennois, de l’imagination et de la saveur, de la puissance et de la variété, de telle sorte que le respect de la totalité des reprises, qui pourrait se révéler redoutable, ne suscite jamais l’ennui.


Dans l’univers si différent des deux dernières symphonies, l’Inachevée, allégée en pathos, est très intelligemment conduite et la Neuvième n’a ici pas grand-chose de prébrucknérien, avec l’Andante initial (à la brève) et le second thème du premier mouvement qui surprendront par leur allure vive; mais le propos, nullement aberrant, est tout à fait cohérent, même si le parti pris semble achopper quelque peu devant l’ampleur du défi posé par Schubert. C’est notamment le cas du manque de volume des cordes, leur petit nombre, délibérément limité à une petite trentaine, étant justifié par le fait qu’au-delà, «le son n’est pas plus fort, mais moins précis, moins engagé, moins coloré, moins captivant». Cela étant, malgré une prise de son un peu trop globalisante et lointaine, les vents et timbales offrent de superbes couleurs et l’ensemble se montre d’une homogénéité sans faille.


Philippe Herreweghe, après une intégrale Beethoven parue chez PentaTone classics, semble se lancer – chez le même éditeur et toujours avec la Philharmonie royale de Flandre (deFilharmonie), dont il est le hoofddirigent (chef principal) depuis 2002 (après en avoir été le chef-dirigent durant quatre saisons) – dans une entreprise semblable avec Schubert, puisqu’une Neuvième est déjà sortie l’an dernier. Il y aurait tout lieu de s’en réjouir, car cet enregistrement sur instruments «modernes», à l’image de la rencontre entre Harnoncourt et le Concertgebouw dans ce même répertoire voici vingt ans, constitue une réussite indiscutable dans la Sixième (la «petite» ut majeur), depuis la prise de son – superbement équilibrée et aérée – jusqu’à l’orchestre – homogène et aérien, bois en avant – en passant bien sûr par la direction du chef flamand, en état de grâce, idéalement souple et fluide, vivante, radieuse et pétillante mais sans vaine surexcitation, fraîche, délicate et tendre mais sans mièvrerie déplacée. Dans l’Inachevée, qui aurait pu tourner à la lutte du pot de terre contre le pot de fer des références accumulées depuis les tout débuts de l’histoire du disque, cette version résiste beaucoup plus qu’honorablement. Sans sécheresse mais avec mesure, le chef flamand ne cultive ni l’exceptionnel ni le romantisme débridé dans l’Allegro moderato, où la douleur reste digne, avant un Andante vraiment con moto mais sans précipitation, respirant avec naturel. S’il continuant à remonter vers les symphonies de jeunesse dans la même veine, voilà une intégrale qui s’imposera comme une référence.


Immerseel et Herreweghe sont venus à Schubert respectivement avant et après Beethoven, mais Marc Minkowski a quant à lui décidé de se lancer dans un parcours schubertien après son enregistrement des douze Londoniennes de Haydn (Naïve). Chez le même éditeur et de nouveau avec Les Musiciens du Louvre Grenoble, en public au Konzerthaus de Vienne, on retrouve le piment (et la glorieuse incertitude) des instruments «anciens» mais aussi une direction très affirmative. Accentuée et anguleuse, robuste et sanguine, sèche et hargneuse, nerveuse et raide aussi, se situant dans la descendance de Haydn et Beethoven, l’interprétation racle, ahane, saisit la matière à pleines mains – même la prise de son paraît râpeuse. Plein d’énergie et de vigueur, riche d’idées mais aussi de choix parfois surprenants, jusqu’à l’exagération, le chef français refuse tout parti pris minimaliste et intégriste: l’ensemble des reprises ne sont pas respectées, le tempo n’est pas systématiquement rapide, au risque de manquer d’élan – premiers mouvements de la Quatrième ou d’une Inachevée étrangement endormie – et, dans la Neuvième, les vents sont renforcés (bois par trois, quatre cors). Minkowski n’hésite pas à faire sonner ses troupes, ainsi qu’il le revendique dans la notice (en français et en anglais) de Christian Wasselin («obtenir ce son d’orgue qui déterminera ensuite l’orchestre de Bruckner»), mais il a beau se démener, ce dont un DVD bonus (réalisé par Jean-Pierre Loisil) témoigne amplement, cette Neuvième ne parvient pas toujours à décoller.


Le site d’Anima Eterna Bruges
Le site de la Philharmonie royale de Flandre
Le site des Musiciens du Louvre Grenoble


Simon Corley

 

 

 

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