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11/03/2012
«Pop Up»
François Sarhan : L’Nfer [1] – Orloff [2] (extraits)

Ictus [1], CRWth [2], François Sarhan (voix, violoncelle, électronique, direction)
Enregistré en public à Lille [1] et à Orléans [2] (dates non précisées) – 77’00
Sismal Records SR 007 (distribué par Distrart Musique)





«Pop up», ce sont ces livres pour enfants qui se déplient quand on les ouvre (dits aussi «livres animés» ou «livres à systèmes»), mais il faut sans doute également comprendre dans le titre de ce disque une allusion au pop art ainsi qu’à la musique pop. On retrouve un peu tout cela, et bien d’autres choses encore, dans les extraits de deux œuvres réunis ici, comme l’explicite la notice (en français et en anglais): «partir d’un témoignage, d’un document non musical, sur lequel la musique va projeter ses couleurs et imprimer un sens nouveau», le réel, le trivial, considérés comme matière première d’une expérience esthétique, récupérés et transformés pour devenir un objet artistique.


Compositeur, auteur, interprète, encyclopédiste – fantaisiste, sous le nom de professeur Glaçon – et «metteur en scène occasionnel», François Sarhan (né en 1972) est armé pour entreprendre et mener à bien de telles aventures. La trame de L’Nfer (2006), commande de l’Arsenal de Metz, est le récit, improvisé par l’auteur devant une caméra vidéo, de son voyage Nîmes-Londres en avion, suivi d’une rencontre fortuite avec le photographe Martin Parr puis de la vision de la gare de King’s Cross, son prédicateur enfiévré et ses photos des personnes disparues lors des attentats de juillet 2005, survenus deux jours plus tôt.


Sous-titrée «Un point de détail», la partition, entièrement écrite malgré son apparence parfois improvisée, requiert sept musiciens (l’ensemble belge Ictus), dont l’improbable strohviol (violon à pavillon), un piano préparé, un synthétiseur ainsi que deux guitares électriques, complétés par l’électronique, le tout scientifiquement mixé par Jean-Luc Plouvier. La musique se cale avec humour sur le rythme et les intonations de la voix, jusque dans ses hésitations, répétitions, retours en arrière, mais ménage aussi de longs interludes purement instrumentaux («aires de repos») et récupère avec appétit toutes sortes de substances sonores, notamment chantées ou parlées, mais aussi un passage entier crédité à Robert Wyatt.


Mixé par Mathieu Metzger et Jarek Frankowsi, Orloff (2007), commande de la Philharmonie d’Essen, fait référence aux films d’horreur des années 1960 écrits et réalisés par l’Espagnol Jesús Franco (né en 1930), lui-même pianiste et compositeur de formation. Des voix de séries Z, en anglais ou en français, reconstituent les dialogues et stéréotypes de ces productions et, avec la coloration seventies du piano électrique Fender Rhodes, les sept musiciens – membres du collectif CRWth fondé par Sarhan voici dix ans – accompagnent avec virtuosité les épisodes successifs («Drame», «Le Cabinet du docteur Orloff», «Glacé d’effroi», «Chansons d’amour», «Une page de publicité», «La Fin du docteur Orloff») de cette nouvelle illustration de l’aphorisme d’Arthur Cravan reproduit sur le support de l’album: «Les abrutis ne voient le beau que dans les belles choses.»


La première phrase d’Orloff peut être entendue comme une déclaration du compositeur, décrivant son «cabinet de curiosités [échappant] à toute organisation logique»: «J’ai presque réussi mon expérience». C’est ce qu’on est tenté de dire à la découverte de cet univers hors norme, qui tient de Kagel ou de Zappa, mais aussi du joyeux bazar de la Symphonie pour un homme seul de Schaeffer et Henry et de Laborintus 2 de Berio.


Le site de François Sarhan
Le site d’Ictus


Simon Corley

 

 

 

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