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06/01/2000 Igor Strawinsky : Symphonie des psaumes,
Symphonies d’instrument à vents, Symphonie en trois mouvements Choeur de la radio de Berlin, Orchestre Philharmonique de Berlin,
dir. Pierre Boulez
Deutsche Grammophon 457 612-2 En dehors des Symphonies d’instruments à vents, pour lesquelles il a une
affinité particulière, Pierre Boulez n’a guère dirigé les symphonies de
Strawinsky – ce qui rend le programme de ce disque tout aussi étonnant
qu’intéressant. Hommage à Debussy, Symphonies d’instruments à vents constitue
un chef d’œuvre aussi méconnu (ou peu joué) que Jeux dans le répertoire
du compositeur français. Mal reçue lors de sa création, la pièce fait sonner
les vents de manière inouïe. Jouant avec amour et engagement, le chef et les
vents de l’Orchestre Philharmonique de Berlin nous convainquent sans mal de la
beauté de ce… chef d’œuvre. L’interprétation de la Symphonie des psaumes
frappe par son absence de pathos et par son fondu chœur-orchestre, peut-être un
peu excessif : si chacun des pupitres de l’orchestre se distingue avec une
étonnante clarté, on aurait aimé qu’il en aille de même du texte chanté par le choeur,
ce que son traitement quasi-instrumental rend cependant difficile. Sans doute le
« Laudate dominum » aurait-il aussi pu être plus nerveux, plus
énergique, plus brillant. Boulez et le Philharmonique de Berlin proposent une vision
plus ronde et plus calme de l’oeuvre, qui, sans être l’une des plus
convaincantes, mérite assurément d’être connue. Le premier mouvement de la Symphonie
en trois mouvements fait irrésistiblement penser au Sacre du Printemps,
et Boulez, totalement à l’aise, prend un malin plaisir à souligner ses effets
rythmiques, sans jamais être brutal ou trivial. L’orchestre rend à merveille la
nonchalance humoristique du second mouvement, exemplaire de beauté
instrumentale. Joué à un tempo ample, avec un jeu orchestral plus épais que
celui auquel Boulez doit sa réputation de chef analytique, le troisième
mouvement nous rappelle à quel point la battue du chef a changé, sans rien
perdre de son efficacité. Stéphan Vincent-Lancrin
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