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06/14/2012
Anton Bruckner : Symphonie n° 1 en do mineur (version Linz de 1866)

Orchestre de la Suisse romande, Marek Janowski (direction)
Enregistré au Victoria Hall, Genève (juin 2011) – 47’08
SACD PentaTone Classics PTC 5186 447 – Notice (en anglais, allemand et français) de Franz Steiger





Anton Bruckner : Symphonie n° 1 en do mineur (version Linz de 1866)
Philharmoniker Hamburg, Simone Young (direction)
Enregistré en public à la Laeiszhalle, Hambourg en janvier 2010 – 49’08
SACD OEHMS Classics OC 633 – Notice (en allemand et en anglais) de Michael Lewin





Anton Bruckner : Symphonies n° 0 en ré mineur (version Nowak de 1869) et n° 1 en do mineur (version Linz de 1877)
Espoon Kaupunginorkesteri, Mario Venzago (direction)
Enregistré à Espoo (novembre 2010) – 88’32
Album de deux disques cpo 777 617-2 – Notice (en anglais, allemand et français)





Voici un triplé relativement rare puisque concernant la Première Symphonie (1865-1866) d’Anton Bruckner (1824-1896). Comme toujours chez Bruckner, la première question qui se pose est celle du choix de l’édition. Ainsi, les frères jumeaux Haas (1935) et Nowak (1953) se confrontent une fois encore même s’ils adoptent peu ou prou la même édition dite «de Linz», tout en devant compter avec la version viennoise revisitée de 1896, choisie au disque notamment par Riccardo Chailly et Günter Wand, deux brucknériens accomplis. En l’espèce, nous avons à faire à trois exemples de l’édition Nowak pour cette symphonie que Bruckner, répondant à une question de Hans Richter sur le caractère qu’il convenait de lui donner, avait lui-même qualifiée de kecke Beserl («petite effrontée»).


Ces trois parutions prennent place dans le cadre d’intégrales en cours: celle conduite avec constance par Marek Janowski et l’Orchestre de la Suisse romande chez PentaTone, qui compte déjà à son actif les Cinquième, Sixième, Septième, Huitième et Neuvième; celle de Simone Young à la tête de l’Orchestre philharmonique de Hambourg chez OEHMS, qui a précédemment enregistré les Deuxième, Troisième, Quatrième et Huitième (sans compter certains concerts où elle programme également le Maître de Saint-Florian, comme à Lyon en octobre dernier); enfin, celle entreprise chez cpo par Mario Venzago (avec un orchestre différent pour chaque volume), beaucoup moins avancée, puisque n’ont pour le moment été éditées que les Quatrième et Septième (en un seul volume), la Deuxième étant annoncée pour juillet prochain.


L’imprégnation de culture germanique et une fréquentation plus longue de ce répertoire permettent à Janowski de l’emporter sans conteste. Bénéficiant d’une superbe prise de son qui permet d’entendre très clairement chacun des pupitres (le basson, les violoncelles et la clarinette à 1’50), Janowski dirige cette symphonie avec une ampleur qui allège constamment le discours alors que d’aucuns n’hésitent pas à la traiter de façon quelque peu massive. La simplicité du phrasé est particulièrement appréciable dans le deuxième mouvement (quel hautbois solo!) avant que le chef n’entame le Scherzo de façon implacable: le résultat est splendide. Si le quatrième et dernier mouvement semble être le moins réussi, Janowski met en lumière les préfigurations de cette partition sur les plus accomplies (Cinquième et Huitième), notamment à partir de 5’10.


Simone Young bénéficie également d’un très bel orchestre et d’une prise de son flatteuse pour ce disque, reflet d’un concert donné à Hambourg en janvier 2010. Pris légèrement plus lentement que dans la version précédente, le premier mouvement est également très beau grâce à une petite harmonie et des cuivres de premier plan, les cordes allemandes étant moins séduisantes que leurs consœurs helvètes. La déception vient néanmoins de certains passages pris de façon extrêmement lourde (à 3’10 ou 4’45 par exemple) et d’une fin assez brouillonne. Le deuxième mouvement est le plus beau: Simone Young prend son temps (tout en étant pourtant globalement un peu plus rapide que Janowski) et laisse s’épanouir son orchestre avec une visible délectation. Le Scherzo est lui aussi très impressionnant (la fin!), bénéficiant de solistes de tout premier ordre (hautbois et cor) dans le Trio central. Young aborde ensuite le dernier mouvement avec un volontarisme qui force lui aussi l’admiration même si, la faute peut-être aux micros, certains forte s’avèrent assez criards, la fin étant là aussi abordée de manière trop emphatique: il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’une version tout à fait estimable.


Tel n’est en revanche pas le cas de celle dirigée par Mario Venzago (précédemment entendu en concert à la tête du Philharmonique de Radio France ou de l’Orchestre de Basse-Autriche), cette fois-ci avec le très modeste Sinfonietta de Tapiola, formation finnoise fondée en 1987. Adoptant des tempi très rapides, il expédie cette pauvre symphonie en lui conférant au surplus variations de volume étonnantes mais, surtout, fort laides. L’orchestre n’est évidemment pas de la trempe des deux précédents: nulle séduction dans les bois et des cordes au volume fort discret (on ne parle même pas des attaques des trompettes à 2’22), qui ne contribuent pas à donner au premier mouvement (Allegro) son caractère grandiose, la fin étant quant à elle totalement bâclée. Le reste de la symphonie est à l’avenant. Certes, quelques passages du deuxième mouvement sont beaux mais pourquoi chercher ici ce que l’on trouve bien mieux fait chez Janowski ou Young ? Seul le Scherzo sonne comme on aime à l’entendre chez Bruckner mais c’est bien tard... En complément de cette symphonie, le chef suisse livre une version honnête de la Symphonie en ré mineur (1864/1869), œuvre posthume parfois surnommée «Die Nullte» Même s’il n’atteint pas la perfection plastique de Barenboïm dans cette œuvre (avec Chicago dans un enregistrement paru chez Deutsche Grammophon) ni même la réussite qu’il avait eue dans son précédent enregistrement avec l’Orchestre d’Indianapolis, Mario Venzago conduit là une honnête version qui parvient à faire oublier l’absence de thème du premier mouvement et les maladresses du final dues, il est vrai, à un alors tout jeune Bruckner.


Le site de l’Orchestre de la Suisse romande
Le site de Simone Young
Le site de l’Orchestre philharmonique de Hambourg
Le site de Mario Venzago
Le site du Sinfonietta de Tapiola


Sébastien Gauthier

 

 

 

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