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06/04/2012 «Jimmy. James Rhodes. Live in Brighton»
Johann Sebastian Bach : Partita n° 2 pour violon seul, BWV 1004: «Ciaccona» (transcription Busoni)
Alessandro Marcello : Concerto pour hautbois en ré mineur: «Adagio» (arrangement Bach, BWV 974)
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 21, opus 53 «Waldstein»
Moritz Moszkowski : Etude, opus 72 n° 6
Serge Rachmaninov : Prélude, opus 3 n° 2
Frédéric Chopin : Concerto pour piano n° 1, opus 11: «Romanza» (transcription Balakirev)
Robert Schumann : Myrthen, opus 25: «Widmung» (transcription Liszt)
Edvard Grieg : Peer Gynt, opus 23: «I Dovregubbens hall» (transcription Ginzburg)
James Rhodes (piano)
Enregistré en concert à The Old Market Theatre, Brighton (8 et 9 décembre 2011) – 85’09
Double album Signum Classics SIGCD308 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en anglais
James Rhodes (né en 1975) est un pianiste pour le moins insolite. A la frontière du récital classique et du one man show musical, son dernier album comporte (au dos de la pochette) une mention qui intrigue au premier coup d’œil: «Caution – Explicit language». De quoi s’agit-il? D’un récital anticonformiste où, entre chaque morceau, l’interprète prend la parole pour livrer au public ses réflexions sur les œuvres, la musique en général et, en définitive, lui-même («I’ve often wished that more classical musicians would take the time to communicate to their audience during their concerts, and I hope you’ll indulge me for doing so»). C’est peu dire que le pianiste britannique – qui ne cache pas d’ailleurs ses troubles psychologiques (soulignons avec intérêt que le Schumann – «Widmung» – bénéficie d’une lecture limpide, résolue et assez efficace) – cherche à vulgariser la musique classique en offrant un concert dans un lieu et devant un public manifestement non coutumier de la chose. L’«explicit language» se résume à quelques mots vulgaires ou grossiers (en anglais non traduit)... mais rien de bien méchant. Les commentaires sont même drôles parfois – rarement très substantiels toutefois.
L’exécution musicale est, quant à elle, plus timide mais de bonne tenue. Même si la régularité des valeurs manque de rigueur, le toucher clair et particulièrement articulé de James Rhodes apporte de la lumière à Chopin comme à Moszkowski – et surtout à Bach, avec lequel l’interprète témoigne d’évidentes affinités émotionnelles (tant dans le limpide Adagio de Marcello – «a little musical Valium» – que dans la Chaconne – «the first piece I ever played to the guy who was to become my manager and take me from psychiatric patient with few social skills to psychiatric patient with few social skills and a record contract and concert diary»). Un peu trop de lumière, même, pour le Prélude en ut dièse mineur de Rachmaninov, qui manque par instants d’épaisseur. De même, James Rhodes découpe la Waldstein avec un excès de délicatesse et pas suffisamment de puissance, livrant un Beethoven lumineux mais flou, léger et du coup peu intense (un tempo trop fluctuant dans l’Allegro con brio et carrément déstructuré dans le Rondo). Tout cela correspond à une volonté manifeste de recréer la ligne mélodique – volonté parfois efficace, mais souvent excentrique. Bénéficiant d’une prise de son très réussie par sa présence, cet album est un singulier objet sonore.
Le site de James Rhodes
Gilles d’Heyres
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