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05/02/2012
Alfred Schnittke: Douze Psaumes de repentance – Voix de la nature
Alexander Youdenkov, Rüdiger Linn (ténors), Jochen Schorer (vibraphone), SWR Vokalensemble Stuttgart, Marcus Creed (direction)
Enregistré au SWR Funkstudio, Stuttgart (5-8 avril 2011) – 54’37
Hänssler Classic SWR Music SCM SACD 93-281 (distribué par Intégral) – Notice d’Annette Eckerle (en allemand et en anglais) – Texte intégral des psaumes en russe, anglais et allemand





Sélectionné par la rédaction


Ecrits pour célébrer le millénaire de la christianisation de la Russie, les Douze Psaumes de repentance (1987-1988) font partie des œuvres à la fois les plus intimes et les plus directement sacrées d’Alfred Schnittke (1934-1998). Le compositeur germano-russe considérait que seul un chœur russe parviendrait à rendre l’intensité extrême du profond sentiment religieux qui l’avait inspiré à la découverte fortuite d’un recueil datant du XVIe siècle de onze psaumes paraliturgiques, au langage fervent et poétique, auxquels il adjoignit un «douzième», une touche purement musicale, bocca chiusa. Un an après leur édition tardive en 1995, Tõnu Kaljuste en grava cependant une superbe version pour ECM à la tête du Chœur de la Radio suédoise, restée la référence même au-delà de la parution en 2008 chez Chandos du disque de Stefan Parkman et du Chœur national de la Radio danoise. Cette nouvelle interprétation de Marcus Creed et de l’Ensemble vocal de Stuttgart atteint la grande précision et la pureté de celle de Kaljuste – jamais tout à fait, dans les deux cas, l’élan, la houle et l’éthéré orthodoxes ou le basso profondo russe – tout en révélant à son tour la puissante beauté de l’œuvre.


Très expressive, chagrine, douloureuse, la musique traduit le sens profond des psaumes anciens, le douzième, sans paroles, plus lumineusement apaisé. Schnittke met le texte en valeur par une écriture homophone principalement dans le sens syllabique, car si, pour un instant, les huit pupitres se rejoignent, ou si l’un d’eux s’isole, ils sont le plus souvent divisés, se posant à l’occasion sur le bourdon des basses. Les lignes de chant s’écartent légèrement, se croisent ou se rejoignent sans cesse dans une verticalité chromatique aux fréquents frottements harmoniques qui crée à l’envi de fines couleurs subtilement nuancées et des timbres inouïs. Les motifs rythmiques et les fluctuantes lignes mélodiques restent proches de l’esprit du chant liturgique orthodoxe mais c’est un nouveau monde, un monde qui peut évoquer par éclairs un Ligeti, un Vivier ou en même temps, fugitivement, le Rachmaninov des Vêpres, mais qui reste d’un domaine spirituel éminemment personnel. L’Ensemble vocal de Stuttgart, les courtes interventions des deux ténors bien slaves, s’en acquitte avec beaucoup de raffinement, de maîtrise, de fine justesse et de sensibilité.


Voix de la nature, la brève pièce qui termine le programme, annonçait dès 1972 ce dédoublement multiple d’une épure, encore rare dans son œuvre, que Schnittke allait beaucoup plus tard retravailler avec force pour les Psaumes de repentance, alors que, si Minnesang(1980-1981) s’en approche, les pupitres des autres œuvres chorales a cappella restent plus distincts – on peut penser au célèbre Concerto pour chœur (1984-1985). Voix de la nature connaît un certain succès actuellement auprès des chœurs professionnels. C’est une partition très originale qui allie les sons cristallins d’un vibraphone discret à dix voix de femmes. L’interprétation du Vokalensemble en capte toute la transparence irisée et lumineuse, la construction en arche de la puissance sonore parfaitement respectée.


Marcus Creed est un chef de chœur d’une grande rigueur, sensible à la pureté et à la beauté du son. L’excellence de sa direction du RIAS Kammerchor se poursuit depuis 2003 auprès du Vokalensemble Stuttgart dont le répertoire révèle l’importance accordée au chant a cappella et à la musique contemporaine. Les deux œuvres de Schnittke leur conviennent donc tout à fait et ils fournissent ici l’occasion de les découvrir ou de les savourer de nouveau avec un plaisir pleinement musical.


La page de l’Ensemble vocal de Stuttgart sur le site de la SWR


Christine Labroche

 

 

 

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