About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

03/03/2012
Modeste Moussorgski : Tableaux d’une exposition
Nikolaï Medtner : Sonate n° 10 «Reminiscenza», opus 38 n° 1
Sergueï Taneïev : Prélude et fugue, opus 29

David Kadouch (piano)
Enregistré au Temple de l’Annonciation, Paris (25-28 octobre 2011) – 53’
Mirare MIR 170 (distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Surprenant David Kadouch (né en 1985), dans ce programme dont on pouvait craindre le parfum de routine (... encore les Tableaux de Moussorgski! ... du Medtner certes, mais encore et toujours la Réminiscence!) et qui exprime, au contraire, une vraie personnalité. Un programme dont Rodolphe Bruneau-Boulmier (particulièrement inspiré dans la notice de cet album Mirare) situe la cohérence parmi les contes et légendes russes: «un monde en ruine, érosion des vieux châteaux, catacombes dans lesquels on choit: Moussorgski sait qu’il faut reconstruire à partir de ce qu’il reste. De ces lambeaux, il érigera des cathédrales pour les générations suivantes. Taneïev, lui, utilise la splendeur du passé. [...] Plus fragile, Medtner dont la vie n’est que misère, est celui qui ne veut même plus croire en l’avenir. Effluves, réminiscences, rêves poétiques, mal-être existentiel; [il] laisse le passé l’envahir par vagues nostalgiques que seuls un dramatisme généreux et un lyrisme tour à tour intériorisé ou exacerbé peuvent sauver». Sous les doigts de David Kadouch, la Sonate «Réminiscence» (1919) brûle son la mineur sans consumer la flamme de sa pulsation, livrée d’un seul souffle et sans excès de soufre – son jeune interprète ne confondant pas Medtner avec Scriabine. Ni Medtner avec son professeur Taneïev, dont il exécute le sculptural Prélude et fugue en sol dièse mineur (1910) avec sobriété et sans esbroufe.


Surtout, après des prestations prometteuses – mais parfois en demi-teinte (lire, par exemple, ici ou ici) –, il est réjouissant de se laisser prendre par la fougue avec laquelle le pianiste français empoigne les Tableaux d’une exposition (1874) de Moussorgski – une œuvre dont la discographie récente a généré bien des déceptions (Valentina Igoshina, Nobuyuki Tsujii, Juliana Steinbach, Alice Ader, Henri Bonamy, Wonny Song, Alain Lefèvre...). David Kadouch a d’évidence mûri sa conception de l’œuvre, alors que, deux ans plus tôt, ConcertoNet assistait en concert à «une interprétation plus pensée qu’intuitive, visant à la perfection plus qu’au spectacle, se limitant à un éventail restreint de nuances dynamiques et affichant même parfois une certaine distance». Vivacité des tempos, intensité de l’investissement (... jusqu’aux propres limites physiques de l’exécutant), variété dans la caractérisation des pièces, voici un Moussorgski engagé et convaincant, où les chutes de tension se font rares. Il ne lui manque qu’un rien de puissance et de concentration pour approcher le geste monumental de la récente version de Leif Ove Andsnes (EMI).


Gilles d’Heyres

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com