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03/02/2012
Johann Sebastian Bach : Messe en si mineur, BWV 232

Yumiko Tanimura (soprano), Valérie Bonnard (alto), Sébastien Droy (ténor), Christian Immler (basse), Ensemble vocal de Lausanne, Ensemble instrumental de Lausanne, Michel Corboz (direction)
Enregistré à la Ferme de Villefavard (août 2008) – 105’45
Album de deux disques Mirare MIR 081 (distribué par Harmonia mundi) – Notice trilingue (français, anglais et allemand) d’Adélaïde de Place et traduction trilingue des textes chantés





Michel Corboz s’attaque une nouvelle fois à la Messe en si mineur de Johann Sebastian Bach (1685-1750). Rarement une œuvre aura autant occupé, voire obnubilé, un compositeur puisque ses premières notes ont été couchées sur la papier en 1714 mais qu’elle ne fut totalement achevée qu’en 1749. Ce n’est donc pas sans révérence qu’on aborde un tel monument qui, présenté dès l’origine comme étant une grande messe catholique (le manuscrit de l’œuvre ne portant d’ailleurs que la mention «Missa», sans qu’aucune autre précision ne soit alors donnée), doit susciter une grande joie en dépit des accords initiaux du «Kyrie» en si mineur (la tonalité générale étant, elle en revanche, majeur).


Au sein d’une discographie pléthorique – le premier enregistrement, dirigé par Albert Coates, a tout de même été réalisé du 18 mars au 31 mai 1929! – Michel Corboz fait figure de récidiviste puisque, après trois précédents enregistrements (réalisés respectivement en janvier 1972, octobre 1979 et septembre 1996, les deux premiers chez Erato, le troisième chez Virgin Classics), voici donc sa quatrième gravure, toujours à la tête de ses fidèles ensembles de Lausanne. Disons-le d’emblée, cette gravure, en dépit de réelles qualités qui avaient été soulignées dans ces colonnes lorsque la messe avait été donnée en août 2008 dans le somptueux cadre du Festival de la Chaise-Dieu, s’avère inférieure à la troisième de Corboz et, au-delà des seules réalisations du chef, est éclipsée par bien d’autres enregistrements.


Dès le «Kyrie» introductif, on est déçu: d’où vient ce discours haché, haleté presque (le style vocal étant d’ailleurs repris de la même manière par le hautbois), qui évince totalement la solennité de ces premières notes? En plusieurs occasions, les voix des quatre solistes souffrent quelques imperfections qui contribuent, comme on l’a déjà laissé entendre, à rendre cette version moins séduisante que d’autres. La prestation de la soprano Yumiko Tanimura est plus que perfectible, ses attaques étant trop dures dans le «Christe Eleison», sa voix n’étant franchement pas très assurée dans le «Laudamus te». Avouons néanmoins que ses duos, que ce soit avec le ténor dans le «Domine Deus» (magnifiquement accompagné par la flûte et l’orgue) ou avec l’alto dans l’air «Et unum Dominum Jesum Christum» (les deux chanteuses adoptant une belle souplesse dans leur ligne vocale), sont plutôt convaincants. Valérie Bonnard, qui tient la partie d’alto, est excellente même si elle ne fait pas oublier Bernarda Fink, qui tenait la même partie (mais son timbre de mezzo convenait peut-être davantage) dans la troisième version dirigée par Michel Corboz. Même si sa voix trahit parfois quelque acidité (dans le «Qui sedes ad dexteram Patris»), Valérie Bonnard offre des timbres fort séduisants, notamment dans l’«Agnus Dei». Les deux voix masculines tiennent parfaitement leur rôle; on a déjà souligné la très belle prestation du ténor Sébastien Droy dans le «Domine Deus». Il en va de même pour la basse Christian Immler qui donne au «Quoniam tu solus sanctus» toute la solennité requise.


Plus que dans d’autres œuvres vocales de Johann Sebastian Bach, le chœur trouve dans la Messe en si mineur un véritable terrain d’élection. L’Ensemble vocal de Lausanne offre là une très belle prestation: on écoutera notamment le «Kyrie Eleison», le «Cum Sancto Spiritu» et, surtout, l’«Et resurrexit». Face à des ensembles vocaux dont la notoriété est peut-être plus grande, celui de Lausanne n’a pas à rougir, tant s’en faut! Il en va de même pour son alter ego qu’est l’Ensemble instrumental de Lausanne. Que ce soit dans les tutti ou dans les interventions solistes (la luxuriance des trompettes et du hautbois éclipsant la méforme du cor dans l’accompagnement du «Quoniam tu solus sanctus»), les musiciens sont parfaitement au diapason de l’ensemble.


Michel Corboz adopte une approche mesurée, sans grand emportement, et c’est là que réside une des grandes déceptions de cette version. Ses tempi manquent également de justesse en plus d’une occasion, pêchant fréquemment par leur lenteur qui, c’est par exemple le cas dans le «Quoniam tu solus sanctus» ou dans le «Credo in unum Deum» (tout particulièrement à compter de 1’55), instaurent un ennui profond. La dynamique que l’on pouvait éventuellement ressentir auparavant tombe immédiatement: où est passée la ferveur de cette messe qui, encore une fois, est censée être de tonalité joyeuse? Pas dans ces disques visiblement qui, de ce fait, peuvent être oubliés malgré le sérieux et l’implication des différents protagonistes.


Le site de l’Ensemble vocal de Lausanne
Le site de Valérie Bonnard


Sébastien Gauthier

 

 

 

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