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02/26/2012
Enrique Granados : Goyescas – Valses poéticos

Luis Fernando Pérez (piano)
Enregistré à l’Aula de Música de Alcalá de Henares (23-25 mai 2011) – 76’25
Mirare MIR 138 (distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français, anglais et espagnol





Au sujet d’un précédent disque consacré à Soler, ConcertoNet saluait le beau piano de l’Espagnol Luis Fernando Pérez (né en 1977) tout en regrettant «un jeu qui tend à la raideur et à la dureté». Rien de tel ici: est-ce à dire que le jeu du pianiste trouve chez Granados un écrin plus naturel que chez Soler? On apprécie ainsi la légèreté d’une frappe qui reste toujours vivace et alerte, dans les Valses poétiques (1895) – une partition qui offre de beaux moments, mais qui est loin d’approcher la qualité musicale du chef d’œuvre que sont les Goyescas (1911). Ces dernières – souvent réduites à «La Jeune Fille et le Rossignol» – ne s’apprécient que dans leur entièreté: pour cette seule raison, on sait gré à Luis Fernando Pérez d’en offrir un enregistrement intégral, allant jusqu’à inclure l’Intermezzo composé pour l’opéra éponyme (à l’occasion de la première au Met de New York, en 1916)... mais excluant malheureusement El pelele (pièce indépendante du recueil – mais qui n’en reste pas moins une escena goyesca).


Dès «Los requiebros», Luis Fernando Pérez vient à bout de la complexité d’une écriture pianistique où il est particulièrement difficile d’éviter les chutes de tension. Dans le «Coloquio en la reja» comme dans «El amor y la muerte», il parvient à sublimer la magie de la peinture de Goya, dont Granados cherche à traduire les couleurs en musique («Je suis tombé amoureux de la psychologie de Goya et de sa palette (...); de ses disputes, de ses amours, de ses galanteries. Ce blanc rosé des joues (...), ces corps de ceinture ondulante, ces mains de nacre et carmin posées sur des jais, m’ont simplement troublé»). L’interprète sait également exalter la tonicité d’«El fandango de candil» (même si les entrelacs rythmiques pourraient être explorés avec plus de variété ou d’inventivité) et recréer les sonorités virtuoses de la guitare espagnole dans l’«Epilogo». C’est en esthète, enfin, qu’il déroule «Quejas, ó la maja y el ruisenor», suspendant les résonnances et articulant les notes avec une précision d’orfèvre – mais occultant quelque peu la face désespérée et douloureuse qu’y révélait Claudio Arrau.


Voilà peut-être ce qui singularise le plus cette version des Goyescas: l’esthétisme d’un piano baigné dans l’opulence sonore. Si la comparaison avec Alicia de Larrocha (1923-2009) – qui fut son professeur – s’impose, elle conduit, du coup, à regretter chez le pianiste madrilène un léger manque de naturel (en contraste, par exemple, avec la récente version de Jorge Luis Prats), ainsi qu’une tendance à l’alanguissement esthétisant. Impression renforcée par une prise de son splendide (... autrement plus luxueuse que les captations ingrates dont ont parfois pâti les disques de son aînée catalane). C’est pinailler peut-être, tant le piano de Pérez maîtrise ces pièces d’une rare complexité rythmique. D’autant que Mirare s’est surpassé pour offrir un produit aussi bien enregistré (le mérite en revient à José Miguel Martínez et Magdalena Llamas) et aussi intelligemment présenté (très intéressante notice de Marie-Pauline Martin et Antonio Iglesias).


Le site de Luis Fernando Pérez


Gilles d’Heyres

 

 

 

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