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02/12/2012
Frédéric Chopin : Sonate n° 3, opus 58 (#) – Andante spianato et Grande Polonaise brillante, opus 22 – Mazurkas n° 33, opus 56 n° 1, n° 34, opus 56 n° 2, et n° 35, opus 56 n° 3 (#) – Grande valse brillante, opus 18 – Etude opus 10 n° 8 – Rondo «à la Mazur», opus 5

Daniil Trifonov (piano)
Enregistré en concert au Teatro la Fenice, Venise (mai 2010) et au Fazioli Hall, Sacile (#) (novembre 2010) – 66’27
Decca 476 4347 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français, anglais, allemand, italien et polonais





Récent vainqueur du XIVe concours international Tchaïkovski, Daniil Trifonov (né en 1991) continue d’impressionner par la précocité de son talent et l’originalité de son jeu (lire ici). Enregistré sur le vif lors de deux concerts donnés en Italie sur piano Fazioli, ce disque est – déjà – le troisième que le pianiste russe consacre à Chopin, un compositeur dont on le tiendrait presque pour un spécialiste si son troisième prix au XVIe concours de Varsovie ne venait rappeler que c’est un jeune homme de même pas vingt ans que l’on entend.


Mais la jeunesse de cet interprète bardé de prix est-elle une raison suffisante pour excuser ce Chopin prétentieux et parfois consternant? On frôle le ridicule dans la Grande valse brillante (1833), coquette et décorative, recherchant l’originalité à tout prix et oubliant du coup l’essentiel: la construction d’un discours musical. L’Etude en fa majeur (1829) est tout aussi méconnaissable, avec ses nuances malmenées (sinon trahies). Tout au long de ses 27 minutes, l’interprétation de la Troisième Sonate (1844) résume le manque de maturité d’un pianiste qui a décidemment bien de la chance qu’un label aussi prestigieux que Decca lui tende ses micros. Dans l’Allegro maestoso, le refus de l’emballement tourne vite au statisme – brisant toute unité au bénéfice d’une méditation délicate, contemplative mais par trop alanguie (malgré ses occasionnelles saillies). De même, dans le Scherzo, le contraste incohérent entre les ralentis maniérés et les accelerandos débridés tue tout cantabile. Si le Largo force à la concentration (par le dépouillement de la ligne de chant) mais ne dégage qu’une émotion particulièrement affectée, on accueille avec soulagement le réveil du Finale.


Tout cela est bien dommage, car à entendre l’Opus 56 (1843), Daniil Trifonov ne manque pas de qualités (dans l’articulation du toucher notamment). Mais trop de narcissisme étouffe la mélodie chopinienne, souvent malmenée à l’image d’une Mazurka en ut majeur bien épaisse. Au total, c’est dans les pièces moins fréquentées que l’on trouve le plus son plaisir: davantage à dire vrai dans un Rondo «à la Mazur» (1826) où la complexité rythmique ne sacrifie pas à la concentration du discours que dans une Mazurka en si majeur – pour le coup trop compliquée – ou dans un Andante spianato (1838) brossé avec délicatesse mais un rien timide dans sa première partie. Ce disque est donc un (laborieux) coup d’essai – pas un coup de maître.


Le site de Daniil Trifonov
Le blog de Daniil Trifonov


Gilles d’Heyres

 

 

 

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