Back
02/02/2012 Joseph Haydn : Sonates pour piano Hob.XVI:34, 35, 44, 48, 52 & deest Evgeni Koroliov (piano)
Enregistré en 2009 – 79’
Profil Hänssler PH10002 (distribué par Intégral)
Dans ce nouveau choix de Sonates pour piano de Haydn Evgeni Koroliov fait valoir exactement le bagage technique peu banal que l’on attend de lui. Un toucher d’une implacable précision, un pointillisme digital invariablement calibré quel que soit le tempo (même phénoménalement véloce) et toujours cet art caractéristique du «micro-phrasé», parfois sur seulement une ou deux notes, révélateur d’un contrôle exceptionnel du cerveau sur la mécanique des doigts. Page après page une telle interprétation ne peut que passionner, la limpidité de la démonstration dissuadant de toute façon de toute objection immédiate.
Pourtant les options paraissent souvent personnelles, les tempi souvent très (mais jamais trop) rapides, à la recherche d’un Haydn cursif, enlevé, plus ludique en définitive qu’architectural. On pressent que Koroliov cherche à replacer ces Sonates dans le contexte de l’instrument pour lequel elles ont été écrites : un pianoforte court de résonance au clavier beaucoup plus léger que celui d’un instrument moderne. Et l’application à la lettre de cette grammaire pré-établie par l’interprète sur un vrai piano (à la mécanique vraisemblablement réglée d’une façon particulière) n’a plus dès lors qu’à se déployer, sa technicité se portant garante d’une cohésion maximale de bout en bout.
Seul vrai problème : au bout d’un disque entier on éprouve la nécessité d’une pause, comme si une saturation en effets pointillistes commençait à se faire sentir. Un phénomène qui ne se produirait en aucun cas avec les enregistrements d’Alfred Brendel, adepte d’un classicisme viennois plus charnu et mesuré. Toujours cohérentes et admirablement défendues, les visions de Koroliov sont sans doute trop continuellement exigeantes pour s’imposer comme un possible choix prioritaire, tant elles semblent à chaque instant forcer l’attention, nous collant en quelque sorte le nez sur la partition.
Mais quand même, quel beau Haydn et quel prodigieux pianiste !
Laurent Barthel
|