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02/01/2012 «Orchestral Works, Volume 2»
Johann Friedrich Fasch : Concertos en ré majeur, FWV L:D5 [1], et en sol majeur, FWV L:G13 [2] – Ouverture en la mineur, FWV K:a1 [3] – Sinfonia, FWV M:g1 [4]
Tempesta di Mare (Philadelphia Baroque Orchestra), Emlyn Ngai (premier violon solo), Gwyn Roberts (flûte) et Richard Stone (luth) (direction artistique)
Enregistré en concert en l’église presbytérienne de Chestnut Hill, Philadelphie (octobre 2010 [2], mars [3, 4] et mai [1] 2011) – 74’12
Chandos CHAN 0783 – Notice (en anglais, allemand et français) de Brian Clark
Must de ConcertoNet
On ne cesse de redécouvrir Johann Friedrich Fasch (1688-1758), ce contemporain de Bach, Haendel et Vivaldi, les enregistrements de ses partitions se multipliant à la faveur de leur exhumation progressive. C’est la raison pour laquelle il est aisé d’en enregistrer pour la première fois comme c’est le cas ici, l’ensemble baroque américain Tempesta di Mare nous donnant la primeur de deux concertos, d’une ouverture et d’une sinfonia. Disons-le rapidement: voilà un enregistrement superbe (tant sur le plan musical que sur celui de la prise de son, très claire et permettant une mise en espace idéale) sur lequel tout amateur se précipitera!
Initialement voué à devenir juriste, Johann Friedrich Fasch a néanmoins embrassé la carrière de musicien au service des princes, composant ses premiers ouvrages lyriques en 1711 et passant l’essentiel de sa vie aux cours de Zerbst et Dresde, profitant de l’orchestre de cette dernière pour fournir à ses protecteurs quantité de concertos et d’ouvertures.
Le Concerto en ré majeur est l’archétype de ce que pouvait composer Fasch. Un Allegro introductif enthousiasmant, mettant en exergue cors, violon solo et bassons (instrument que Fasch utilisa en soliste dans de très nombreuses compositions) dans des traits d’une dextérité étonnante. Après un Largo assez classique dans son agencement, l’œuvre se conclut par un Allegro qui, de nouveau, met cette fois-ci tous les pupitres à contribution. L’Ouverture en la mineur revêt un intérêt plus grand encore grâce, principalement, à un premier mouvement (également qualifié d’«ouverture») sensationnel! Le jeu sur le rythme, sur les sonorités (grâce aux appogiatures confiées tant aux cordes qu’aux vents), conduisant à une sorte de léger emballement orchestral après un début pris lentement, font du passage central un véritable sommet orchestral (écoutez le passage à partir de 3’20) qui justifie à lui seul l’acquisition de ce disque. L’«Air» qui suit offre aux flûtes et aux hautbois un dialogue empreint d’une très grande douceur avant que les mouvements suivants ne surprennent de nouveau l’auditeur. On soulignera tout particulièrement la partie confiée au hautbois dans le très bel «Air» qui précède un entraînant «Hornpipe». Peut-être souvenir du subterfuge selon lequel, alors qu’il était étudiant en droit, Fasch avait fait passer une de ses œuvres pour être de la main de Telemann (l’orchestre l’ayant interprété n’ayant émis aucun doute sur ce point), la Sinfonia rappelle beaucoup le style de son illustre confrère, notamment dans un Allegro conclusif aux tempi fort accentués. Quant au Concerto en sol majeur, il témoigne de nouveau de l’attention portée par Fasch aux vents (les flûtes en l’occurrence) qui, après avoir exposé toute l’étendue de leur technique dans le premier mouvement (Allegro), dialoguent de façon extrêmement harmonieuse avec les cordes, à l’instar de ce que l’on peut entendre, par exemple, dans son Ouverture en sol mineur FWV K:g2 ou dans l’Ouverture FWV K:g3.
Compte tenu de la qualité exceptionnelle de ce disque (insistons une fois encore sur l’exceptionnelle «Ouverture» à la plage 4), on ne peut donc que souhaiter la poursuite du projet musicologique ainsi entamé.
Le site de la Société internationale Fasch
Le site de l’ensemble Tempesta di Mare
Sébastien Gauthier
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