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01/08/2012
«The Liszt Project»
Franz Liszt : Sonate en si mineur – La lugubre gondola I – Trübe Wolken – Unstern! Sinistre – Années de pèlerinage: «Vallée d’Obermann», «Aux cyprès de la Villa d’Este I (Thrénodie)» et «Les Jeux d’eau à la Villa d’Este» – Deux Légendes: «Saint-François d’Assise: La prédication aux oiseaux»
Richard Wagner : Eine Sonate für das Album von Frau Mathilde Wesendonck
Alban Berg : Sonate, opus 1
Alexandre Scriabine : Sonate n° 9 «Messe noire», opus 68
Béla Bartók : Nénie, opus 9a n° 4
Marco Stroppa : Miniature estrose: «Tangata manu»
Maurice Ravel : Jeux d’eau
Olivier Messiaen : Catalogue d’oiseaux: «Le Traquet stapazin»

Pierre-Laurent Aimard (piano)
Enregistré au Konzerthaus de Vienne (mai 2011) – 146’07
Double album Deutsche Grammophon 477 9439 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Pierre-Laurent Aimard dans Liszt: voilà une association qui ne vient pas spontanément à l’esprit. En ce qu’elle établit de géniales correspondances musicales et se concentre – évidemment – sur le Liszt tardif, la composition de cet album est absolument admirable – raison suffisante pour se réjouir de ce que Deutsche Grammophon continue de faire confiance au pianiste français (lire ici). L’interprète (né en 1957) a d’ailleurs fait tourner sur scène ce programme si bien pensé, et ce tout au long de l’année célébrant le bicentenaire de la naissance de Franz Liszt (1811-1886), depuis Paris jusqu’à Toronto.


Si la composition n’appelle que des éloges, l’interprétation offre des plaisirs contrastés. A commencer par ce qui constitue le cœur de l’album: une Sonate en si mineur insolite et, à vrai dire, presque incongrue, où Pierre-Laurent Aimard perd en unité ce qu’il apporte en lisibilité analytique. Une version qui semble marquée par une esthétique de la juxtaposition, offrant de saisissants contrastes entre la vélocité sèche de certains passages et l’immobilité givrée d’autres épisodes. On regrette ainsi de ne pas entendre ce que le pianiste expose pourtant avec tant de clarté dans l’intéressante notice (... qui rattache toutefois par erreur «La prédication aux oiseaux» au cycle des Années de pèlerinage): «la sonate est traversée de contrastes accusés, qui génèrent un drame instrumental. Mais sa forme en un seul mouvement témoigne aussi de la volonté de Liszt de créer une continuité, un flux puissant – un principe très romantique». On ressort de cette interprétation fasciné par la révélation des détails et la clarté du décryptage, mais dérouté par la singularité du propos. Un peu comme si l’on découvrait l’ossature de Liszt – sans la chair.


De même, la Messe noire de Scriabine est traitée comme une étude systématique et objective des sonorités et des couleurs – sans vapeurs ni flamme, manquant de chaleur et surtout de venin. Le piano de Pierre-Laurent Aimard fascine pourtant par son minutieux travail sur les résonances lisztiennes – dans une «Vallée d’Obermann» profonde comme un grand canyon, dans un Saint-François d’Assise tournoyant dans le ciel des oiseaux, ou dans La lugubre gondole (qu’on apprécie en disque, dans la belle acoustique du Konzerthaus, davantage encore qu’en concert... à la différence des Nuages gris – plus magnétiques sur scène – ou d’Unstern! Sinistre – dont la violence obsessionnelle paraît moins entêtante que dans le souvenir du direct). La même fascination opère dans les pièces choisies pour la proximité du traitement instrumental ou thématique (Ravel, Messiaen, Stroppa...). Quant à la Sonate de Berg, elle étonne par son caractère enflammé (Aimard l’exécute en huit minutes et trente secondes) – plus proche du postromantisme d’un Barenboim que du modernisme d’un Gould, infiniment plus séductrice que tant de versions trop tendues (Uchida, Södergren), à l’apparence presque improvisée par instants. Insaisissable Pierre-Laurent Aimard...


Le site de l’album


Gilles d’Heyres

 

 

 

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