About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

10/31/2011
Giuseppe Sammartini : Concertos grosso en la majeur, opus 2 n° 1, en la mineur opus 5 n° 4, et en mi mineur opus 11 n° 5 – Concertos pour hautbois, cordes et basse continue en do majeur et en sol majeur, opus 8 n° 5 – Ouvertures pour cordes et basse continue en fa majeur, opus 10 n° 7, et en ré majeur, opus 10 n° 4 – Ouverture pour deux cors, cordes et basse continue en sol majeur, opus 7 n° 6

Benoît Laurent (hautbois), Les Muffatti, Peter Van Heyghen (direction)
Enregistré au Begijnhofkerk de Saint-Truiden, Belgique (novembre 2009) – 79’10
Ramée RAM 1008 (distribué par Outhere) – Notice trilingue (anglais, allemand et français) de Peter Van Heyghen





Attention à ne pas confondre Giuseppe Sammartini (1695-1750) avec son frère cadet, Giovanni Battista Sammartini (1705-1775)! Il faut dire que la période allant du milieu du XVIIe siècle à la fin du XVIIIe siècle a vu se multiplier les générations de compositeurs, le père de Sammartini ayant lui-même été un hautboïste de très grand talent, connu sous le nom d’Alexis Saint-Martin, musicien virtuose qui a semble-t-il beaucoup fait pour l’introduction du hautbois en Italie à compter de la fin du XVIIe siècle, lui qui s’était installé à Milan dès 1690. Giovanni Battista Sammartini a également eu une riche carrière de hautboïste en Italie puis, à partir de 1729, à Londres où il s’établit définitivement comme nous le narre avec force détails l’excellent livre de Bruce Haynes, The Eloquent Oboe: A History of the Hautboy from 1640 to 1760.


Aujourd’hui encore, c’est au titre de hautboïste virtuose que Sammartini est connu, ses autres ouvrages ayant été oubliés à l’exception peut-être de Memet, opéra datant de 1732 racontant les amours de Mahomet II pour la belle esclave Irène et dont une version discographique a paru il y a quelques années. Le présent disque, gravé par l’ensemble bruxellois Les Muffatti, permet de combler un vide dans le catalogue de ce compositeur dont on connaît déjà quelques symphonies, ainsi qu’une poignée de concertos et sonates dédiés principalement au hautbois mais aussi à la flûte à bec.


Le style des concertos grosso présentés ici rappelle immédiatement Georg Friedrich Händel qui ne publiera pourtant son Opus 6 qu’en 1739, soit un an plus tard que Sammartini, dont l’œuvre ne pouvait, en tout cas, manquer d’être influencée à la fois par Locatelli et Corelli. Fort classiquement, le petit orchestre répond aux instruments solistes (des violons la plupart du temps) dans des formes qui privilégient largement la douceur et le jeu (l’Allegro de l’Opus 2 n° 1) sur la complexité des lignes mélodiques. Les couleurs vénitiennes de l’Opus 5 n° 4, chatoyantes et tout empreintes de gaieté, se frottent ensuite à un climat beaucoup plus sombre, que font parfaitement ressentir Les Muffatti dans l’Andante sostenuto de l’Opus 11 n° 5. Les trois Ouvertures sont de style différent par rapport aux concertos mais aussi entre elles. Les Opus 10 n° 7 et Opus 10 n° 4 renvoient ainsi, pour la première, davantage à ce que pourra composer Telemann, la seconde conservant un style italien pouvant plutôt la rapprocher de Veracini. Quant à la troisième qui, outre les cordes et la basse continue, requiert deux cors, elle crée véritablement son propre style puisqu’on ne peut la rapprocher ni des ouvertures de compositeurs ayant œuvré dans certaines cours allemandes (on pense par exemple à Fasch), ni de pièces au style italianisant. Bart Aerbeydt et Michiel van der Linden, les deux cornistes, donnent à leur intervention une indéniable noblesse qui, là encore, préfère le jeu des timbres à la prouesse technique.


Dans son ouvrage précité, Bruce Haynes rapporte les propos d’un contemporain selon lequel Sammartini «était considéré comme le meilleur hautboïste dans toute l’Europe» (page 437). Les deux concertos présentés ici sont de facture classique: deux mouvements rapides enserrant un mouvement lent. Contrairement à ce que l’on pouvait attendre de certains compositeurs qui étaient également virtuoses dans leur instrument de prédilection (Quantz à la flûte, Vivaldi ou Tartini au violon), Sammartini n’enchaîne pas difficulté technique sur difficulté technique. Bien au contraire, le hautbois, parfaitement tenu par Benoît Laurent, prend son temps, joue ici ou là quelque appogiature sans s’y attarder, musardant au besoin en laissant toute la place qu’il convient aux cordes qu’il s’agisse de batifoler (l’Allegro débutant le Concerto en do majeur) ou de pleurer (le superbe Andante sostenuto du Concerto en sol majeur) avec elles.


Voici donc une superbe réalisation, enthousiasmante tant du point de vue de l’oreille que de notre connaissance d’une époque foisonnante en compositions les plus diverses. On aurait tort de s’en priver!


Le site de l’ensemble Les Muffatti
Le site de Benoît Laurent


Sébastien Gauthier

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com