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10/29/2011
«Contrechant»
Luciano Berio : Lied
Heinz Holliger : Contrechant – Rechant
Salvatore Sciarrino : Let me die before I wake
Elliott Carter : Gra
Péter Eötvös : Derwischtanz
Gergely Vajda : Lightshadow-trembling

Reto Bieri (clarinette)
Enregistré au Prieuré de Sankt Gerold, Autriche (6-8 septembre 2010) – 51’27
ECM New Series 476 4404 (distribué par Universal) – Notice en anglais et allemand





ECM est un éditeur particulièrement dynamique. Il mène notamment une active politique en faveur de jeunes artistes à travers des récitals sortant des sentiers battus, permettant de faire découvrir l’étendue de leurs talents, et plutôt de musique contemporaine. Cette fois, il nous fait découvrir un clarinettiste suisse né en 1975, Reto Bieri. Les pièces qu’il interprète sont assez courtes mais signées par quelques-unes des plus grandes figures de la création musicale contemporaine. Elles sont assez contrastées sans rendre pour autant recommandable l’écoute non stop des cinquante minutes du disque, totalement dédié à la seule clarinette.


On ne s’étonnera pas de voir au premier rang des compositeurs interprétés l’immense créateur des Sequenze, pour divers instruments solistes, Luciano Berio (1925-2003). Toutefois, le Lied (1983) ne fait pas appel à la folle virtuosité, presque jouissive, des Sequenze : au contraire, c’est un beau chant, austère et élégant, poignant même, qui débute le disque. Le Contrechant (2007) qui suit et donne son nom à l’album, du compatriote helvétique Heinz Holliger (né en 1939), sur le nom de Baudelaire, fait lui appel à la virtuosité : jeux de clefs, d’anche, de langue, de souffles. Tout y est pour un tableau décadent somptueux où le cri et l’excitation voisinent avec la dépression. Retour à l’austérité avec une fort étrange pièce du Sicilien Salvatore Sciarrino (né en 1947), Let me die before I wake (1982). La clarinette de Reto Bieri parvient alors à évoquer de sinistres sirènes, au loin, qui s’opposent à la limpidité du son du cristal quand on passe un doigt mouillé sur le bord d’un verre. Après ces lignes aussi pures qu’angoissantes, la pièce jubilatoire, Gra (1993), d’Elliott Carter (né en 1908) permet heureusement de respirer et c’est une page écrite en 1993 par Gergely Vajda, compositeur né à Budapest en 1973, où l’interprète tapote ses clefs comme s’il s’agissait d’un tambourin et parvient à capter miraculeusement des instants fugaces, qui achève le disque, à la suite d’une nouvelle pièce de Heinz Holliger, Rechant (2008), et d’une danse censée évoquer les derviches tourneurs du Hongrois Péter Eötvös (né en 1944).


Même si le son de sa clarinette, enregistrée de très près et avec beaucoup de naturel, paraît bien acide, Reto Bieri, dont on ne nous épargne aucunement la respiration, fait clairement la preuve de sa domination de l’instrument, du murmure jusqu’au cri déchirant, et d’une belle palette de couleurs, où domine quand même les couleurs froides, le gris et le noir, dans un récital, somme toute, fort stimulant.


Le site de Reto Bieri


Stéphane Guy

 

 

 

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