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06/19/2011
Franz Liszt : Etudes d’exécution transcendante

Vladimir Ovchinnikov (piano)
Enregistré à Abbey Road, Londres (août 1988) – 64’00
EMI 50999 029508 2 2 – Notice de présentation en français





Franz Liszt : Sonate en si mineurAnnées de pèlerinage (Deuxième année. Italie): «Sonetto 47 del Petrarca», «Sonetto 104 del Petrarca», «Sonetto 123 del Petrarca» et «Après une lecture de Dante»
Jean-Philippe Collard (piano)
Enregistré à la salle Wagram, Paris (25-27 novembre 1991) – 63’55
EMI 50999 095157 2 7 – Notice de présentation en français





Parmi les publications que génère le bicentenaire de la naissance de Franz Liszt (1811-1886), les rééditions d’enregistrements oubliés constituent parfois des offres alléchantes. EMI Music France l’a bien compris, en remettant sur le marché ces deux disques de haute tenue. Une tenue franchement exceptionnelle même, en ce qui concerne les Etudes d’exécution transcendante (1851) presqu’inapprochables du très rare Vladimir Ovchinnikov (né en 1958). La frappe est phénoménale non seulement de puissance mais également de maîtrise et de hauteur de vue, l’interprète donnant le sentiment de pouvoir faire varier les rythmes comme les nuances à l’infini et de dominer la lettre tout autant que l’esprit de son sujet. Les «Fusées» en deviennent des missiles thermonucléaires, «Mazeppa» et «Wilde Jagd» des courses à l’abîme dantesques, les «Feux follets» semblent s’animer à l’intérieur même des doigts de l’interprète. Ovchinnikov creuse des vallées sonores dans les graves de «Ricordanza» et déchaîne les quatre éléments dans une «Appassionata» qui donne le vertige, zénith virtuose de ce disque au sommet. Plus incontestable que Cziffra, Ovchinnikov l’égale en virtuosité. Même si c’est toujours chez Claudio Arrau que l’on approfondira les arrière-plans poétiques ou métaphysiques de certaines pièces – «Paysage», «Vision», «Eroica» ou même «Harmonies du soir» peuvent offrir davantage que ce qu’en montre le pianiste russe –, on ressent, partout dans ce disque, le grand frisson du piano romantique.


On avait gardé un souvenir fort de la Sonate en si mineur (1853) enregistrée par Jean-Philippe Collard (né en 1948) à Wagram au début des années 1990. En moins de trente minutes, le pianiste français aborde l’œuvre par son versant le plus sombre, mettant en valeur les arêtes tranchantes des accords et la noirceur du discours. Pourtant, la sécheresse de la frappe – choix esthétique défendable, défendu notamment dans une fugue admirable de tenue – empêche toutefois de s’attacher durablement à cette version limpide mais froide, assise sur un piano court en résonnances et avare en nuances. Ce que cet enregistrement de 1991 fige n’est toutefois qu’un aperçu à la fois relatif et fugitif d’une partition que Jean-Philippe Collard sait aborder de bien d’autres manières et qu’il remet désormais sur le métier (lire ici). Dans un contexte discographique surchargé de versions d’excellence – où l’auditeur qui n’a que l’embarras du choix (d’Arrau à Berman en passant par Brendel, Ciccolini ou Angelich) –, les extraits de la Deuxième Année de pèlerinage (1849), interprétés avec rigueur et élan, présentent les mêmes singularités que la Sonate, une anguleuse et virtuose «Après une lecture de Dante» faisant miroir à des «Sonnets de Pétrarque» nets et précis, dans lesquels on aurait aimé trouver davantage d’expressivité.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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