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03/16/2011
«EST»
Milena Dolinova/Krystof Maratka : Csárdás III
Jocelyn Mienniel : Baïkal I
François Salque, Vincent Peirani, Samuel Strouk : Medley sur des thèmes roumains d’après des improvisations de Stéphane Grappelli
Mathieu Névéol : Rêve I
David Popper : Rhapsodie hongroise, opus 68
Kristian Schott : Csárdás I
Samuel Strouk : Yiddish I
Béla Bartók : Six Danses populaires roumaines, Sz. 56

François Salque (violoncelle), Vincent Peirani (accordéon)
Enregistré au Studio Sequenza, Montreuil (1er-3 juillet 2010) – 53’47
ZigZag Territoires ZZT110101 (distribué par Harmonia mundi) – Notice (propos recueillis de François Salque) en français et en anglais





L’errance des Tziganes en a fait les dépositaires de plusieurs traditions croisées et c’est dans cet esprit que François Salque et Vincent Peirani ont conçu leur album «Est», entourés de jeunes compositeurs errant à leur tour et porteurs de plus d’un monde musical. Tous ont une formation classique de haut niveau, tous ont posé leur regard sur d’autres sphères. Transcendant à la fois l’espace et le temps, les deux instrumentistes placent en début, au milieu et en fin de leur programme des pièces de trois compositeurs plus anciens, précurseurs qui, dans un même souci d’intériorisation des univers traditionnels, en ont fait rejaillir à leur manière la fragrance et la vie.


L’impact du résultat est en essence souvent comparable à celui des célèbres Danses populaires roumaines de Bartók, transcrites ici pour violoncelle et accordéon d’une version pour violoncelle et piano comme la Rhapsodie hongroise de Popper. Le charme est grand, l’accès en est aisé et l’émotion est palpable. La rigueur d’une facture classique abstraite semble oubliée mais là en demeure la force. Finement composées dans l’observance et le ressenti des caractères modaux, de la nature profonde des thèmes mélodiques et des rythmes alertes ou langoureux, accélérés, chaloupés ou irréguliers des musiques de l’Est, les huit compositions reposent sur une architecture simple mais solide et sur une belle structure harmonique interne, et elles exigent dans leur ensemble une maîtrise technique poussée jusqu’à la virtuosité tout en ouvrant la voie à l’occasion, tradition oblige, à une improvisation pondérée. L’interprétation – qui les porte – bénéficie du souffle extraordinaire des instrumentistes, François Salque en tête.


Synthèse de musiques slave, hongroise, roumaine et juive, carrefour de différentes énergies, classiques, traditionnelles et de notre temps, l’ensemble du programme reflète l’attachement de François Salque au dialogue musical, métaphorique ou réel, et «à la notion d’universalité, et à la richesse de nos musiques en perpétuelles mutations». Que ce soit le lyrisme poignant de certains volets de Yiddish, de Rêve ou de Csárdás I, les audaces et les miroitements originaux de la première partie de Baïkal, la séduction un peu jazz des improvisations du Medley ou la nostalgie et les emportements enflammés de la Rhapsodie hongroise ou de Csárdás III dans l’inventive transcription de Maratka, l’approche des musiciens, forcément technique, artistique et conceptuelle, est tout autant instinctive – organique et physiquement ressentie. Vincent Peirani, en contact avec les musiques improvisées de haut niveau et le jazz, allie la science à l’instinct et à l’émotion. Son accordéon sait être éloquent et ses improvisations, que l’on devine surtout dans les accompagnements, vont de l’élémentaire au sophistiqué. La présence vive de François Salque illumine son jeu dynamique. Son violoncelle puissant et expressif déploie une variété de couleurs impressionnante à travers les registres, les graves riches et d’une rare ampleur. Ancien élève de János Starker (mais aussi de Paul Tortelier, Philippe Muller et Michel Strauss), il semble intimement s’approprier ces musiques auxquelles il apporte la générosité et la conviction nécessaires. Il en capte l’essence, passant avec intelligence et souplesse d’une intense nostalgie, d’un lyrisme douloureux ou de la fougue d’une sombre et mordante passion à une gaieté décalée. Sa prestation est en tout point remarquable.


L’album ne s’adresse pas au mélomane aux goûts exclusifs par sa nature même mais c’est par sa nature et par la haute tenue et l’excellent niveau des prestations, tout à la gloire d’une musique en mouvement, qu’il ne manquera d’attirer l’attention du public classique et d’un public élargi.


Le site de François Salque
Le site de Vincent Peirani


Christine Labroche

 

 

 

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