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03/07/2011
Lucien Durosoir : Le Balcon – Sonnet à un enfant (#) – Idylle – Trilogie – Trio pour piano, violon et violoncelle – Berceuse
Kareen Durand (soprano), Jean-Christophe Jacques (basse), Raphaël Merlin (violoncelle), Yann Dubost (contrebasse), Jeff Cohen (#), Johan Farjot (piano), Sequenza 9.3, Catherine Simonpiétri (direction), Membres du Quintette Aquilon : Sabine Raynaud (flûte), Stéphanie Corre (clarinette), Marianne Tilquin (cor), Gaëlle Habert (basson) – Quatuor Diotima : Naaman Sluchin, Yun-Peng Zhao (violon), Franck Chevalier (alto), Pierre Morlet (violoncelle) – Trio Hoboken : Jérôme Granjon (piano), Saskia Lethiec (violon), Eric Picard (violoncelle)
Enregistré à Radio France, Paris (23-25 août 2005 [Trilogie]), en l’église Saint-Jean, Paris (11 et 12 février 2010 [Le Balcon, Sonnet]) et à la Ferme de Villefavard, Haute-Vienne (30 avril-2 mai 2010) – 79’46
Alpha 175 (distribué par Outhere)





Alpha poursuit la redécouverte de la musique de Lucien Durosoir (1878-1955) avec une série de références dont ConcertoNet a chaleureusement salué le troisième volume. Le suivant, toujours dans la collection « Ut pictura musica », mêle lui aussi des œuvres requérant divers effectifs, parfois originaux comme celui du Balcon (1924) dont le titre a inspiré le choix du tableau de la couverture : ce «poème symphonique pour basse solo, cordes vocales et cordes instrumentales» requiert ainsi une voix de basse (en l’occurrence celle de Jean-Christophe Jacques), neuf chanteuses qui se limitent à des vocalises (Ensemble Sequenza 9.3 dirigé par Catherine Simonpiétri) et un quintette à cordes – le contrebassiste Yann Dubost se joint au Quatuor Diotima qui a précédemment enregistré les Quatuors à cordes (Alpha 125). Inspiré par le poème homonyme de Baudelaire, cet ouvrage se caractérise par un langage travaillé et sans concession, comme celui du Quintette pour piano et cordes (1925) contemporain. Tissant dans ce bon quart d’heure un tissu polyphonique complexe et serré, Durosoir réalise des effets de contrastes et même de dissonances.


L’autre œuvre vocale de son auteur (la mélodie A ma mère est inachevée), le Sonnet à un enfant (1930) pour soprano et piano (Kareen Durand accompagnée par Jeff Cohen) s’impose plus directement. En choisissant cette fois un texte de Raymond de la Tailhède, cet ancien combattant de la guerre de quatorze témoigne de son intérêt pour les différents courants poétiques. La chanteuse possède le timbre approprié, à la fois évocatrice de l’enfance et entre ombre et lumière. Inspiré d’un texte d’André Chénier, Idylle (1925) réunit un quatuor à vents (flûte, clarinette, cor et basson) : musique d’un «impressionnisme fortement coloré», selon Georgie Durosoir, d’une belle vitalité organique, palpitante, virevoltante que défendent avec brio des membres du Quintette Aquilon. Maurice Maréchal, camarade lors du conflit, a eu manifestement du fil à retordre avec la Trilogie (1931) pour violoncelle et piano. Le « Divertissement », peut-être la pièce la plus intéressante du recueil, lui a fait écrire : «Mais Bon Dieu que c’est difficile! […] Enfin, on vous travaillera cela cet été, et on va bien s’amuser [...]». Raphaël Merlin et Johan Farjot en réalisent une exécution investie et techniquement aboutie.


Ce compositeur ne se contentait pas d’aligner des notes, comme le prouve le Trio pour piano, violon et violoncelle (1926-1927) qui mérite d’être défendu au disque mais aussi au concert tellement cette œuvre est profonde et recherchée, bien qu’elle ne dévoile ses merveilles que progressivement. Le contrepoint se dissout, la mélodie se rompt, le registre évolue souvent dans les aigus. Le Trio Hoboken lui confère exactitude et clarté, ce qu’exige absolument cette musique pour qu’elle se révèle pleinement. Gravé notamment dans la Ferme de Villefavard, insolite lieu d’enregistrement dans le Limousin, ce beau disque par excellence, complété en guise de bis par une Berceuse pour violoncelle et piano malgré tout anecdotique, porte haut la bannière de la musique française, en fin de compte méconnue. Dans une brillante notice bilingue, Georgie Durosoir analyse chaque œuvre avec précision et passion.


Sébastien Foucart

 

 

 

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