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03/04/2011
Leopold Hofmann : Concerto pour violoncelle en ré majeur, Badley D 3
Joseph Haydn : Concerto pour violoncelle en ut majeur, Hob. VIb:1
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour flûte en ré majeur, K 314 (arrangement pour violoncelle)
Sol Gabetta (violoncelle), Kammerorchester Basel, Sergio Ciomei (direction)
Enregistré en l’église Altstetten, Zurich (17, 19 et 20 septembre 2008 [Hofmann, Mozart] et 14-15 avril 2009 [Haydn]) – 68’54
RCA Red Seal 88697547812 (distribué par Sony) – Notice trilingue (anglais, allemand et français) de Hans-Georg Hofmann
Née en 1981 à Córdoba, en Argentine, de parents russe et français, la jeune Sol Gabetta figure aujourd’hui parmi les étoiles montantes du violoncelle. Ayant notamment donné une belle version du Concerto d’Edward Elgar (RCA), elle frappe par sa légèreté et par une maîtrise technique fréquemment soulignées. Aussi aborde-t-on ce disque avec confiance même si la photo glamour figurant sur la couverture de la jaquette pouvait faire craindre un produit purement marketing et non pas véritablement musical.
Grâce à Naxos, on connaît déjà une partie non négligeable de l’œuvre concertante de Leopold Hofmann (1738-1793), compositeur strictement viennois qui occupa diverses fonctions, principalement à la cathédrale St. Stephan. Auteur de presque quatre-vingts concertos, dont plusieurs pour violoncelle, Hofmann fait donc figure de pionnier puisque, hormis chez les Italiens Antonio Vivaldi et Luigi Boccherini, le violoncelle n’était pas un instrument privilégié dans le cadre d’œuvres concertantes. Déjà enregistré par Tim Hugh chez Naxos, le Concerto en ré majeur bénéficie d’ici une autre très belle interprétation. L’Orchestre de chambre de Bâle, rompu à ce type de répertoire, offre un accompagnement léger et délicat, laissant entendre les beaux accents d’un pianoforte. Sol Gabetta joue exactement sur le même registre, impliquée à chaque coup d’archet, passant du son le plus grave au plus aigu avec une finesse tout à fait exemplaire. On écoutera surtout le virevoltant Allegro molto qui, à bien des égards et si l’on ne fait que prendre en considération l’orchestre, fait davantage penser à quelque symphonie de Wilms ou Herschel.
Beaucoup plus connu naturellement, le Premier Concerto (1762) de Joseph Haydn (1732-1809), qui, depuis qu’il a été redécouvert en 1961, fait aujourd’hui figure de passage obligé pour tout interprète, dans les pas et l’ombre des plus grands, notamment Mstislav Rostropovitch. L’orchestre fait ici son entrée avec une grande noblesse, permettant au violoncelle d’accentuer les contrastes de sa partie, puisque Sol Gabetta alterne avec beaucoup de soin sons râpeux et ligne mélodique parfaitement claire, jouant également sur une dynamique de nuances des plus convaincantes. L’Adagio est superbe, soliste et musiciens d’orchestre prenant tout leur temps dans ce prélude à un troisième mouvement virevoltant, magnifiquement égayé par les toujours aussi agréables sonorités du pianoforte.
La troisième et dernière œuvre au programme paraît plus étonnante puisqu’il s’agit de l’arrangement, pour violoncelle et orchestre du célèbre Concerto pour flûte en ré majeur de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). On connaissait déjà l’interprétation du concerto par un hautbois, transposé en ut, mais par un violoncelle. Mais n’a-t-on pas entendu pire extravagance comme, entre autres exemples, le Concerto pour violon de Beethoven adapté pour clarinette et orchestre? Et, la première surprise passée, c’est avec un naturel confondant que l’on écoute ce concerto sous les doigts et l’archet de Sol Gabetta dont le jeu, sans fioriture et sans vibrato excessif, nous fait entendre une œuvre dont on se demande comment il se fait qu’on ne l’a jamais entendue auparavant jouée autrement que sur un instrument à vent. Au diapason de la jeune soliste, l’Orchestre de chambre de Bâle fait preuve d’une très grande adresse dans son jeu, concluant ainsi de la plus belle manière un disque de tout premier ordre.
Le site de Sol Gabetta
Le site de l’Orchestre de chambre de Bâle
Sébastien Gauthier
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