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02/21/2011 Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Concerto pour violon, opus 35
Antonín Dvorák : Concerto pour violon, opus 53, B. 108
Ida Haendel (violon), Sinfonie-Orchester des Süddeutschen Rundfunks, Hans Müller-Kray (direction)
Enregistré à Stuttgart (8 janvier 1960 [Tchaïkovski] et 21 septembre 1965) – 64’56
Hänssler Classic 94.205 (distribué par Intégral)
Felix Mendelssohn : Concerto pour violon n° 2, opus 64
Jean Sibelius : Concerto pour violon, opus 47
Ivry Gitlis (violon), Orchestre national de l’Opéra de Monte-Carlo, David Josefowitz, Antonio de Almeida [Sibelius] (direction)
Date et lieu d’enregistrement non précisés (Monte-Carlo, juin 1978) – 52’37
Doron Music DRC 4013 (distribué par Intégral)
Ces enregistrements âgés de trente à cinquante ans n’avaient jamais été édités jusqu’alors (ou ne l’avaient été que bien discrètement). Les violonistes qui en sont les vedettes ont non seulement joué ensemble mais possèdent bien des points communs: octogénaires ayant toujours bon pied bon œil, issus de familles originaires d’Europe orientale (Pologne et Ukraine), marqués tous deux notamment par les géants Carl Flesch et Georges Enesco, ils ont vaincu les vicissitudes du siècle passé pour imposer des personnalités auxquelles la couverture de ces disques peut légitimement prêter respectivement des «historical recordings» et la qualité de «Legendary Artist» (avec deux majuscules).
Fidèle à son partenariat avec la Radio de l’Allemagne du Sud (SWR), Hänssler poursuit son travail de diffusion des bandes enregistrées par Ida Haendel (née en 1928, ou 1923 selon les sources) entre 1953 et 1967 sous la direction de Hans Müller-Kray (1908-1969), en poste à Stuttgart de 1948 à sa mort. Si elle s’est illustrée dans des concertos plus rares (et monumentaux), tels ceux de Reger et Pettersson, la violoniste britannique, accompagnée de façon inégalement convenable et inspirée, se présente dans deux œuvres qu’elle avait précédemment gravées à Londres, comme le rappelle la notice (en allemand et en anglais): sous la direction de Basil Cameron en 1945 (Dutton) puis d’Eugene Goossens en 1953 (Testament) pour le Concerto (1878) de Tchaïkovski, sous la direction de Karl Rankl en 1947 (Dutton) pour le Concerto (1880) de Dvorák. Le jeu n’est toujours pas impeccable, la justesse laisse parfois à désirer, de même que quelques dérapages, et le style se révèle plus déboutonné qu’en studio, avec un archet un tantinet sucré se livrant volontiers à des portamenti en forme de clins d’œil, mais la manière enflammée dont elle s’approprie les partitions, et plus particulièrement celle de Dvorák, fait chaud au cœur.
Comme Philips pour les Caprices de Paganini, Doron Music publie trois décennies plus tard le témoignage d’Ivry Gitlis (né en 1922) dans deux concertos, le Second (1844) de Mendelssohn et celui de Sibelius (1905), qui faisaient déjà partie de la série réalisée à Vienne pour Vox, respectivement sous la direction de Hans Swarowsky (1954) et de Jascha Horenstein (1955). Cette seconde mouture, que la discographie établie par Jean-Michel Molkhou situe à «ca 1974» et d’autres sources en juin 1978, n’apporte toutefois pas grand-chose à sa «légende». Entre les mains de David Josefowitz (né en 1918) et d’Antonio de Almeida (1928-1997), le Philharmonique de Monte-Carlo, dont le directeur musical était alors Lovro von Matacic, ne se montre pas sous un visage très favorable, d’autant qu’il est desservi par une prise de son lointaine, criarde et réverbérée, mais le violoniste israélien, plus favorisé par les micros, se donne à fond et ne manque pas de punch, particulièrement dans Sibelius. Toutefois, trop de facilités, d’approximations et de difficultés de mise en place réservent avant tout aux aficionados de Gitlis ce disque au minutage bien court. Quant à la notice (en anglais, français et allemand), elle se disqualifie par ses considérations spécieuses (la musique de Mendelssohn «n’atteint pas la grandeur de celle d’un Beethoven», «Sibelius, dont on connaît surtout la célèbre Valse triste»).
Une page consacrée à Ida Haendel
Simon Corley
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