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12/28/2010
Antonio Vivaldi : Concertos en sol majeur RV 151 «Alla rustica», en la mineur RV 356, opus 3, n° 6 en ré majeur RV 230, opus 3 n° 9, en sol majeur RV 310, opus 3 n° 3, en mi majeur RV 271 «L’Amoroso», pour violoncelle en si mineur RV 424, pour deux violons RV 522, opus 3 n° 8, et pour quatre violons en si mineur RV 580, opus 3 n° 10

Les Solistes français, Paul Rouger (violon solo et direction)
Enregistré les 30 et 31 octobre 2008 – 68’26
Loreley LY034 (distribué par Harmonia Mundi) – Notice bilingue (français et anglais)





Une des conséquences de la notoriété d’un compositeur est de se voir interprété par une pléthore de musiciens qui, de ce seul fait, vous font immanquablement parcourir une échelle qui va du sublime à l’innommable. En l’espèce, disons simplement que l’on est atterré par ce que l’on écoute tant l’interprétation s’avère honteuse à tous points de vue!


Les Parisiens ont l’habitude de voir, sur des affiches placardées à travers la capitale, des concerts donnés par l’ensemble des Solistes français, notamment à la Sainte-Chapelle ou à Saint-Germain-des-Prés. Issus des rangs de l’ancien Orchestre symphonique français, une dizaine de musiciens dirigés par Paul Rouger (qui est également premier violon solo de l’Orchestre Colonne) ont donc constitué un ensemble qui interprète le grand répertoire baroque et classique, passant ainsi allégrement des Quatre Saisons à la Petite musique de nuit sans oublier l’Adagio d’Albinoni ou la Grande sarabande de Händel. Le présent disque se veut une exploration de L’Estro Armonico, ensemble de douze concertos dus à la plume d’Antonio Vivaldi (1678-1741) et publié à Amsterdam en 1711. En vérité, sur les huit concertos présentés ici, seuls cinq d’entre eux sont issus du célèbre recueil: les trois autres sont, pour leur part, puisés dans le large catalogue du Prêtre roux, à commencer par le très beau Concerto RV 151 «Alla rustica».


Peu importe en vérité puisque, quel que soit le concerto retenu, les Solistes français en donnent une interprétation affligeante à tous égards. Que doit-on critiquer en premier lieu? Le manque flagrant de justesse non seulement du soliste (les trilles dans le Presto du Concerto RV 356 ou dans le premier Allegro du Concerto RV 230) mais aussi de l’ensemble des musiciens (le second Allegro du Concerto RV 310 par exemple)? Le style même de l’interprétation qui alterne la rapidité caricaturale dans le premier mouvement du Concerto «Alla rustica» (comme si jouer rapidement suffisait à faire baroque) avec le manque évident de charme: comment peut-on jouer de cette façon le si poignant Larghetto du Concerto RV 230? La pauvreté du son est accrue par des conditions techniques d’enregistrement qui confinent à l’amateurisme: d’où vient, mais ce n’est qu’un faible reproche au regard des autres critiques pouvant être formulées, cette volonté systématique de prolonger l’écho des dernières notes des seuls violoncelles? La pauvreté de l’interprétation au sens propre du terme nous donne ainsi à entendre d’évidentes faiblesses techniques – Paul Rouger ayant ainsi bien du mal à tenir la distance sur le premier Allegro du Concerto RV 230 et David Harlé patinant à longueur de temps dans l’Allegro non molto de l’unique concerto pour violoncelle du disque – et une verdeur orchestrale (le premier Allegro du Concerto «L’Amoroso») qui nous plonge dans une atmosphère à mille lieues de celle que doit normalement nous suggérer la musique de Vivaldi.


On l’aura compris: voici un disque à fuir. Retournons rapidement écouter l’ensemble de L’Estro Armonico par Trevor Pinnock chez Archiv (avec un Simon Standage impérial à chaque note) ou, pour ce qui est du seul Concerto RV 271, le toujours aussi convainquant Claudio Scimone chez Erato ou, enfin, pour le Concerto pour quatre violons RV 580, Viktoria Mullova et ses comparses (chez Onyx): là au moins, on entend de la musique! Là au moins, on rend un juste hommage à Vivaldi!


Le site des Solistes français


Sébastien Gauthier

 

 

 

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