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11/08/2010
«Cantate per il SS:MO Natale»
Alessandro Stradella : Sonate pour violon – Si apra al riso – Ah! Troppo è ver

Lavinia Bertotti, Barbara Zanichelli, Emanuela Galli (soprano), Roberto Balconi (alto), Maurizio Sciuto (ténor), Carlo Lepore (basse), Orchestra barocca della Civica Scuola di Musica di Milano, Enrico Gatti (direction)
Enregistré à l’église paroissiale de Collegara, Modène (21-23 décembre 1997) – 66’50
Arcana A 331 (distribué par Harmonia mundi) – Notice exhaustive en quatre langues (italien, anglais, français et allemand) de Carolyn Gianturco et traduction des textes chantés





Destin tragique que celui d’Alessandro Stradella (1639-1682). Celui-ci exerça auprès de plusieurs cours princières, notamment à Rome, où il arrive à la fin de l’année 1666. Il y découvre le monde de l’opéra, participant à l’occasion à la mise en scène d’opéras de ses contemporains (Scipione de Cavalli ou Tito de Cesti), composant également des intermèdes destinés à s’y insérer. Auteur d’une œuvre conséquente (instrumentale mais essentiellement vocale), il est poursuivi à Turin par les hommes d’un patricien vénitien jaloux, Stradella ayant eu une aventure avec sa femme et s’étant enfui de la Sérénissime avec elle: laissé pour mort, il se remet pourtant de ses blessures (1677). Une autre péripétie dont on ne sait presque rien (nouvelle aventure amoureuse? affaire d’argent?) le conduit finalement à être assassiné à Gênes en février 1682!


Comme le souligne très bien Carolyn Gianturco dans la notice exemplaire de ce disque, on ne connaît pas bien le contexte de composition de ces cantates, toutes deux destinées aux fêtes de Noël. Datant vraisemblablement de 1675, la première d’entre elles, Si apra al riso («Que chaque bouche s’ouvre au rire»), fait intervenir trois bergers respectivement tenus par une soprano (Lavinia Bertotti), un alto et une basse. Le premier d’entre eux invite ses compagnons à se réjouir. Devant leur incompréhension, il leur annonce la naissance du divin Enfant («La cagion d’ogni gioia è il gran Natale di fanciullo reale»: «La cause de toute joie est l’auguste naissance de l’enfant royal»), chacun pouvant ensuite dire ce qu’il attend d’une si grande nouvelle. Le chant est évidemment de tonalité joyeuse, n’hésitant pas à regarder du côté du théâtre, les deuxième et troisième bergers lançant ainsi des «Perché?» («Pourquoi?»), «Come?» («Comment?») et «Chi?» («Qui?») tous plus interrogatifs et incrédules les uns que les autres. Les duos entre Roberto Balconi et Carlo Lepore s’avèrent être du plus bel effet, exprimant avec une douceur radieuse la félicité que représente la naissance de Jésus. Signalons d’ailleurs que les chanteurs sont plus particulièrement agréables à écouter lorsqu’ils chantent en chœur, répétant les uns après les autres les mêmes paroles, chantant à la suite les uns des autres ou en canon: le passage «In cui sorge» au sein du premier madrigal en est un bel exemple, de même que le deuxième madrigal «Temer più non lice», déclamé sans aucun accompagnement instrumental. Soulignons, à ce titre, le fait que celui-ci s’avère très modeste de manière générale: deux violons, une basse continue, l’ensemble instrumental se fondant parfaitement dans le climat apaisé instauré par les trois chanteurs. Précisons enfin que l’inclusion de trois ritournelles, servant ainsi de pause aux voix, permet d’entendre les musiciens seuls: la très faible réverbération de l’église paroissiale de Collegara contribue pleinement à la réussite de l’interprétation.


Basée sur le récit de la nativité tel que l’a fait Saint Luc, la seconde cantate proposée ici, Ah! Troppo è ver («Ah! Ce n’est que trop vrai»), fait intervenir un plus grand nombre d’acteurs que la précédente. Celle-ci débute par l’intervention de Lucifer qui, après s’être plaint des tourments que certains veulent bien lui faire subir (quel paradoxe!), demande aux Furies de le servir fidèlement en le tenant informé de ce qui se passe ici-bas, inquiet d’avoir à faire à un potentiel rival (le futur Jésus). Cette longue introduction n’est qu’un prétexte pour nous conduire chez les bergers qui, avertis par les Anges de l’heureux Evénement, rendent tour à tour hommage à la Vierge Marie et à l’enfant Jésus qui vient de naître. Débutant par une longue sinfonia, la cantate nous permet d’entendre de nouveau l’excellent Carlo Lepore, qui incarne parfaitement le rôle de Lucifer. Emanuela Galli chante avec beaucoup de justesse le rôle de l’Ange annonciateur de la bonne nouvelle, suscitant là aussi interrogation puis félicité des deux bergers. Après que la Sainte Vierge et Joseph se sont à leur tour exprimés, c’est enfin dans un très beau chœur que toutes les voix se mêlent pour louer la force du Ciel sur celle des Ténèbres.


Signalons enfin que le disque, même si là n’est pas son objet principal, rend également hommage à l’œuvre instrumentale de Stradella en nous permettant d’entendre une Sonate où brillent deux violons, accompagnés par les autres musiciens de l’ensemble. Remarquablement conduits par Enrico Gatti, ils illustrent à leur tour et à leur mesure combien Stradella était talentueux et nous font d’autant plus regretter qu’il n’ait pas vécu plus longtemps.


Le site de l’orchestre baroque della Civica Scuola di Musica di Milano
Le site de Barbara Zanichelli


Sébastien Gauthier

 

 

 

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