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09/26/2010
Bernd Alois Zimmermann : Concerto pour violon – Canto di speranza, cantate pour violoncelle et petit orchestre – «Ich wandte mich und sah an alles Unrecht, das geschah unter der Sonne», Ekklesiastische Aktion pour deux récitants, basse solo et orchestre

Thomas Zehetmair (violon), Thomas Demenga (violoncelle), Gerd Böckmann & Robert Hunger-Bühler (récitants), Andreas Schmidt (basse), WDR Sinfonieorchester Köln, Heinz Holliger (direction)
Enregistré à la Philharmonie de Cologne (2005) – 78’
CD ECM New Series 476 688-5






L’œuvre tardif de Zimmermann a beaucoup contribué à fixer pour la postérité une image de musicien crépusculaire, creusant jusqu’à l’obsession un registre expressif à base de cris de détresse, de lambeaux de bande magnétique et de ponctuations bizarres de guitare électrique ou de scie musicale. Un univers d’asile psychiatrique intéressant mais non pleinement représentatif, qui a biaisé notre perception de ce compositeur essentiel, dont les monumentaux Die Soldaten restent une œuvre lyrique phare du siècle dernier, et dont ici le Concerto pour violon (1950) nous révèle encore un autre aspect, cette fois de créateur en devenir marqué à l’instant par Bartok et Chostakovitch, qui manie un idiome encore tonal avec déjà une véritable personnalité. Magnifiquement servi par Thomas Zehetmair ce Concerto pour violon peut s’écouter d’une traite : une partition peu divertissante mais d’une indéniable hauteur d’inspiration, dont les éclats et les lambeaux mélodiques s’épanchent avec aplomb. Voilà sans doute un concerto important, trouvaille à mettre au crédit d’un éditeur toujours fervent de curiosités vendables qui dépassent le marché de niche habituel de la musique contemporaine savante.


Ambiance raréfiée et déjà plus caractéristique, avec ses ponctuations de percussions fugitivement jazzy, pour le Canto di speranza, poème musical qui laisse s’exprimer le violoncelle avec ses moyens les plus chaleureux, en reléguant en réserve toute âpreté trop démonstrative. Le terreau nourricier semble ici davantage webernien (ce dont le titre un peu insolite de « Cantate » semble aussi attester) pour cette structure en arche d’une impeccable logique interne. Là encore probablement un grand concerto pour le répertoire de demain, déjà enregistré notamment en 1989 par Heinrich Schiff et Michael Gielen.


En complément, près de 40 minutes d’une « Action ecclésiastique» d’après Dostoïevsky dont on laisse imaginer l’ambiance, rien moins que sinistre. Du très bon Zimmermann, cela dit, qui sait manier les voix (magnifique cantilène initiale, chantée par le solide Andreas Schmidt) mais aussi torturer les proférations parlées jusqu’au cri, éructations gutturales d’une langue allemande parfois désagréable au tympan. Une sorte de théâtre musical intériorisé dont certains aspects un peu datés n’oblitèrent pas un vrai savoir-faire, et qui formerait certainement avec Il Prigoniero de Dallapiccola un couplage intéressant pour une soirée «à thème». Rien n’y est anodin, avec simplement des longueurs et des répétitions qui peut-être ne s’imposaient pas. La noirceur d’une telle pièce de résistance déséquilibre ce CD, qui reste prioritairement recommandable pour ses deux concertos initiaux.


Laurent Barthel

 

 

 

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