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08/24/2010
Salvatore Sciarrino : Notturni – Due Notturni crudeli – De la nuit
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit
Ciro Longobardi (piano)
Enregistré au Studio Ars Ludi, Rome (mai 2008) – 61’16
Stradivarius STR 33835 (distribué par DistrArt)
Centré sur le thème de la nuit, qui continue à inspirer les musiciens, cet album tout de bleu associe le Gaspard de la nuit de Ravel à des œuvres également pour piano de Salvatore Sciarrino (né en 1947). Imparfaitement traduite de l’italien, la notice, qui comporte, fait assez rare pour être signalé, des exemples musicaux, reproduit une discussion pointue et conceptuelle entre ce dernier et son interprète, Ciro Longobardi, présenté comme un spécialiste de la musique contemporaine.
Le compositeur explique dans quelle mesure la musique de Ravel l’a inspiré, au point d’avoir conçu un De la nuit (1971) qui, en un peu plus de cinq minutes, déconstruit et reconstruit des passages du Gaspard de la nuit. Le résultat évoque ces portraits déformés de Picasso mais le résultat de cet exercice présente malgré tout quelque intérêt. Les Notturni se distinguent, en revanche, par un langage autrement plus avancé. De l’aveu même de Salvatore Sciarrino, le premier des Due Notturni crudeli (2001), entre musique et bruit, est même radical sur le plan du timbre et de la structure. Jouant sur le son et la résonance, les quatre Notturni (1998) forment un tout cohérent. La séduction des deux premiers paraît peu évidente: musique (volontairement) sèche, brute, répétitive voire pauvre. Obsessionnel et accordant au silence une importance particulière, le troisième présente une matière moins primitive. Ce cycle déconcertant, mais creusant les possibilités de l’instrument, s’achève sur un Notturno plus mobile et riche de texture.
Dans Gaspard de la nuit, qui met un terme à cette expérience, Ciro Longobardi ne manque pas d’imagination mais d’un peu de pouvoir de suggestion. Il manifeste un souci certain d’intelligibilité mais l’intérêt de ce disque repose moins sur cette énième lecture malgré tout un peu carrée que sur la confrontation de ce chef-d’œuvre avec la musique du compositeur italien.
Le site de Ciro Longobardi
Sébastien Foucart
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