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08/19/2010
Franz Schubert : Impromptus, D. 899 et D. 935

Alexei Lubimov (piano)
Enregistré en l’église Doopsgezinde Gemeente de Haarlem (13 et 14 juillet 2009) – 65’37
ZigZag Territoires ZZT 100102 (distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français et anglais





Révolution sous le soleil schubertien... Il fallait l’intégrité artistique et le talent incontestable d’Alexei Lubimov (né en 1944), dont la carrière a, depuis une trentaine d’années déjà, pris le tournant du renouveau de la musique sur instruments anciens (dont il fut le précurseur en Union soviétique), pour oser les Impromptus (1827) de Schubert sur un pianoforte. Un pianoforte... ou plutôt deux: il a, en effet, choisi un Matthias Müller de 1810 pour les quatre premiers et un Josef Schantz de 1828 ou 1830 (les deux dates étant mentionnées sur la pochette) pour les quatre derniers, les deux instruments ayant été restaurés par Edwin Beunk à Enschede aux Pays-Bas. Si le second est manifestement plus élaboré dans son mécanisme et sa sonorité, il présente également une sonorité plus anonyme que le Müller et des distorsions sonores parfois gênantes.


Il y a treize ans, lors d’un concert à Moscou (lire ici), ConcertoNet relevait déjà qu’Alexei Lubimov dispensait, dans ces Impromptus, «un son proche d’un instrument ancien, un peu sec, un peu "baroqueux", qui surprend dans une pièce romantique». C’est dire que le pianiste russe a pris le temps de faire mûrir son projet et de choisir les instruments anciens les plus adaptés à sa démarche d’interprète. Les amateurs du genre y trouveront bien des satisfactions. On bute de notre côté sur les limites criantes de ces pianofortes, alors que domine le sentiment que le soliste adapte son jeu aux possibilités techniques de son instrument. Eternel conflit des moyens et des fins?


On reste en tout cas gêné par cette sonorité courte en résonnance – pâteuse par moments (une main gauche comme atrophiée, qui plombe l’Impromptu en sol bémol majeur, des triolets laborieux dans l’Impromptu en mi bémol majeur) –, par ces bruits mécaniques douteux, qu’on entend notamment dans l’Impromptu en la bémol mineur (le plus réussi des huit, celui où les options interprétatives d’Alexei Lubimov s’accordent le mieux avec la facture instrumentale pour dégager souffle et mobilité). Tout l’Opus 142, en revanche, est plongé dans une certaine monotonie, qu’on attribue d’abord aux capacités physiques du Joseph Schantz: des accords «clavecinés», sans impact ni arrière-plans, des notes aiguës étouffées et exsangues, des arpèges tirés comme une vieille charrue... Alexei Lubimov est un artiste intègre, n’en doutons pas un instant. Ses intentions comme la probité de sa démarche sont dignes de respect. Le résultat, lui, apporte bien des frustrations.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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