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07/12/2010
Johann Sebastian Bach : Six suites pour violoncelle, BWV 1007 à BWV 1012

Tatjana Vassiljeva (violoncelle)
Enregistré au studio Tibor Varga de Sion (2008) – 143’12
Notice trilingue (français, anglais et allemand) de Rodolphe Bruneau-Boulmier
Album de deux disques Mirare MIR 086 (distribué par Harmonia mundi)





«Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années» clamait Rodrigue: c’est immédiatement ce que l’on a envie de dire en prenant ce double disque dans les mains! Alors que le grand Pablo Casals travailla les Suites pour violoncelle treize années durant avant d’oser les jouer en public, alors que Mstislav Rostropovitch attendit le soir de sa vie pour enfin les enregistrer officiellement (chez EMI), les jeunes virtuoses du violoncelle n’hésitent plus aujourd’hui à gravir ce monument alors qu’ils connaissent tout juste la célébrité. Après Jean-Guihen Queyras et le jeune Sebastian Klinger, voici donc la non moins juvénile Tatjana Vassiljeva qui, à son tour, enregistre ce qui symbolise le passage obligé de tout violoncelliste à un moment ou à un autre de leur carrière, en concert comme au disque. Lauréate en 2001 du prestigieux prix Rostropovitch, jouant dès à présent avec les chefs et les orchestres du monde entier, rompue à la musique de chambre, elle possède a priori tous les atouts pour interpréter avec succès ces fameuses Suites.


Datant vraisemblablement des années 1727-1729, elles témoignent encore une fois du génie de Johann Sebastian Bach (1685-1750) tant elles frappent par leur diversité et leur caractère dansant (contrairement aux Sonates et Partitas pour violon seul qui exploitent davantage l’univers de la pure mélodie). Sans pour autant céder aux poncifs, peut-on dire que l’interprétation de Tatjana Vassiljeva frappe avant tout par sa féminité? En effet, dès le célébrissime Prélude de la Première suite, on ressent une incontestable douceur dans ces légers ralentis, dans ces notes que l’on ose à peine attaquer, dans ces montées en puissance qui, finalement, n’explosent pas (on pense à Tortelier!) mais, au contraire, s’épanouissent dans une atmosphère tout en délicatesse. Cela n’empêche naturellement pas Tatjana Vassiljeva de faire montre de volontarisme dans les traits (la Gigue de la Première suite) mais, incontestablement, c’est la plénitude sonore qui l’attire au premier chef (superbe Sarabande de la Deuxième suite). On doit, à ce titre, apprécier à sa juste mesure l’effacement dont elle fait preuve, lorsqu’elle laisse une note flotter en l’air, attendant que le son produit s’évanouisse définitivement avant de jouer les suivantes (l’Allemande de la Sixième suite par exemple). La Troisième suite est peut-être la plus réussie dans la mesure où elle alterne avec un grand équilibre une atmosphère grave et réfléchie (la Sarabande, qui joue si habilement avec les silences) et la danse, dont le caractère transparaît à merveille dans les Bourrées I et II (on écoutera également celles, beaucoup plus connues, de la Quatrième suite) et, surtout, dans la Gigue conclusive.


La jeune violoncelliste adopte un jeu qui, parfois semble manquer de souplesse, mais se révèle extrêmement travaillé: chaque note est véritablement pensée et la partition gagne alors en application ce qu’elle perd peut-être en spontanéité. C’est peut-être pour cette raison, tout en soulignant l’indéniable réussite de ce disque, que l’on préfèrera en rester au bouleversant Pierre Fournier (Deutsche Grammophon) dont la liberté de jeu continue, cinquante ans tout juste après son enregistrement, de nous étonner et de nous émouvoir.


Le site de Tatjana Vassiljeva


Sébastien Gauthier

 

 

 

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