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06/23/2010
« Aux sources du jeune Bach »
Œuvres pour clavecin de Reincken, Buxtehude, Froberger, Kerll et Bach

Céline Frisch (clavecin)
Enregistré à Paris (2008) – 71’14
Alpha 149 (distribué par Harmonia mundi)






Ce programme passionnant imaginé par Céline Frisch semble être issu d’une rêverie autour de la célèbre anecdote : Bach enfant orphelin recueilli par son frère aîné aurait copié nuitamment, à la seule lueur de la lune, les partitions que ce dernier lui interdisait et conservait sous clef, jusqu’à constituer un gros cahier que le méchant frère finit par découvrir et confisquer. Que contenait ce cahier ? Probablement certaines des partitions ici gravées, qui servirent de source d’inspiration à Bach pour se forger son style, et tout d’abord celles de Froberger (1616-1667), le premier maître de clavier, qui parcourut l’Europe et œuvra à la réunification des goûts italien, français et allemand. Son esprit inquiet et mélancolique, hanté par l’approche de sa mort précoce, transparaît ici dans sa Toccata n° 2 en mineur, et sa Suite n° 2 en ré mineur, toutes deux du Livre de 1649, musiques désolées parées de chromatismes douloureux. Son disciple Johann Kaspar Kerll (1627-1693) semble plus apaisé dans sa Suite en fa majeur, mais son ample Passacaglia, d’une belle inventivité, aux audacieuses dissonances, anticipe bien des chefs-d’œuvre de Bach. Johann Adam Reincken (1623-1722), que Bach allait écouter à Hambourg, se permet dans sa Toccata en sol majeur d’enchaîner de surprenants passages fantaisistes, et notamment de beaux passages interrogatifs. Enfin Dietrich Buxtehude le nordique (1637-1707), dont l’œuvre pour clavecin n’a été redécouverte qu’après 1940, est ici représenté par une Suite à la française, celle en do majeur (BuxWV 226), qui comporte deux Sarabandes joliment rêveuses.


Ces partitions sont confrontées à quelques compositions du jeune Bach, beaucoup plus célèbres et particulièrement empreintes de fantaisie : les Toccatas en mi mineur et sol mineur (BWV 914 et 915), et le Capriccio sopra lontananza del fratello diletissimo (BWV 992). L’auditeur peut donc s’amuser à reconnaître les héritages de ces prédécesseurs, et la manière dont son génie de l’invention et de la construction les transcende pour procurer à la musique une force et une grandeur jusque là inédites. L’interprétation de Céline Frisch est magnifique de vie et de virtuosité, le « clavecin allemand » d’Anthony Sidey sonne de manière joliment charnue, magnifié par une superbe prise de son, et le tout bénéficie du soin éditorial superlatif d’Alpha.


Philippe van den Bosch

 

 

 

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