Back
03/10/2010 Erich Wolfgang Korngold : Violanta, opus 8
Walter Berry (Simone Trovai), Eva Marton (Violanta), Siegfried Jerusalem (Alfonso), Horst R. Laubenthal (Giovanni Bracca), Gertraut Stoklassa (Bice), Ruth Hesse (Barbara), Manfred Schmidt (Matteo), Heinrich Weber (Erster Soldat), Paul Hansen (Zweiter Soldat), Karin Hautermann (Erste Magd), Renate Freyer (Zweite Magd), Bayrischer Rundfunkchor, Heinz Mende (chef de chœur), Münchner Rundfunkorchester, Marek Janowski (direction)
Enregistré à Munich (1980) – 73’41
Sony 88697576502
La nouvelle série de rééditions publiées dans la collection mid-price «Sony Opera House» privilégie les ouvrages italiens, de Rossini à Giordano en passant par Donizetti, Verdi, Puccini, Catalani, Leoncavallo et Mascagni – certains d’entre eux seront prochainement chroniqués sur ce site. Violanta (1915) de Korngold risque donc de passer inaperçu... bien que se déroulant à Venise: ce serait pourtant fort dommage, car cet enregistrement, à l’origine un coffret CBS Masterworks de deux disques noirs, demeure le seul de cet opéra en un acte (sept scènes) signé d’un compositeur âgé alors de 18 ans, qui avait achevé l’année précédente son premier essai dans le domaine lyrique, L’Anneau de Polycrate, créé le même jour à Munich sous la direction de Bruno Walter.
C’est précisément de la capitale bavaroise que vient ce disque, réalisé voici tout juste trente ans. Cinq ans plus tôt, George Korngold (1928-1987) y avait également déjà produit la référence moderne du plus célèbre des opéras de son père, La Ville morte (RCA, rééditée dans une précédente livraison de «Sony Opera House»), dont Maria Jeritza fut la créatrice, quatre ans après avoir endossé le rôle-titre de Violanta. En 1980, l’entreprise n’en demeurait pas moins audacieuse, car l’heure du retour en grâce des épigones straussiens et de la «musique dégénérée» mise au ban par le Troisième Reich n’avait alors pas encore sonné.
Conformément aux standards d’une telle collection, la notice ne reproduit ni le livret, ni les textes de Karl Böhm et de Christopher Palmer qui accompagnaient la première édition en 33 tours et la première réédition en disque compact, mais se contente de fournir un résumé de l’action (en anglais, français et allemand). Le livret de Hans Müller-Einigen (1882-1950), qui collabora à nouveau Korngold douze ans plus tard pour Le Miracle d’Héliane, propose une variante raffinée du schéma classique dans lequel le baryton (le mari) empêche le ténor (l’amant) d’aimer la soprano (la femme). Située au XVe siècle durant une nuit de carnaval, l’action est riche en atmosphères capiteuses et sentiments exacerbés, arrière-plan idéal pour la luxuriance vocale et orchestrale du postromantisme triomphant. L’œuvre n’est pas aussi souvent montée – c’est un euphémisme – que La Ville morte et la discographie n’offre aucun point de comparaison. Mais la réunion des grandes voix de l’époque (Berry, Marton, Jerusalem) et d’un chef d’opéra particulièrement à l’aise dans ce répertoire, magnifiant une partition à tous égards splendide, assure à cette version une place qui n’est sans doute pas près d’être concurrencée.
Simon Corley
|