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02/26/2010 Robert Schumann : Novelletten, opus 21 – Kinderszenen, opus 15 – Humoreske, opus 20 – Arabeske, opus 18 – Blumenstück, opus 19 – Drei Romanzen, opus 28 – Nachtstücke, opus 23 Piet Kuijken (pianoforte)
Enregistré au Conservatoire de Bruxelles (mai 2007 et septembre 2009) – 144’26
Un double album Fuga Libera FUG562 (distribué par Harmonia mundi)
Interpréter la « Génération 1810 » sur instruments d’époque n’étonne plus : Cyril Huvé dans Mendelssohn et Arthur Schoonderwoerd dans Chopin ont récemment montré au disque, respectivement sur un Broadwood de 1840 et un Pleyel de 1836, que des lectures historiquement informées peuvent côtoyer sans complexe les références sur piano moderne. Professeur au Koninklijk Conservatorium de Bruxelles, dont la Grande Salle orne la couverture, et auteur d’une notice (en français, néerlandais et anglais) aussi copieuse que documentée, Piet Kuijken (fils de Wieland) interprète Robert Schumann sur un Johann Baptist Streicher de 1850, facteur que le compositeur tenait en haute estime. Manié avec tact, ce pianoforte séduit sans réserve, sa dynamique et sa sonorité, en aucune façon rachitique, se révélant adéquates pour cette musique.
Ce double album se concentre sur les années 1838 et 1839, qui précèdent le mariage avec Clara, période représentative de l’écriture de Schumann fondée sur une instabilité dynamique et tonale, une alternance, souvent au sein du même recueil, d’ombre et de lumière, de sérénité et de tourments. Piet Kuijken livre à cette occasion le résultat d’un travail de recherche axé sur les sources musicales et historiques, le contexte historique, l’analyse des partitions et enfin l’exécution sur le Streicher proprement dit. En tirant magnifiquement parti de ce dernier, il capte avec acuité l’essence du compositeur à travers sept partitions, certaines méconnues ce qui fait prendre conscience qu’au contraire de Chopin, également célébré cette année, son œuvre pour piano comporte de larges zones somme toute peu explorées. Si les Scènes d’enfants, l’Arabesque et le Blumenstück jouissent d’une certaine popularité, qu’en est-il des Novelettes, de l’Humoresque, des Trois romances et des Pièces nocturnes ? Les trois premières bénéficient de la délicatesse, de l’articulation naturelle et du toucher savoureux dispensés par l’interprète. Les quatre autres s’écoutent avec intérêt grâce à une science aiguë de l’architecture et de la caractérisation. Sans faute de style, Piet Kuijken dompte les humeurs et les climats si versatiles et singuliers de cette musique parfois insaisissable. Les schumanniens et les amateurs de vieux instruments ne manqueront pas cette publication soigneusement présentée, comme d’habitude chez Fuga Libera.
Sébastien Foucart
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