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02/20/2010 Giacinto Scelsi collection vol. 3
Giacinto Scelsi : Aiôn – Hymnos – Quattro pezzi per orchestra (ciascuno su una nota) – Ballata Francesco Dillon (violoncelle), Ensemble di percussioni Naqqara, Orchestra sinfonica nazionale della RAI, Tito Ceccherini (direction)
Enregistré à l’Auditorium de la RAI à Turin (septembre 2007) – 64’
Stradivarius STR 33803 (distribué par Distrart)
La Fondation Isabella Scelsi et le label Stradivarius s’emploient à faire découvrir Giacinto Scelsi (1905-1988) au moyen d’une collection de nouveaux enregistrements, la première réalisée en Italie. L’initiative est louable bien que le compositeur soit de mieux en mieux connu, en particulier grâce à une génération de créateurs qui s’en réclament parmi lesquels Tristan Murail, Gérard Grisey et Michael Levinas. Le troisième volume rassemble quatre œuvres pour orchestre écrites de 1945 à 1963 soit pendant la période qui a vu naître l’essentiel des partitions pour formations symphoniques.
La plus ancienne, Ballata, pour violoncelle et orchestre, montre le fossé séparant l’écriture du compositeur avant et après sa crise spirituelle des années 1940 au début des années 1950, de laquelle il sort armé d’une nouvelle conception de son art, axée sur les recherches sur le son et les textures. Ces quinze minutes aux contours nets et d’une séduction relativement immédiate s’avèrent moins expérimentales et avant-gardistes, mais non moins complexes, que Aiôn (1961), Hymnos (1963) et les Quatre pièces pour orchestre (1959). Cet aspect rapproche Scelsi d’un autre aventurier des sons, Iannis Xenakis, qui s’est au contraire davantage concentré sur les formations de grande taille et ce tout au long de sa carrière. Cet «expérimentateur, poète et voyageur de notre temps», comme l’écrit joliment Nicola Sani, président de la fondation, exige de la disponibilité pour l’apprivoiser. Mais sa musique, insaisissable, tellurienne, semblant provenir du fond des âges, est bien celle d’un des créateurs les plus originaux et essentiels du siècle dernier. Dirigé par Tito Ceccherini, l’Orchestre symphonique national de la RAI l’affronte la tête haute et avec conviction.
Traduite en charabia de l’italien («caméristique», mieux «caméristiquosolistique», «compositive», «intervallique», «cause engendrante», «dimension matérique»), la copieuse, ardue et obscure notice n’aidera pas le novice, voire le mélomane de bonne volonté, à mieux comprendre ce compositeur atypique.
Sébastien Foucart
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