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01/02/2010
Alexander Goehr : Metamorphosis/Dance, opus 36 – Romanza pour violoncelle et orchestre, opus 24 – ...a musical offering (J.S.B. 1985)..., opus 46 (#) – Behold the Sun, opus 44a (#) – Lyric Pieces, opus 35 (#) – Sinfonia, opus 42 (#)

Jeanine Thames (soprano), Moray Welsh (violoncelle), Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, London Sinfonietta (#), David Atherton, Oliver Knussen (#) (direction)
Enregistré à Liverpool (21-22 juin 1981 [Romanza, Metamorphosis/Dance]) et à Petersham (15 et 16 février, 17 et 23 mars 1990) – 113’56
Album de deux disques NMC D095 (distribué par DistrArt)






Walter Goehr (1903-1960), élève de Schönberg, compositeur mais aussi chef d’orchestre – il fut le premier à enregistrer la Symphonie en ut de Bizet qui venait d’être redécouverte et dirigea la première britannique de la Turangalîla-Symphonie de Messiaen... et des Vêpres de la Vierge de Monteverdi – fut contraint de quitter dès 1933 l’Allemagne nazie pour l’Angleterre, alors que son fils Alexander (né en 1932) n’était âgé que de quelques mois. Celui-ci s’est fait connaître très jeune, après-guerre au Royaume-Uni, comme l’un des fondateurs du groupe «New Music Manchester», aux côtés de Harrison Birtwistle, Elgar Howarth, Peter Maxwell Davies et John Ogdon. Après un passage dans la classe de Messiaen et une participation aux concerts du Domaine musical, Alexander Goehr s’est efforcé de synthétiser ces influences si différentes, sinon opposées, tout en empruntant une voie moins radicalement avant-gardiste qu’à ses débuts. C’est ce que montre cette réédition chez NMC de deux disques enregistrés respectivement en 1981 et en 1990, précédemment parus chez Unicorn-Kanchana et comportant une intéressante notice de présentation (en anglais).


Malgré la modestie de son titre, la Romance (1968) pour violoncelle et orchestre, dédiée à Jacqueline du Pré qui en donna la première exécution avec Daniel Barenboim, dure près de 23 minutes et adopte un déroulement de nature rhapsodique, comprenant un scherzo et une cadence accompagnée. Le lyrisme intrinsèque à toute romance s’y exprime dès les premières mesures, dans la descendance de la seconde Ecole de Vienne, entre tonalité et atonalité, mais s’y mêlent des interjections et incantations orchestrales évoquant quelques Oiseaux exotiques et servies par une instrumentation originale (sans flûtes ni bassons, mais avec piccolo, flûte alto et contrebasson).


Ainsi que le laisse supposer la dualité de son titre, Métamorphoses/Danse (1974), créée sous la direction de Bernard Haitink, est un «ballet imaginaire» qui adopte la forme d’un thème et (sept) variations, évoluant progressivement d’un tempo rapide à un tempo lent, avec un épisode central ménageant des solos de flûte et de violoncelle, pour retrouver finalement un nouvel élan: 18 minutes combinant séduction orchestrale et pensée fermement conduite, où la balance penche cette fois-ci nettement plus du côté de Schönberg (Variations pour orchestre) que de Messiaen.


Grieg a publié plusieurs recueils de Pièces lyriques pour le piano, mais les pages écrites en 1974 par Alexander Goehr sous ce même titre pour le London Sinfonietta – qui les créa sous la direction de Gary Bertini et les interprète ici avec Oliver Knussen – n’ont évidemment rien en commun avec leur antécédent norvégien, sinon la brièveté de la forme. Ces six pièces, dont le compositeur admet lui-même que le titre est «légèrement ironique», parviennent à une synthèse inattendue entre Stravinski (le brio de son Octuor), Schönberg (la technique sérielle), Varèse (l’effectif instrumental d’Octandre) et Ligeti (la virtuosité instrumentale des Dix pièces pour quintette à vent).


Egalement créée par Daniel Barenboim, à l’occasion des trente ans de l’Orchestre de chambre anglais, la Sinfonia (1980) vient après une Little Symphony de 1963 et précède une Symphony with Chaconne de 1986. Avec un effectif limité à cinq bois (pas de basson), deux cors et cordes, les Symphonies de chambre de Schönberg ne sont pas loin, d’autant que les premier (Allegro ma non troppo) et cinquième («Variazioni») mouvements, soit les deux tiers de l’œuvre, frappent par leur caractère âprement contrapuntique et expressionniste. Mais, en même temps, dès l’introduction lente du premier mouvement, qui rappelle une fois de plus Messiaen, le propos s’éloigne résolument de l’exemple schönbergien, de même que la façon de suspendre le temps à la fin du «Præludium» et durant le «Centrum», paisible méditation de la flûte. Et les surprises que réserve cette forme atypique ne sont pas terminées, puisque les vents persiflent ensuite comme dans une Kammermusik de Hindemith et que la partition se conclut en fa majeur, après la citation d’un ancien hymne écossais.


Conçu au départ comme un «air de concert» pour soprano et treize instruments (dont vibraphone obligé), Contemple le soleil (1981), créé par Phyllis Bryn-Julson et le London Sinfonietta sous la direction d’Elgar Howarth, a été intégré, trois ans plus tard, à l’opéra en trois actes du même nom. Très tendue, sollicitant fortement le colorature, l’écriture vocale reflète ainsi les huit brefs couplets et le refrain de John McGrath (1935-2002), dans lequel un garçon halluciné décrit une vision du Jugement dernier que lui inspire la réverbération aveuglante du soleil sur une girouette.


C’est Oliver Knussen qui a dirigé la création d’...une offrande musicale (J.S.B. 1985)... (1985) pour quatorze instruments, commande du Festival d’Edimbourg pour le tricentenaire de la naissance de Bach. Evitant de citer le Cantor, auquel ils préfèrent un «Alléluia» entonné d’emblée par les cuivres, les trois mouvements enchaînés n’ont rien d’un hommage compassé. Les allusions sont certes nombreuses: fugue dès le «Prélude», «Anciens pas de danse» reprenant ceux des Suites de Bach (loure, gavotte, ...), «Ricercar» final sur les initiales de Bach. Mais les quatorze instruments répartis en quatre groupes spatialisés paraissent parfois bien irrévérencieux, comme en écho à La Création du monde de Milhaud. Autre forme d’irrévérence, comme un pied de nez aux oukases esthétiques, l’offrande se referme sur un calme mi majeur.


Simon Corley

 

 

 

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