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08/20/2009 Charles-Marie Widor : Suite Op. 21 – Sonate pour violoncelle et piano Op. 80
Louis Vierne : Sonate pour violoncelle et piano Op. 27
Peter Bruns (violoncelle), Annegret Kuttner (piano)
Enregistré à Berlin, Villa Siemens (juillet 2006) – 59’
Hänssler Classic 98.294 (distribué par Intégral)
Widor et Vierne : deux organistes français aux destins liés (le premier fut le professeur du second), compositeurs prolifiques qui n’ont pas écrit que pour la tribune et dont la production annexe, en particulier chambriste, est de premier rayon. Le problème est qu’en France personne ne s’en occupe vraiment, et qu’a fortiori au niveau international on pourra trouver une dizaine d’enregistrements des Sonates pour violoncelle de Saint-Saëns contre quasiment aucun de celles de Widor et Vierne. Une loi du silence courageusement transgressée en 1991 par l’éditeur luxembourgeois Timpani, dont l’enregistrement de la Sonate pour violoncelle et piano de Louis Vierne par Yvan Chiffoleau et Olivier Gardon est resté disponible sans discontinuité depuis lors, devenant même l’un des titres les plus vendus d’un catalogue particulièrement courageux.
Par rapport à cette version désormais ancienne de la Sonate de Vierne, cette nouvelle venue d’origine allemande s’affirme sans complexes comme une alternative possible, avec une sonorité de violoncelle moins généreuse mais une très belle précision de la part de Peter Bruns, en accord équilibré avec les traits de piano un peu moins présents mais joliment phrasés d’Annegret Kuttner. Une version plus sereine, un rien moins crispée, qui culmine sans surprise, comme celle de Chiffoleau et Gardon, dans la longue mélodie ininterrompue du Molto largamente median, intense moment de poésie musicale digne des plus belles inspirations de Fauré.
Successeur de Franck à la tête de la classe de composition du Conservatoire de Paris, Widor reste majoritairement représenté dans ce programme, avec son ample et rigoureuse Sonate pour violoncelle et piano, dont l’ambition de construction semble primer sur le charme mélodique (Widor, très méthodique et féru de principes, était semble-t-il d’un tempérament peu riant). L’influence évidente de Franck est tempérée ici par un sens des proportions presque néo-classique, sans toutefois la sécheresse que l’on reproche parfois à Saint-Saëns, bref une musique au carrefour de divers courants de la musique française, mais protégée de la banalité justement par ses angles pas forcément amènes et parfois de curieuses ruptures de ton. L’interprétation est là encore à la hauteur des enjeux, de même que dans la plus ludique Suite pour violoncelle et piano. Un CD utile.
Laurent Barthel
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