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08/12/2009 Chants et danses de la Renaissance espagnole
Camerata Iberia: Carlos Mena (contre-ténor), Juan Carlos de Mulder, Daniel Carranza (vihuelas), Ernesto Schmied (flûte à bec), Francisco Luengo (viole de gambe), Pedro Estevan (percussions)
Enregistrement en mai 1995 à la Collégiale de Zenarruza (Pays basque)
– 48’25
MA Recordings M035A (distribué par Intégral) – Notice en anglais
Il est heureux que des passionnés fassent revivre le patrimoine musical espagnol de la Renaissance, l’italien, l’anglais ou le français ayant fait l’objet d’attentions plus soutenues depuis longtemps. Les grands noms de Guerrero, Morales et surtout Victoria sont certes connus mais il n’est pas inintéressant de musarder parmi les chants et danses composés par leurs contemporains. Le latin laisse place à l’espagnol et l’austérité, parfois grandiose, aux inspirations simples et populaires. Des pages, signées ou non, ont été retrouvées dans des recueils à Uppsala, Leipzig ou Pérouse. On y trouve une instrumentation assez pauvre mais des rythmes presque jazzy (Juan del Encina, plage 3), orientaux (Anonyme, plage 6) ou simplement dansants ainsi que des thèmes proprement espagnols comme celui de la victoire sur les Maures (Juan del Encina, plage 10), objet de tant de sculptures proprement extravagantes aux seizième et dix-septième siècles (saint Jacques massacrant et piétinant allègrement avec son fier destrier d’affreux musulmans).
L’ensemble Camerata Iberia, créé en 1995, plus ou moins marqué par la figure tutélaire de Jordi Savall, interprète le tout sobrement dans ce disque qui n’est disponible en France que cette année, mais il est très difficile de déterminer la part des arrangements de Juan Carlos de Mulder, un des six membres de l’ensemble : ils sont annoncés discrètement sur la pochette du disque mais il n’est pas possible d’en savoir davantage à la lecture, pénible compte tenu de la police retenue, de la notice rédigée exclusivement en anglais. On se sent alors autorisé à émettre ainsi des doutes sur quelques solos de percussions qui paraissent bien peu idiomatiques. L’absence des textes des chansons est évidemment aussi regrettable, comme celle de simples explications sur la présence sur le disque d’une chanson de Hayne van Ghizeghem ... en français ou encore de minutages précis, plus utiles que l’indication de la marque des microphones retenus. Il reste que la voix du contre-ténor Carlos Mena ne démérite nullement et constitue une invitation à découvrir un patrimoine peu connu de ce côté-ci des Pyrénées, au travers notamment d’autres publications du même label dont on espère que les durées sont un peu plus dignes.
Stéphane Guy
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