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08/10/2009 Johann Sebastian Bach : Variations Goldberg, BWV 988
Kenneth Weiss (clavecin)
Enregistré en public au théâtre Saint Louis de Pau (12 octobre 2008) – 77’54
Satirino records SR 091 (distribué par Codaex) – Pas de notice de présentation
Au milieu de l’abondance des versions sur clavecin des Variations Goldberg (1740) de Bach, la nouvelle gravure de Kenneth Weiss – sauf erreur, la deuxième sur CD – constitue davantage un ornement agréable qu’un jalon essentiel de la discographie de l’œuvre. Les raisons pour lesquelles son enregistrement de studio reste préférable à celui publié aujourd’hui tiennent, pour une large part, à la nature même de cette exécution dans laquelle l’intelligence des idées est souvent étouffée par une prise de son oppressante, qui ne gomme ni les quelques toux du public, ni les envahissants bruits intérieurs de l’instrument. Le charme est, en effet, rompu par des micros bien indiscrets, qui ne dissimulent rien du mécanisme instrumental entre les variations. C’est d’autant plus regrettable que le son du clavecin est riche et généreux (copie d’un clavecin français anonyme de la fin du XVIIe siècle, fabriquée par Philippe Humeau en 1977 et ravalée en 2006).
Rien n’y fait : le montage pour le moins minimaliste cultive une impression d’artifice dans la succession des mouvements, qui brise le sentiment d’unité qu’une telle œuvre devrait encore plus aisément générer dans une interprétation de concert. De cette dernière, on perçoit moins les vertus d’immédiateté que les occasionnels défauts de concentration (prosaïsme des Variations 1, 6, 12, 15, précipitation dans la Variation 29) ou certains choix stylistiques contestables (ralentis pesants à la fin des nombreuses variations, gestion presque maniérée du tempo dans la Variation 9). On relève néanmoins des moments de grande concentration dans cette exécution qui semble s’améliorer au fil des variations et qui témoigne d’une franchise appréciable, marquée par le charme et l’élégance du jeu (Variations 5, 23, 28), l’esprit badin et la gaieté du ton (Variations 10, 14, 22), la simplicité pudique du message (Variations 13, 18, 25) ou encore le bel élan qui enchante les Variations 4, 8, 15, 16, 26.
Si Kenneth Weiss est un interprète de premier plan du répertoire baroque, cette version «brute de décoffrage» des Variations Goldberg, où les reprises tournent un peu à vide, tend malheureusement trop souvent vers le décoratif, ce qu’illustre avec éclat une pochette indigente, sans texte de présentation (sauf à le consulter sur le site Internet de l’éditeur), agrémentée d’une photographie du… funiculaire de Pau.
Gilles d’Heyres
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