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05/24/2009
Gérard Pesson : Rescousse (1) – Vexierbilder II (2) – Aggravations et final (3) – Cassation (4) – Wunderblock (5)

Roland Diry (clarinette), Jagdish Mistry (violon), Werner Nickel (alto), Eva Böcker (violoncelle) (4), Teodoro Anzelloti (accordéon) (5), Hermann Kretschmar (2), Jürgen Krusa (4) (piano), Ensemble Modern, Brad Lubman (direction) (1), WDR Sinfonieorchester Köln, Lucas Vis (3), Johannes Kalitzke (5) (direction)
Enregistré à Cologne (2-3 février [2, 4] et 30 septembre [1] 2006, 22 février [3] et 8 novembre [5] 2006) – 76’35
aeon AECD876 (distribué par Harmonia mundi) – Notice en français et anglais






La pochette du disque est peu ragoûtante: une cage d’escalier, bleu délavé, vue d’une fenêtre, jonchée de détritus et de jouets abandonnés (poupées, seaux d’enfants, cerceau). Le titre lui-même laisse prévoir une musique crépusculaire: Aggravations et final. A l’intérieur, la notice, signée en partie Gérard Pesson, éveille pourtant la curiosité et pousse à ne pas s’en tenir là. Intellectuelle sans doute mais surtout intelligente. L’esthétique du compositeur y est très finement présentée. On pourrait la résumer par un goût pour le singulier, le bruitisme, l’épure et la trace musicale, celle qu’ont laissée les compositeurs qui ont marqué la formation et l’imaginaire de Gérard Pesson. Il ne s’agit pas de collages brillants ou de reconstructions sophistiquées comme chez Luciano Berio mais bien de trace, de gommage, de mémoire et de murmure. Le silence a sa part mais la concentration du discours n’est pas vraiment webernienne. Au fond, si une comparaison était possible, ce serait plutôt avec la peinture de Juan Miró – de curieuses taches de couleurs flottant dans un univers onirique et lumineux – tantôt avec celle de Wassili Kandinsky, plus abstraite, plus dure ou celle des années 1910 qui conserve des traces aussi figuratives que fugitives.


Rescousse (2004-2005) est la première pièce de ce nouvel album portrait. C’est une page commandée par la WDR de Cologne qui accorde beaucoup d’importance au furtif, à la vitesse et au rythme. Là encore les références ne manquent pas: Ravel, Messiaen, Lachenmann notamment, mais est-ce si important ? On reconnaît ou pas. Si la pièce est sans doute ludique, le quizz est hors de propos. C’est pétillant et cela bondit.


Vexierbilder II (2004) pour piano seul fait suite à un premier cahier datant de 1991. Il prolonge donc comme dans d’autres pièces de Pesson des expériences déjà tentées. Ses trois parties, « Speech of clouds », rapide carillon, « Negation », volontairement simple, la comparaison avec l’Arte povera n’étant pas à son avantage, et « Rondo », jouant des contrastes au travers d’ostinati, sont inspirées de poèmes de Wallace Stevens (1879-1955).


Aggravations et final pour orchestre symphonique(2002) est dur, rythmé, violent, déchiré ; des machines absurdes comme dans la peinture de Ramon Alejandro s’entrechoquent dans un discours très travaillé, exigeant, mais d’une poésie particulièrement stimulante, Bruckner étant encore convoqué avant un final fouetté.


Dans Cassation (2003), pour trio à cordes, clarinette et piano, Bruckner est cassé, concassé, froissé, gommé, le piano quasiment inaudible et les cordes jouent à cache-cache dans des pizzicati haletants, quelques mesures offertes par Wagner à Cosima étant utilisées comme matériau final.


Wunderblock (Nebenstück II) (2005) est assurément la pièce la plus facilement accessible et peut-être la plus immédiatement séduisante. Alors que Nebenstück (1998) s’inspirait de la Ballade opus 10 n° 4 de Johannes Brahms, elle constitue un nouveau travail sur Bruckner, le Majestoso de sa Sixième symphonie étant cette fois-ci remémoré. L’instrumentation, pour accordéon (un brin ironique) et orchestre, est aussi originale que le propos. Passionnante de bout en bout, c’est surtout sa clarté exemplaire et l’extraordinaire variété de la palette de couleurs utilisée qui frappent.


Sur les interprètes, on se contentera d’observer, en dehors de leur probité parfaite, avec une certaine tristesse, qu’aucun n’est Français, le succès semblant mieux assuré Outre-Rhin, apparemment plus curieux.


Stéphane Guy

 

 

 

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