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04/01/2009 Gabriel Fauré : Ballade pour piano et orchestre, opus 19 – Berceuse pour violon et orchestre, opus 16 – Elégie pour violoncelle et orchestre, opus 24 – Concerto pour violon et orchestre, opus 14 – Romance pour violoncelle et orchestre, opus 69 – Fantaisie pour flûte et orchestre, opus 79 (orchestration Louis Aubert) – Fantaisie pour piano et orchestre, opus 111
Juliette Hurel (flûte), Jean-Marc Phillips-Varjabédian (violon), Henri Demarquette (violoncelle), Jérôme Ducros (piano), Orchestre de Bretagne, Moshe Atzmon (direction)
Date et lieu d’enregistrement non précisés – 63’58
Timpani 1C1172 (distribué par Abeille musique)
Maître de la voix et de la musique instrumentale, Fauré ne s’illustra en revanche guère dans le domaine symphonique: son œuvre orchestrale la plus jouée (Pelléas et Mélisande) a d’ailleurs été instrumentée par Koechlin, il désavoua lui-même sa Symphonie en ré mineur et il n’a pas non plus affiché un goût prononcé pour le genre concertant. Dès lors, ses sept œuvres susceptibles d’entrer dans cette catégorie dépassent à peine l’heure, mais il semble que Timpani soit le premier éditeur à avoir songé à les regrouper sur un même disque. Et pourtant, l’éditeur a adopté une définition large: une seule de ces pièces porte le titre de «concerto» – et encore ne comporte-t-elle qu’un unique mouvement d’un quart d’heure, ce qui l’apparente aux deux pièces pour piano, Ballade et Fantaisie, la plus ancienne et la plus tardive de ce programme présenté dans l’ordre chronologique.
Nullement rétif aux formes traditionnelles dans sa musique de chambre, le compositeur a donc visiblement du mal à se plier aux conventions concertantes: inachevé, le Concerto pour violon (1879), que peu de musiciens jouent au disque comme au concert, témoigne de ces difficultés, malgré toute la passion qu’y insuffle Jean-Marc Phillips-Varjabédian, le violoniste des Wanderer. La comparaison avec les deux pendants pianistiques est édifiante: écrivant pour son instrument et optant pour des cadres à la fois moins connotés et contraignants (quoique parfaitement construits), Fauré s’épanouit tant dans la Ballade (1879) de jeunesse, dont la version originale est destinée au piano seul, que dans la Fantaisie (1919) des dernières années. Préférant un classicisme tout beethovénien aux vaporeuses aquarelles auxquelles on a parfois tendance à réduire cette musique, Jérôme Ducros défend énergiquement ces pages jumelles qui ont hélas quasiment disparu de l’affiche.
Beaucoup plus brefs, les quatre autres morceaux consistent pour trois d’entre eux en l’orchestration de duos avec piano, parmi lesquels la Berceuse (1879) pour violon et l’Elégie (1880) pour violoncelle, toujours chers au cœur des interprètes. Si la Romance (1894) pour violoncelle, jouée avec tout autant de fougue par Henri Demarquette, n’est pas loin de prétendre à ce statut de «tube», la Fantaisie (1898) pour flûte, orchestrée en 1957 par Louis Aubert, est quant à elle autrement plus rare, mais l’esprit qu’y met Juliette Hurel en justifie pleinement la découverte.
Simon Corley
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