About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

03/16/2009
Anton Bruckner : Symphonie n° 4 en mi bémol majeur « Romantique »

Orchester der KlangVerwaltung, Enoch zu Guttenberg (direction)
Enregistré en public au Musikverein de Vienne (25 et 26 avril 2007) – 70’18
Farao Classics S 108051 (distribué par Intégral) – Notice bilingue (allemande et anglais)






Force est de constater que les interprètes de ce disque ne figurent pas parmi les plus médiatiques qui soient… Et pourtant, Enoch zu Guttenberg, influencé tant par Bernhard Paumgartner que par Antal Doráti, est un chef d’orchestre expérimenté. Fondateur du chœur de la communauté de Neubeuen en 1967, il dirige depuis avec une grande fidélité plusieurs orchestres à la notoriété plus ou moins affirmée (Orchestre symphonique de la Radio de Hambourg, Orchestre philharmonique de Stuttgart, Sinfonia Varsovia, Orchestre de la radio bavaroise…). En 1997, il crée l’Orchestre de la KlangVerwaltung. Ayant son port d’attache à Munich, cette formation rassemble des musiciens venus de divers ensembles symphoniques (Philharmonique de Berlin, Radio de Cologne, Opéra de Stuttgart) et de musique de chambre qui ne sont unis que pour jouer avec leur chef et mentor, un peu à l’image de ce que Claudio Abbado a réalisé avec l’Orchestre du Festival de Lucerne.


Ayant essentiellement réalisé des disques de musique religieuse (au nombre desquels le Requiem allemand de Brahms, la Passion selon saint Matthieu et la Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach, le Requiem de Mozart), voici Enoch zu Guttenberg dans Bruckner. Comme à son habitude, Anton Bruckner (1824-1896) eut du mal à composer cette symphonie puisqu’elle connut une première version en 1874, une deuxième en 1878 (époque à laquelle le scherzo fut remplacé par le célèbre troisième mouvement que l’on connaît aujourd’hui) et une dernière en 1880, qui donna lieu à une totale refonte du finale. Œuvre la plus populaire de Bruckner avec sa Septième symphonie, la symphonie dite Romantique ne laisse pas de séduire et d’étonner : les images de nature et de chevalerie suscitées par la partition se doublent d’une surprenante maîtrise face à un tissu musical ô combien foisonnant dans lequel il est facile de se perdre.


En l’espèce, reflet de concerts donnés dans la grande salle du Musikverein à Vienne, ce disque, loin d’être une nouvelle gravure évidemment éclipsée par un disque depuis longtemps réputé, est absolument admirable. Dès le premier mouvement Bewegt, nicht zu schnell, les fondamentaux sont là : tapis de cordes soyeux, cor solo d’un aplomb et d’une noblesse incroyables, crescendo initial magnifiquement conduit… Le discours n’est jamais figé comme on peut le déplorer dans certaines versions : au contraire, on ne peut qu’admirer la progression inexorable des phrases, tendues sans jamais prendre le risque de rompre soudainement, servi par un orchestre au mieux de sa forme, dont certaines tonalités renvoient inévitablement à Wagner (à 10’50’’, on croirait soudainement être plongé dans le prélude de Parsifal ou de Lohengrin !). Quant à la fin du mouvement, noble sans être massive, elle glace le sang par la fureur qu’elle suscite, emportant l’auditeur dans un univers sonore absolument fantastique.


Le contraste avec le calme dégagé par le second mouvement, Andante, quasi Allegretto, s’avère d’autant plus réussi. La finesse et la cohésion des cordes (notamment les violoncelles), parfois troublées par quelque sonnerie de cor ou de trompette, emplissent immédiatement l’espace dans une atmosphère toute de nostalgie, parfois grinçante à l’image de ce que pourra faire plus tard, mais certes à un autre degré, Gustav Mahler. Pause nécessaire, ce mouvement précède le célèbre Scherzo, bewegt qui se veut une peinture de scènes de chasse, illustrées par une série d’appels de cors à laquelle répondent de joyeuses trompettes. Là encore, Enoch zu Guttenberg fait montre d’une très impressionnante maîtrise, bridant l’orchestre quand cela s’avère nécessaire avant de lui rendre toute sa liberté pour les éclats conclusifs.


Le Finale, Bewegt, doch nicht zu schnell donne la pleine mesure du génie de Bruckner où la clarté des lignes se double d’une masse orchestrale qui renvoie inévitablement aux flèches des plus hautes cathédrales. Le chef et l’orchestre abordent la fin de ce mouvement avec une évidente humilité, à l’instar de ce que l’on retrouvera à la fin de l’immense Huitième symphonie, où silences et respiration comptent autant que les longues sonneries qui, d’un coup, font passer l’auditeur d’un climat majestueux et retenu à une harmonie de couleurs lumineuses où, finalement, triomphe une certaine forme d’optimisme.


Certes, le discophile dispose de versions signées par certains monstres sacrés de la direction d’orchestre : Karajan, Jochum, Böhm ou Wand pour n’en citer que quelques-uns… mais il est évident que l’on tient là une superbe version qui rejoint sans peine ces sommets. Aussi, à l’instar des manifestations du public à la fin du disque, on n’hésite pas et on applaudit !


Le site de l’Orchestre de la KlangVerwaltung
Le site d’Enoch zu Guttenberg


Sébastien Gauthier

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com