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03/11/2009
Wolfgang Rihm : Quatuors N° 1 à 4
Minguet Quartett
Enregistré en 2002 – 63’
Col legno 20211 (distribué par Intégral)





Même le quatuor à cordes n’échappe pas à la prolixité coutumière de Wolfgang Rihm, qui compte déjà dans ce domaine près d’une douzaine de partitions à son actif. Des oeuvres de dimensions et d’aspects divers, le quatuor étant du propre aveu du compositeur allemand non un genre ou une forme précis mais simplement un instrument particulier à utiliser, un générateur de sonorités au même titre que l’orchestre ou le piano. Et la production de Rihm destinée à l’instrument à 16 cordes n’est guère segmentée de façon précise, puisque le dernier mouvement d’un quatuor pourrait tout aussi bien constituer le premier mouvement du quatuor suivant. Une écriture fleuve, qu’il faut bien individualiser en pages successives, mais davantage pour des nécessités de tenue d’un catalogue que pour des raisons musicales. Rihm entretient ainsi l’illusion d’une œuvre réalimentée en permanence par une source créatrice intarissable : une pose que l’on veut bien accepter, mais qui sous-entend aussi le maintien constant d’une qualité compositionnelle acceptable, ce qui à ce degré de production de musique au mètre peut sembler difficile.


Des quatre premiers quatuors enregistrés sur ce CD, ce sont les deux premiers, remontant tous deux à l’année 1970, qui semblent les plus riches : relativement courts mais denses (à chaque fois un seul mouvement de 8 minutes environ), faisant se succéder les larges gestes impliquant les quatre instrumentistes en accords souples qui balayent toute l’échelle sonore. Le premier élément de ce diptyque paraît plus sombre, de tessiture centrale, le second relativement accidenté, avec davantage d’échappées vers l’aigu. Ce sont dans les deux cas de belles pages, dont la concision n’est pas la moindre des qualités.


Le 3e Quatuor, beaucoup plus étendu, avoisine la demi-heure, dispersé sur sept mouvements. L’écriture de Rihm s’y fait plus hétérogène et séquentielle, les ambiances variées s’y succédant sans que l’on perçoive toujours pourquoi un système s’arrête tout à coup pour céder la place au suivant. Les passages les plus abrupts gardent une relative beauté sonore, quand aux moments d’effusion, ils sont parfois d’un lyrisme proche du système tonal (mais sans ancrage clairement identifiable, on dérive toujours peu ou prou d’une écriture post-Alban Berg). Une sorte de jeu d’esquive qui tente de désorienter et y parvient souvent, avec ses contrastes parfois violents (tel le dernier mouvement, dont l’épanchement lyrique central sirupeux se résout sur une série de grincements conclusifs très «xenakiens»). Quant au titre, «Im Innersten», il s’avère difficile à traduire (« Au plus intérieur ? »), pour une musique qui, hormis son effectif chambriste, ne paraît en réalité pas intériorisée du tout.


Progressions plus régulière avec les figures rythmiques et mélodiques bavardes du Quatuor N° 4, œuvre sociable qui plaide pour une musique contemporaine que l’on peut écouter sans souffrir, ni finalement en retirer grand chose de marquant hors la qualité du matériau sonore offert. Opulence et grain de cordes agréable semblent heureusement le point fort de l’excellent Quatuor Minguet, formation allemande qui a pris le nom d’un philosophe et graphiste du XVIIIe siècle espagnol. La comparaison avec les quatuors chevronnés qui ont adopté certaines œuvres de Rihm, comme les Alban Berg ou les Arditti, jouerait plutôt en faveur des nouveaux venus, au moins sur le plan du confort sonore, ce qui est plutôt prometteur pour la suite de cette édition intégrale.


En l’état ce premier CD, attirant et agaçant à la fois, comme Wolfgang Rihm s’ingénie souvent à le paraître, ne laisse pas indifférent.


Laurent Barthel

 

 

 

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