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02/11/2009
Toshio Hosokawa : Voyages II, concerto pour basson et ensemble
Luciano Berio : Sequenza XII pour basson seul
Philippe Schoeller : Isis, cantate pour basson et chœur mixte

Pascal Gallois (basson), Chœur de chambre Mikrokosmos, Loïc Pierre (direction), Orchestre philharmonique de Radio France, Daniel Kawka (direction)
Enregistré à Radio France, Paris (2001), en l’église Saint-Eustache, Paris (2005) et l’église Saint-Nicolas de Blois (2003) – 52’10
Stradivarius STR 33736 (distribué par DistrArt) – Notice de présentation en français, italien et anglais






«Fare fagotto», vieille expression italienne qui signifie «partir en voyage», a permis à Pascal Gallois de relier dans un plaisant jeu de mots son instrument, ici un fagott et non un basson français, à Voyage II pour basson et ensemble de Toshio Hosokawa, et d’ouvrir encore les horizons du musicien voyageur vers l’Italie en interprétant la Sequenza XII de Luciano Berio, et vers la France grâce à la cantate Isis de Philippe Schoeller, le chœur de chambre Mikrokosmos, le chef d’orchestre Daniel Kawka et l’Orchestre philharmonique de Radio France.


Pascal Gallois a souvent travaillé en étroite collaboration avec les compositeurs, élaborant les possibilités techniques et timbrales du basson et s’adaptant aux différents styles souvent innovateurs. Ce fut le cas pour les trois œuvres de la sélection. Par ordre chronologique, c’est d’abord avec Luciano Berio qu’il travailla pour mener à bien le moindre détail technique de l’étonnante Sequenza XII, à la fois expérimentale et sensible, qui s’ouvre sur un long glissando en respiration circulaire, annonce immédiate du caractère virtuose de l’œuvre et des vives colorations encore alors inouïes de la voix du basson. La composition dans sa version définitive est le résultat des fréquents échanges fructueux entre le compositeur et son bassoniste dédicataire, cela sur quelques années et jusqu’à la création en 1995. Gallois l’a enregistré une première fois en 1997 mais ce deuxième enregistrement s’imposait d’abord parce que Berio n’a voulu préparer l’œuvre à l’édition qu’après trois ans environ d’interprétations en public et ensuite parce qu’à l’instar de Kodály, son Opus 8 et János Starker, Berio a continué à prodiguer ses conseils d’interprétation à la suite de chaque concert de Gallois et cela jusqu’en 2003. Pascal Gallois se surpasse sans doute lors de l’interprétation de cette œuvre techniquement ouverte et imaginative qui amène l’exécutant, selon ses propres termes, à «revenir sur les principes fondamentaux de l’instrument» et à travailler presqu’en priorité la «chaleur du son».


En 1995 également, Toshio Hosokawa avait écrit une œuvre pour basson seul, Sen VII, créée par Pascal Gallois. Grâce à son excellente interprétation, Hosokawa avait alors annoncé son intention d’écrire pour lui un concerto pour basson et ensemble, et, dès 1997, il assurait la création de Voyage II pour cette formation. Composée à la suite de Voyage I pour violon et ensemble, il s’agit de la deuxième œuvre d’une série pour instruments solistes et ensemble qui en comporte actuellement neuf. La partition, centrée sur le soliste, est en un seul mouvement mais deux brefs soupirs en délimitent trois segments aussitôt enchaînés. La partie orchestrale est une suite de longs épanouissements à la tension permanente qui naissent et qui se fanent, créant autour des chants, cris et grondements d’un basson souple et virtuose un environnement instable, scintillant et nacré, d’où fuse une force musicale et spirituelle qui embrase les résonances poétiques de cette composition saisissante. La captation en direct lors d’un concert du Festival Présences de 2001 révèle des interprètes en phase avec l’esprit de l’œuvre sous la direction engagée de Daniel Kawka. Pascal Gallois, s’adaptant à ce style radicalement différent, y est tout à fait convaincant.


Philippe Schoeller, reconnaissant les qualités proprement vocales du basson, en fait un membre d’un chœur mixte a cappella pour mettre en mouvement le flux sur reflux incantatoire de la troublante et lumineuse cantate Isis de 2003, composée sur un poème avec vocalises de son invention. Le chant ou le souffle du basson se fait voix, se fondant ou s’élevant en contraste à la transparence des longs sons, tremblants et décalés, qui se démultiplient sans cesse, graves et aigus. Comme pour la pièce d’Hosokawa, l’effet peut sembler statique mais encore une fois le dynamisme est dans la complexité d’un temps circulaire où la division des pupitres crée des mouvements contrariés qui ajoutent à l’intrication subtile du tissu polyphonique. C’est une superposition perpétuelle de déferlements sonores tels ceux des vagues d’une mer puissante et calme, toutes de nature différentes et d’ampleur variable. La tessiture du basson couvre l’ensemble de celles du chœur et Pascal Gallois sait se fondre à la masse chorale tout comme il sait s’imposer de manière émouvante le moment venu. La pureté et la beauté des voix du chœur de chambre Mikrokosmos conviennent tout particulièrement à cette œuvre mobile et diaphane dont les choristes assurent merveilleusement ici la création sous la direction de Loïc Pierre, chef de chœur et fondateur.


Enregistrées à trois occasions différentes, les prestations de Pascal Gallois groupées ici portent ensemble le titre «Voyages» ce qui correspond tout à fait au dépaysement musical bienvenu qu’il offre tout aussi bien au spécialiste qu’au mélomane ou à l’auditeur sagement aventureux.


Le site de Pascal Gallois
Le site du chœur de chambre Mikrokosmos


Christine Labroche

 

 

 

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