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01/27/2009
Ernest Bloch : Concerto symphonique – Premier Concerto grosso – Scherzo fantasque
Jenny Lin (piano), Orchestre du SWR de Kaiserslautern, Jiri Starek (direction)
Enregistré en 2006 – 77’
Hänssler Classic 93.192 (distribué par Intégral)






Notre connaissance de l’œuvre du compositeur suisse et américain Ernest Bloch s’étend rarement au delà de la Rapsodie hébraïque Schelomo. Il faudrait pourtant trouver une place pour davantage d’œuvres symphoniques et concertantes de ce musicien au style bien caractérisé, qui a conservé ses convictions traditionnelles tonales en dépit des turbulences esthétiques qui ont agité la musique savante de la seconde moitié du siècle dernier.


Le Concerto symphonique pour piano, créé en 1949, accuse ainsi un poids d’anachronisme important, mais peut-être moins rédhibitoire aujourd’hui. On peut certes sourire d’une écriture thématique et d’un maniement du grand orchestre symphonique à la truelle, qui rappellent le style des musiciens de film d’Hollywood. Impossible de ne pas voir surgir ici ou là, entre deux déluges d’accords d’une partie pianistique lourde, une procession d’esclaves attelée à la mobilisation d’un colosse égyptien, ou le défilé des candidats à la course de chars de Ben Hur. La parenté de style entre l’orientalisme à connotation hébraïque de Bloch et la grande manière des musiciens de film européens émigrés aux Etats-Unis, de Miklos Roza à Franz Waxman et Dimitri Tiomkin, est parfois flagrante. Cela, ce n’est évidemment pas la faute de Bloch, mais plutôt d’un certain nombre de réflexes audio-visuels induits par notre patrimoine cinématographique. Mieux vaut s’en amuser, car finalement ce concerto très construit et ambitieux, avec sa partie pianistique surchargée d’accords et son empâtement mélodique généreux, s’écoute et se réécoute avec plaisir.


Cela dit, le chef d’œuvre à dénicher sur ce disque est plutôt le Concerto grosso, antérieur et mieux calé dans son époque, d’un néoclassicisme sûr et de bon goût. Beaucoup d’aisance mélodique, un remarquable sens de la construction, y compris dans une fugue finale qui ne paraît touffue que de prime abord seulement : certainement un ouvrage majeur.


Finalement, beaucoup plus qu’un simple disque de musique secondaire à découvrir : un CD qui peut consolider une discothèque de musiques du XXe siècle sans déparer, d’autant plus que l’interprétation de Jenny Lin et de Jiri Starek est la plus convaincante de toutes les versions du Concerto pour piano d’Ernest Bloch enregistrées jusqu’ici (il y en a déjà eu plusieurs). Alors, pour sortir des éternels (et précieux) Schelomo et Kol Nidrei : oui, sans hésiter.


Laurent Barthel

 

 

 

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