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01/14/2009
Heinrich Ignaz Franz Biber : Missa Salisburgensis

Chœur Tibicines, Igino Conforzi (chef de chœur), La Stagione Armonica, Sergio Balestracci (direction)
Enregistré à l’église de Santa Maria Assunta, Villa Lagarina (15 décembre 2003) – 52’28
SACD NCA 60192 (distribué par Intégral) – Notice trilingue très soignée






Quelle cérémonie ce devait être ! En effet, une gravure existe, nous montrant l’exécution, dans la cathédrale de Salzbourg, de la Missa Salisburgensis à 53 voix, le 18 octobre 1682, pour fêter les 1 100 ans de la fondation de la ville. Deux chaires servant de promontoires à des musiciens (trompettes et timbales) dont les sons éclatants devaient répondre aux trois autres ensembles orchestraux (deux composés d’instruments à cordes, un troisième là encore dédié aux cuivres) et à deux ensembles choraux… le tout au milieu des costumes chamarrés des dignitaires de l’Eglise et de la noblesse (le dessin nous montre d’ailleurs ces détails avec force perruques et chapeaux ornés de plumes). La gravure, pas plus que l’Histoire d’ailleurs, ne nous dit si Heinrich Ignaz Franz Biber (1644-1704) en assurait lui-même la direction. Il faut dire que, même si les musicologues s’accordent aujourd’hui à lui attribuer la paternité de cette messe de circonstance, des doutes ont pu exister à ce sujet, l’œuvre ayant parfois été considérée comme composée par Andreas Hofer (1629-1684), prédécesseur de Biber dans la charge de maître de chapelle de la Cour, Oracio Benevoli (1605-1672), qui fut notamment chef des chœurs du Vatican en 1646, voire Georg Muffat (1653-1704) qui servit également le prince-archevêque de Salzbourg pendant une dizaine d’années.


Heinrich Biber n’est certes pas connu en premier lieu pour ses compositions religieuses. Violoniste virtuose, élève de Schmelzer, vice-maître de chapelle à la Cour de Salzbourg en 1679 (il ne devient titulaire de la charge de maître de chapelle qu’en 1684, à la mort de Hofer), il fut anobli par l’empereur Leopold Ier en 1690, ce qui lui permit d’accéder à une position sociale très enviable pour un musicien et, accessoirement, de se faire alors appeler « Biber von Bibern »... Mort en 1704, il laisse derrière lui de nombreuses compositions dont les plus célèbres sont destinées au violon, notamment les Sonates du Rosaire. Parmi ses œuvres religieuses, figurent en bonne place un Requiem (datant de 1690) et cette Missa Salisburgensis qui marque l’apothéose du baroque médian comme on a pris l’habitude de qualifier la période musicale s’étendant de 1650 à 1700.


La présente version ne connaissait qu’une rivale au disque, dirigée par Paul McCreesh avec le concours de Reinhard Goebel (chez Archiv Produktion) ; en dépit de l’excellence de la précédente, cette nouvelle gravure s’avère supérieure. Sans que cela nuise d’une quelconque manière à la solennité de l’œuvre, les tempi choisis par Sergio Balestracci sont généralement plus rapides que chez sa concurrente. Ainsi, le Sanctus – Benedictus fait-il près d’une minute de moins, de même que l’Agnus Dei (en revanche, le Credo est certes plus lent d’une minute…). La séduction vient avant tout des timbres remarquables, qu’il s’agisse des chœurs ou des instrumentistes, qui ne revêtent pas l’aspect lointain que l’on pouvait parfois regretter chez McCreesh. Les ensembles orchestraux sont ici clairement différenciés : si le son des cuivres domine la partition dans son entier (avec force trompettes, trombones et clarinos, trompettes piccolo de l’époque baroque), on entend également de très délicates interventions des hautbois, flûtes et bassons (notamment dans le beau passage « Gratias agimus tibi propter… » au sein du Gloria). Il convient, enfin, de signaler l’importance de la basse continue, ici assurée par l’orgue de Vittorio Zanon, partenaire de premier ordre tant des musiciens que des chanteurs. Au-delà de cet accompagnement, ce sont surtout les chœurs qui méritent les plus vifs éloges : qu’on écoute ses élans (le « Et resurrexit tertia die » dans le Credo) ou la première partie du Plaudite tympana (qui adopte un rythme quelque peu syncopé que l’on retrouvera par exemple dans le Dettingen Te Deum de Haendel) ! Les solistes vocaux, trop nombreux pour que leurs noms puissent être cités ici, ont des qualités qui s’avèrent peut-être un peu inférieures à celles de leurs confrères dans la version McCreesh mais ils se fondent beaucoup mieux dans l’ensemble ainsi constitué. Le début du Sanctus – Benedictus est, à cet égard, un véritable morceau de référence : les solistes se succèdent en écho, avec une douceur qui peut étonner au premier abord, alternant avec de brèves sonneries de trompettes, avant que chœurs et orchestre ne louent ensemble le Seigneur et son omnipotence.


Bénéficiant d’une interprétation aussi luxuriante que le requièrent l’orchestration et l’occasion pour laquelle elle fut composée, la Missa Salisburgensis trouve ici, sans aucun doute, sa version de référence : aucune hésitation à avoir quant à l’achat de ce disque !


Sébastien Gauthier

 

 

 

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