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01/13/2009 Johann Sebastian Bach : Suite française n° 5, BWV 816 – Variation XIII, extraite des «Variations Goldberg», BWV 988
Philip Lasser : Douze variations sur un choral de J.-S. Bach
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 32, opus 111
Simone Dinnerstein (piano)
Enregistré à la Philharmonie de Berlin (22 novembre 2007) – 74’37
Telarc CD-80715 (distribué par Socadic) – Notice de présentation en français, anglais et allemand
Simone Dinnerstein est une pianiste américaine révélée par un enregistrement des Variations Goldberg publié par le même éditeur. Bénéficier non seulement des honneurs d’un récital soliste dans la salle prestigieuse de la Philharmonie de Berlin, mais encore de son report sur CD est à coup sûr un privilège qui ne manque pas de susciter certaines attentes. La carrière de Simone Dinnerstein ayant été mise sur les rails de Johann Sebastian Bach, le disque s’ouvre et se conclut par lui. Si la treizième des Variations Goldberg (1740), sortie de son contexte et donnée en bis, revêt un charme un peu précieux, la Suite française en sol majeur (1722) est élégante et raffinée, la «Courante» brillant notamment par sa légèreté et sa mobilité. Elle peine néanmoins à marquer, la «Sarabande» manquant de profondeur, la «Gavotte» de folie, la «Loure» d’inventivité…
Les Douze variations (2001) de Philip Lasser (né en 1963) sont développées à partir du choral Nimm von uns, Herr, du treuer Gott. Est-ce parce que le disque est intitulé «The Berlin concert» que ces variations évoquent la manière d’un Keith Jarrett et ressemblent davantage à des improvisations qu’à une architecture raisonnée ? La diversité de styles les rend parfois plus décoratives que profondes, mais elles sont indéniablement portées avec ferveur par Simone Dinnerstein, qui en exalte le caractère tantôt badin (troisième variation) tantôt méditatif (Largo de la neuvième variation, Andante conclusif).
Quant à la dernière Sonate pour piano (1822) de Beethoven, elle est certes exécutée avec des moyens techniques appropriés, mais interprétée sans réelle grandeur. La pianiste entendait décrire elle-même, dans la notice, la nature de son approche: «le premier mouvement anticipe Liszt et le second (…) évoque Bach et anticipe le jazz». La réalisation ennuie davantage qu’elle ne met en lumière de telles filiations ou anticipations. S’autorisant certaines libertés avec la valeur des notes, l’artiste américaine gomme les aspérités et les fulgurances du premier mouvement, lesquelles s’effacent au milieu d’une lecture parfois coquette et souvent trop lisse. Le début de l’Arietta s’éternise sans que la lenteur du tempo ne soit chargée d’une émotion particulière, ni que le contraste avec les développements ultérieurs ne s’éclaire d’une signification particulière. Dans la notice, Simone Dinnerstein est photographiée le visage contre une fenêtre donnant sur une ville grise noyée dans la pluie : c’est – malheureusement – l’impression que procure ce disque.
Le site de Simone Dinnerstein
Gilles d’Heyres
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